On imagine mal, ou l'on s'en soucie assez peu, la somme d'intelligence, de travail et de compétence qu'il a fallu pour qu'un excellent spectacle naisse sous nos yeux et pour notre seul plaisir de mortels terriens. En football, la magie de la perfection est encore plus grande puisqu'un spectacle type ne se répète jamais, au contraire d'un film ou d'un ballet. Un match vit, meurt et ne se transmettait, hier, avant l'avènement de la télévision et du magnétoscope, que par le souvenir et l'écrit. Un match réussi est donc un cadeau rare. Et une série de matches réussis ne peut-être l'apanage, en notre décennie, dans une époque de dirigeants et de techniciens à courte vue, que le fruit d'un choix, d'une volonté et d'un immense talent. Le Milan A.C., champion d'Europe 1989, et prodigieux champion assurément, est l'aboutissement de tout cela et, en même temps, de notre rêve. Car souvenez-vous-en, nous avons rêvé, deux fois en un mois, avec le Milan A.C., quand le Real Madrid d'abord (écrasé 5-0 à San Siro) et le Steaua Bucarest ensuite (atomisé 4-0 en 47 minutes à Barcelone, en finale) ont pesé le poids de plumes devant l'ouragan « rossonero » (rouge et noir).