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D'abord, Milan A.C., le club de Gianni Rivera, qui remporta enfin son dixième titre l'an dernier, grâce à la présence, sur le terrain, de son glorieux avant-centre. Mais, à trente-cinq ans, on passe la main et cette année, le club rouge et noir se contente d'une seconde place : Gianni Rivera observe cette régression depuis son fauteuil directorial et ne reviendra pas sur sa décision de ne plus porter le maillot qui le rendit célèbre. Place aux jeunes en quelque sorte. C'est ce que fit, à deux pas, son voisin et ami Sandro Mazzola, il y a deux ans. Et depuis, l'inter a pris peu à peu de l'assurance jusqu'à prendre aujourd'hui les commandes du championnat italien : à la vingt-troisième journée, soit donc à sept longueurs de la ligne d'arrivée, les porteurs du maillot bleu et noir (sémillante tenue !) ont huit points d'avance. Et l'on voit mal qui, derrière, serait capable de les rattraper : Milan A.C.? Juventus? Ascoli? Rome? L'inattendue Avellino? Le Pérouse de Paolo Rossi ?
Chacune de ces équipes connaît régulièrement des difficultés, essuie des revers inattendus, lève le pied au moment où il s'agit d'appuyer sur l'accélérateur. L'indécision a pesé longtemps, cependant, entre l'inter et son frère ennemi, Milan A.C. Jusqu'au dimanche 2 mars, pour tout dire, jusqu'à ce que les deux rivaux se rencontre pour un match « à quatre points » : celui qui gagne prend deux points et empêche son suivant immédiat d'en prendre deux. Deux et deux, quatre. L'Inter a 31 points, Milan A.C. 25. Si l'Inter gagne, l'avance est portée à huit points. Mais si c'est Milan qui est vainqueur, elle est réduite à quatre points. Huit moins quatre, quatre. Vous imaginez le jour du derby..... Une brume légère enveloppe Milan. Comme souvent. Comme toujours. Un mélange de brume et de fumée. Notre avion est contraint au surplace et ne peut se poser. Une demi-heure pour rien, au-dessus des nues qui finissent pourtant par se dissiper, céder le passage. Travaux dans l'aéroport, l'agence de location de voiture en grève, une agitation frénétique indescriptible et pleine de charme. Qu'est-ce que ce sera au stade ! Il est midi, les rues de Milan sont quasi désertes. Seuls, quelques étrangers, caméra vissée sur un œil obstinément touristique, errent sur la place Duomo à l'affût du cliché imprenable. Des milliers de pigeons en pagaille s'affairent autour du pain qu'on leurémiette. Pas le moindre signe du derby. Eh si, de jeunes vendeurs se promènent avec desfanions et des drapeaux aux couleurs des deux clubs. Sur cette place, à l'antique, ils ont l'air d'annoncer la survivance d'un tournoi médiéval. Mais personne n'achète les rubans bleus et noirs ou rougeset noirs. Tous des étrangers, vous disais-je. Il est midi, et les Milanais sont déjà au stade ; le match ayant lieu à trois heures très précisément. un quotidien qui donne l'inter favori. Les abords du stade. Une procession gaie vers le temple. On retrouve des amis dans la foule — Corne vai? — Molto bene, Inter sarâ campione ! — Ma no !
Une foule qui s'agite lentement sous le regard débonnaire mais vigilant de soldats en arme et de policiers accompagnes de chiens. La politique fait rêve à l'heure du Calcio, mais on ne sait jamais. Les grilles du stade elles mêmes sont protégées, pour éviter le marché noir. Mais le marché noir triomphe et pour suivre ce 185e derby, les derniers arrivants laisseront aux revendeurs le triple de la somme normale. Les populaires coûtent 5 000 lires (25 F environ), mais valent 5 000 lires quelques minutes avant le coup d'envoi. Les places moyennes, 10000 lires au tarif normal, quintuplent leur valeur alors que les très bonnes places, qui coûtaient 34 000 lires à l'achat, plafonnent à 100 000 lires sous les gabardines. Néanmoins, les quelque 76 000 Spectateurs abandonneront au Milan A.C., qui « reçoit », la somme rondelette de plus de 623 millions de lires. Le record, établi à 690 millions, lors de la venue de Mœnchengladbach en coupe U.E.F.A., ne sera pas battu. Ni même les 636 385 000 lires abandonnées par les 79 302 spectateurs du match aller, remporté 2-0 par l'inter. Deux buts d'Evaristo Beccalossi. Mais nous n'en sommes pas là. Le temps de découvrir, sous un voile, une plaque qui inaugurera la nouvelle ap-pelation du vieux stade milanais, et c'est un pan de souvenir qui s'en va : on ne parlera plus désormais de San Siro, mais du stade Guiseppe Meazza, joueur glorieux des années 30, mort l'an dernier. Un escalier vieillot, un couloir, on pourrait se croire dans un vieux collège et soudain c'est la découverte de l'arène formidable, du rectangle magique, un terrain où vingt-deux gamins, tous plus doués les uns que les autres, font patienter 76 000 poitrines. Des gamins qui deviendront grands, célèbres, peut-être, mais qui, quel que sojt leur destin, se souviendront toute leur vie de ce lever de rideau pour eux exceptionnel. Il est deux heures, tout le monde est là, on a une pensée émue pour les mains qu'on imagine tendues à travers les grilles, en quête d'un impossible billet.
