L'équipe
d'Argentine n'a pas rencontré celle d'Angleterre depuis la guerre des
Malouines. Mais les sportifs de toutes disciplines, pilotes de Formule
1, golfeurs, tennismen ont déjà eu, à un moment ou à un autre,
l'occasion de croiser leurs confrères. Il est cependant inévitable,
quand s'annonce le choc entre les deux sélections de football, que les
relents de ce stupide et meurtrier conflit de soixante-quatorze jours se
manifestent. Huit sénateurs d'étiquette péroniste demandent, à
Buenos-Aires, le retrait de l'équipe d'Argentine du Mundial, ce qui
serait, affirment-ils « un acte démonstratif de nos droits sur les îles
de l'Atlantique sud. » Un autre, député, demande qu'une minute de
silence soit observée, avant le coup d'envoi, à la mémoire des victimes.
Les footballeurs ne demandent rien et refusent la récupération
politique ainsi que le précise Maradona : « Nous sommes des joueurs qui
participons à une compétition sportive. Point final. » Luis Menotti,
l'entraîneur des champions du monde 1978, prend encore plus nettement
position : « Ce conflit des Malouines a été un conflit entre deux
gouvernements et, d'aucune manière, il ne représentait le sentiment de
deux peuples. »
Malgré ce désamorçage préalable, on craint un peu que les deux équipes ne se laissent tenter, à un moment ou un autre, par un voyage chez les vieux démons. Heureusement, c'est une fausse crainte. L'Angleterre de Hoddle-Steven-Reid-Hodge (pas de changement dans l'orchestre) ne songe qu'à jouer au football avec sa vaillance coutumière et ses atouts collectifs qui ne sont pas médiocres. L'équipe d'Argentine, montée en pression au fil du tournoi, de mieux en mieux organisée et huilée, a le même souci. Entre les deux, au milieu des deux, au-dessus du jeu, il y a Maradona. Le petit génie éclaire la Coupe du Monde à chaque match, chacun de ses gestes portant une étincelle, une touche de couleur, une fantaisie inégalables. Il est chat, cet homme, et encore plus joueur qu'un chat si cela est possible. Après que Pumpido ait glissé en prenant un appel de course - le terrain du Stade Aztèque est infect, manquant de stabilité dans sa surcouche et perdant ses poils - et bien failli encaisser un but de Beardsley (13e), le jeu s'est stabilisé. Solide des deux côtés. Un peu plus éclairé du côté du chat. On est à la 51e minute quand Valdano effectue une remise sur Maradona. Celui-ci, probablement hors-jeu, s'en va à la rencontre de Shilton sorti et, à sa barbe, lui fait sauter le ballon au-dessus de la tête, de la main pour la propulser dans la cage.
La plaisanterie est excellente, et digne d'un malicieux. Mais l'arbitre M. Bennaceur (et ta sœur ?), pourtant fort bien placé, les photos le prouvent, entérine la réussite dans l'instant où le ralenti de la télévision démontre de manière irréfutable la tricherie. A TF 1, l'ami Thierry Roland s'indigne, tempête et ose dire que l'on n'aurait jamais dû confier à un arbitre tunisien le soin de diriger cette importante rencontre. Il a raison, bien sûr, mais on le taxe de racisme. L'ambassadeur de Tunisie à Paris menace de faire un procès, veut des excuses, qu'on lui accorde. Il n'aura pas les nôtres. M. Bennaceur, qui eût pu être Auvergnat - nous avons tous un peu de sang auvergnat - n'est pas mauvais parce qu'il est tunisien (l'inverse non plus d'ailleurs) mais il n'est pas bon parce qu'il manque d'expérience. Et en plus, sûrement, il ne voit pas très clair. Ce n'est pas de sa faute. Il mange trop de sucre. Maradona mériterait deux taloches à faire ainsi le guignol pour fêter son « exploit ». Et les joueurs anglais ont bien du mérite, beaucoup de dignité, à ne pas le faire dans le mouvement. Diego a sans doute senti cette tache sur son beau costume. Voulant la faire disparaître et reconquérir l'admiration des aficionados de France et d'ailleurs, il enchaîne, trois minutes plus tard (54e) sur un grandissime exploit qui laisse le stade debout : il part, balle au pied, du milieu du terrain, sème en cours de route Steven, Sansom, Fenwick, Butcher et s'en va ajuster Shilton sorti à sa rencontre. Maradona est grand et il n'est pas manchot. Toute autre que l'Angleterre laisserait là l'ouvrage et son train. Mais l'Angleterre fait entrer Waddle et Barnes, secoue le prunier, réduit le score par l'inévitable Lineker (80e, son sixième du Mundial), reçoit un tir de Tapia sur l'un de ses poteaux (82e) et manque d'un cheveu, du cheveu d'un cheveu, l'égalisation à 2-2 sur un centre de Barnes et une tête de Lineker (87e). Ensuite, après avoir tout tenté, elle peut pleurer. Et elle pleure. On interroge Maradona. Alors, cette main ? Ce but ? « C'était un peu la main de Dieu, et un peu la tête de Maradona » répond-il. Maradona n'est pas un saint. Il est un peu trop malin.
