Euro 1992 Groupe 1 Danemark France

 

Malmö Idrottsplats

17 Juin 1992

Eur.1992.Dan.Fra.twb22.FR.mp4
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France: Martini; Vahirua (Fernández 46e), Casoni, Blanc, Boli, Amoros (c); Durand, Perez (Cocard 79e), Deschamps; Papin, Cantona Sélectionneur : Michel Platini

Danemark : Schmeichel; Andersen, Kent Nielsen (Piechnik 61e), Olsen (c), Christofte, Sivebæk; Larsen, Brian Laudrup, Jensen; Frank (Elstrup 66e), Povlsen Sélectionneur : Richard Møller Nielsen

 

 

insignes de favorite... On se rend compte aujourd’hui qu’elle s’était déguisée. On avait peur de regarder la vérité en face, à savoir que sa médiocrité face aux Suédois, face aux Anglais, n’était peut-être pas le fruit de savants calculs mais le constat de faiblesses individuelles terribles, conjuguées à une carence collective dont on ne se remet pas en quelques jours. Le mal était plus profond...  Et c’est pourquoi il fait une plaie saignante dans notre orgueil. Leurs bleus à l’âme leur donnent du vague à l’âme, une nonchalance et des balbutiements de collégiens pris en flagrant délit d’impuissance. Ils n’ont même plus le culot d’être impertinents, d’oser, de se révolter. Ils subissent les événements, acceptent les réprimandes. 

 

Comment peut-on croire qu’ils n’ont même pas la force de réagir, de se faire respecter physiquement, de faire, pourquoi pas, le coup de poing pour ne pas se faire marcher sur le ventre? Face à des Danois survoltés, ils apprennent l’humilité. Mais le drame, c’est que cela ne déclenche aucune réaction de leur part. Ils ne se révoltent même pas. Seul Eric Cantona a cette fierté naturelle qui le pousse à refuser le renoncement. Les autres paraissent maladroits, empruntés, lourds, lents, fragiles. On a de la peine alors pour Jean-Pierre Papin, qui considère le désastre d’un œil triste. Lui, le canonnier, que peut-il faire, le pauvre, sans munitions? Rien. Et il ne fait rien.  Ils sont sûrs d’eux, les Bleus.

 

 

Persuadés que leur parcours en Suède n’a pas encore vraiment commencé, que les deux matches nuis contre la Suède et l’Angleterre ne sont que des accrocs. Ils sont persuadés qu’ils valent beaucoup mieux que ce qu’ils ont montré jusqu’ici. Il faut dire qu’ils n’ont rien montré du tout, sinon qu’il croient être encore ce qu’ils étaient il y a quelques mois quand ils faisaient la loi, d’ailleurs sans génie, à grands coups d’énergie. Ils admettent qu’ils sont passés à côté de la plaque, mais ils laissent entendre quand même que, tout en étant pitoyables, ils ont conservé leurs chances de qualification. Alors, comme un seul homme, ils disent et répètent qu’ils ne veulent plus calculer, qu’ils vont jouer leur football, qu’ils seront à nouveau eux- mêmes, solides, costauds, ambitieux. Comme du temps où ils gagnaient. Mais il y a un bon moment qu’ils ne gagnent plus rien. Depuis le début de l’année. Nous, on leur fait confiance. D’ailleurs, on les a toujours vus plus beaux qu’ils n’étaient. Et eux, les invincibles de la phase qualificative, s’étaient mis à croire qu’ils étaient peut-être imbattables. 
Inconsciemment, presque avec logique, leur équipe était devenue trop sûre d’elle, prétentieuse.  Dire qu’il y a un mois et demi que cette équipe de France se prépare comme une armée de gladiateurs prêts à descendre dans l’arène. En face, il y a une bande de mercenaires, qui étaient sur le point de partir en vacances lorsqu’on leur a dit qu’il leur fallait faire une halte en Suède.