Les équipes ont choisi leur camp, il est quinze heures, le match va pouvoir commencer. Pas encore, cependant, car les joueurs de Tinter se trouvent du côté des supporters de Milan A.C. et il faut calmer la frénésie de ces admirateurs. Une pichenette de Nbvel-lino à Capello, le match a commencé. Une balle en retrait, en retrait et en retrait jusque dans les bras de Riga-monti, le successeur d'Albertosi. La foule siffle, elle est favorable à l'inter dans sa grande majorité. Dans tous les pays du monde, les foules préfèrent ceux qui gagnent. Le football-spectacle n'élira jamais domicile en Italie. L'Italien est trop calculateur, intéressé, il s'investit terriblement dans l'équipe sensée le représenter. La victoire est primordiale et, en ce dimanche, le résultat sera décisif. Un match nul, on le sent, ferait bien des heureux : parmi les joueurs, parmi les dirigeants, parmi les spectateurs. Ne pas perdre. Ne pas avoir honte. Pouvoir rentrer chez soi le visage serein. Ne pas commencer la semaine dans l'accablement. Les coups tombent. Les joueurs aussi. A Milan, ils sont tous derrière. A l'inter, on ne laisse personne devant. Dès que le ballon est perdu, on se replie. Comme au handball. Pas de pressing dans le camp adverse, on risquerait de se découvrir. Pas de jeu sur les ailes, et donc pas de débordement. Pourtant, la pelouse de San Siro est foulée par de jolies paires de jambes. Celles de Maldera, de Francesco Baresi, de Novellino, de Buriani, de Capello pour Milan A.C., celles de Bordon, du grand Bini, de l'international Oriali, de Caso pour l'inter qui présente en outre une ligne d'attaque (si Ton peut dire) pleine de fougue et de jeunesse. Deux frisés : Altobelli (meilleur buteur de l'équipe avec douze buts) et Beccalossi, grâce auquel Sandro Mazzola prétend pouvoir se passer de notre Platini. A l'aile gauche, du moins en numéro 11, Muraro, l'homme le plus rapide du Calcio.
Les
percées d'Altobelli, de Muraro et de Beccalossi accusent une certaine
faiblesse dans la défense de Milan A.C. Au pays du roi Zéro-Zéro, on
peut observer le paradoxe d'un marquage peu rigoureux. En revanche, le
repli massif des uns favorise les pénétrations par une-deux des autres.
On compte aussi sur les remises avec un joueur en pivot. Mais on
n'attaque pas à plus de deux. A ce jeu, l'inter se montre le meilleur
mais les réelles occasions de but se font rares. En seconde mi-temps,
même scénario. Mais l'antijeu s'amplifie au fur et à mesure du temps.
Maldera ceinture Caso qui file au but : coup franc. Rien. Capello arrête
le ballon des deux mains dans le rond central : coup franc. Rien.
Rigamonti sort de ses dix-huit mètres mais joue encore comme un gardien,
avec ses mains : coup franc. Rien. Pas de carton. On se sort pas les
cartons te jour du derby. Et puis, c'est le coup de théâtre : au moment
ou la foule suit le départ du beau Novellino et l'entrée de son
remplaçant Chiodi, le rusé Oriali rompt l'équilibre et marque pour
l'inter. Dès lors, les dix dernières minutes sont terribles pour ceux de
l'inter qui craignent maintenant d'être rejoints. An-tonelli tire sur
le poteau, Maldera catapulte un coup franc à ras des buts, Milan A.C.
fait tout pour égaliser, mais la chance est du côté de l'inter : rien ne
rentre. L'arbitre consulte son chronomètre, siffle la fin de ce derby
décisif, enthousiasmant et décevant à la fois. Les coussins volent, les
bleus et noirs exultent. Sur le terrain, ceux qui ne se sont pas ménagés
se serrent la main, se congratulent, s'embrassent. L'un chante et
l'autre pas. L'Inter sera champion...