Malgré ce désamorçage préalable, on craint un peu que les deux équipes ne se laissent tenter, à un moment ou un autre, par un voyage chez les vieux démons. Heureusement, c'est une fausse crainte. L'Angleterre de Hoddle-Steven-Reid-Hodge (pas de changement dans l'orchestre) ne songe qu'à jouer au football avec sa vaillance coutumière et ses atouts collectifs qui ne sont pas médiocres. L'équipe d'Argentine, montée en pression au fil du tournoi, de mieux en mieux organisée et huilée, a le même souci. Entre les deux, au milieu des deux, au-dessus du jeu, il y a Maradona. Le petit génie éclaire la Coupe du Monde à chaque match, chacun de ses gestes portant une étincelle, une touche de couleur, une fantaisie inégalables. Il est chat, cet homme, et encore plus joueur qu'un chat si cela est possible. Après que Pumpido ait glissé en prenant un appel de course - le terrain du Stade Aztèque est infect, manquant de stabilité dans sa surcouche et perdant ses poils - et bien failli encaisser un but de Beardsley (13e), le jeu s'est stabilisé. Solide des deux côtés. Un peu plus éclairé du côté du chat. On est à la 51e minute quand Valdano effectue une remise sur Maradona. Celui-ci, probablement hors-jeu, s'en va à la rencontre de Shilton sorti et, à sa barbe, lui fait sauter le ballon au-dessus de la tête, de la main pour la propulser dans la cage.
La plaisanterie est excellente, et digne d'un malicieux. Mais l'arbitre M. Bennaceur (et ta sœur ?), pourtant fort bien placé, les photos le prouvent, entérine la réussite dans l'instant où le ralenti de la télévision démontre de manière irréfutable la tricherie. A TF 1, l'ami Thierry Roland s'indigne, tempête et ose dire que l'on n'aurait jamais dû confier à un arbitre tunisien le soin de diriger cette importante rencontre. Il a raison, bien sûr, mais on le taxe de racisme. L'ambassadeur de Tunisie à Paris menace de faire un procès, veut des excuses, qu'on lui accorde. Il n'aura pas les nôtres. M. Bennaceur, qui eût pu être Auvergnat - nous avons tous un peu de sang auvergnat - n'est pas mauvais parce qu'il est tunisien (l'inverse non plus d'ailleurs) mais il n'est pas bon parce qu'il manque d'expérience. Et en plus, sûrement, il ne voit pas très clair. Ce n'est pas de sa faute. Il mange trop de sucre. Maradona mériterait deux taloches à faire ainsi le guignol pour fêter son « exploit ». Et les joueurs anglais ont bien du mérite, beaucoup de dignité, à ne pas le faire dans le mouvement. Diego a sans doute senti cette tache sur son beau costume. Voulant la faire disparaître et reconquérir l'admiration des aficionados de France et d'ailleurs, il enchaîne, trois minutes plus tard (54e) sur un grandissime exploit qui laisse le stade debout : il part, balle au pied, du milieu du terrain, sème en cours de route Steven, Sansom, Fenwick, Butcher et s'en va ajuster Shilton sorti à sa rencontre. Maradona est grand et il n'est pas manchot. Toute autre que l'Angleterre laisserait là l'ouvrage et son train. Mais l'Angleterre fait entrer Waddle et Barnes, secoue le prunier, réduit le score par l'inévitable Lineker (80e, son sixième du Mundial), reçoit un tir de Tapia sur l'un de ses poteaux (82e) et manque d'un cheveu, du cheveu d'un cheveu, l'égalisation à 2-2 sur un centre de Barnes et une tête de Lineker (87e). Ensuite, après avoir tout tenté, elle peut pleurer. Et elle pleure. On interroge Maradona. Alors, cette main ? Ce but ? « C'était un peu la main de Dieu, et un peu la tête de Maradona » répond-il. Maradona n'est pas un saint. Il est un peu trop malin.