Italians have always liked a bet - the state lottery is incredibly popular - but illegality in this sphere has been encouraged by strict state gambling rules. At the time of writing, all legal gambling in Italy was still under state control. Until the partial liberalization of betting in the late 1990s, moreover, all legal football betting was based around a single system called Totocaicio (which was extremely hard, if not impossible, to fix). From 1946 onwards in newsagents or bars all over Italy, punters filled out a form (the schedina] with twelve games on it (from Serie A and Serie B). Gamblers simply had to predict if each game would be a draw, a home win or an away win - 1, X or 2. Gamblers could also hedge their bets by betting on two or even three possible outcomes. Obviously, these doubles and triples cost more than singles. The total takings from the whole of Italy were then added up (minus tax) and shared out to those who had got eleven or twelve results right. In 1946 45 per cent of the takings went to winnings, 16 per cent to tax, 7 per cent to the Olympic federation, 5 per cent to the football federation, 7 per cent to the shops that took the bets and 20 per cent to the betting organization, a para-state body. In 1951 the number of games was raised to thirteen. In the early years, the schedine were counted by hand and mechanization did not come in until the early 1980s. Big winners became famous, such as a Sardinian miner who was the first punter to win a six-figure sum in 1950. From 1948 to 1998 50 billion schedine were filled out by Italians.
Like the British pools, certain combinations of results could produce huge payouts for a few lucky gamblers, or 'democratic', small winnings for many. Totocalcio was hugely popular, producing a whole new language (ho fatto 13!) and a related industry of magazines and 'systems'. Millions of Italian men, out for Sunday walks or on the beach with their families, could be seen with tiny transistor radios glued to one ear and their betting slip - the schedina - in their other hand. Tutto il calcio minifto per minuto, the programme the RAI dedicated to Sunday afternoon football, became a national tradition. The beauty of do is that anybody can win, and that player and punter interest was kept going for the full 90 minutes. Totocalcio rilled the coffers of the state and the sporting authorities right up until the 1990s, when Pay TV (which took the most important games away from Sunday afternoon) and the increasing importance of Europe began to erode its popularity. Alternatives were introduced to keep interest going such as Totogol (which relied on a prediction of the number of goals scored in various matches) and Totocalcio schedine, dedicated to half- and full-time scores, European matches and World Cups.
However, many Italians also wanted to bet on individual games, on scorers, on the results of championships. They could not do so, legally, so they resorted to vast illegal betting operations known generically as the Totonero (black betting, as in the illegal black economy in Italy, which covers some 20 per cent of the nation's GDP). Controlled largely by organized crime, with its heartland in Naples (where the camorra became rich importing heroin and through the Totonero in the 1970s and 1980s), illegal betting also encouraged the corruption of players, clubs and presidents. It has been estimated that illegal betting activities bring in nearly two thirds of the sums spent on legal gambling every year. By the end of the 1970s, the Totonero had become a parallel business, run more or less openly. In some betting shops illegal odds were displayed alongside official ones. Illegal bookmakers would 'set up shop' behind little tables inside state betting shops, and collect money. The ability to bet on individual matches was particularly popular. The 1980 Totonero scandal had its origins in the attempt to fix individual results by paying off groups of players and laying off huge bets. There are still doubts about the end of the 1988 championship, when Naples threw away a seemingly unassailable lead. Many fans and commentators believe - without any hard evidence - that certain Naples players threw the scudetto at the behest of the Neapolitan Camorra.
These fans and commentators pointed to the fact that Mara-dona had been seen socializing with Camorra bosses and drew their own unsubstantiated conclusions. Partly in response to the illegal sector, and in order to offset the decline of Totocalcio, the state-controlled betting system was liberalized in the late 1990s. In official betting shops, you could now bet on individual games, scores, and groups of games. Odds were set centrally and state officials kept a watchful eye open for 'unusual' amounts of money suddenly being directed towards certain games and results. In some cases, betting was suspended and investigated. In 2000, a number of players from Atalanta and Pistoiese were found guilty of match-fixing - and received bans which varied from six months to one year - after strange betting patterns on a cup match. All of the players were absolved on appeal due to the lack of proof of an agreement. Nobody had confessed. If the match had been fixed, everyone involved had got away with it...
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