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16 mars 1977
Anfield, Liverpool
Liverpool gagne le toss et choisit son camp. Les Reds s'appuient sur leur Kop. Curkovic traverse le terrain et s'installe de l'autre côté, là où se trouvent tous les supporters Verts. 8.000, ils sont 8.000 à avoir fait le déplacement, tout simplement impressionnant ! Curkovic a encore toutes les raisons de se sentir rassuré. Mais soudain, l'incroyable, pour ce gardien qui a si souvent tenu et préservé le destin de son équipe, survient. Des la 2ème minute, Keegan s'empare du ballon sur l'aile gauche et il le frappe très loin, très haut, vers le deuxième poteau. Un tir ou un centre ? On ne le saura jamais. Curkovic, craignant sans doute la tête de Toshack, se détend à la verticale, les doigts tendus. Mais il a mal calculé la trajectoire de la balle. Il retombe à la renverse quand il est sur le point de se saisir du ballon. Lobé. La balle meurt dans son but, sur le petit côté des filets. C'est un but qui ressemble, dans le fond, à celui inscrit deux ans plus tôt par Beckenbauer, en 1/2 finale, à Munich. Le compteur est remis à 0 entre Liverpool et Saint-Etienne.
Et c'est comme si les Verts désiraient venger Curkovic. Ils partent vers un grand match, peut-être dans l'esprit et dans la forme, le plus grand match de leur histoire. Rocheteau marque un but (15ème) refusé pour hors-jeu. Synaeghel oblige Clemence à une parade désespérée (19ème). Le Kop stupéfait par tant d'audace, de culot et d'invention, remise provisoirement ses slogans martiaux. Les Reds tentent de faire barrage à la marée verte. Puis, ils cèdent à la 50e minute. Du milieu de terrain, Bathenay s'avance, irrésistible, tous les muscles dehors et il finit par délivrer un ballon qui, au bout d'une trajectoire insensée, va se ficher sous la barre de Clemence. Qui n'a pas en tête cette photo où Babatte lève les bras au ciel, tranquille, serein, fier du travail accompli, sans même se mettre à courir ? On dirait un gladiateur romain en train de saluer la foule. A partir de cet instant, un autre match commence. Les Verts pensent avoir accompli l'essentiel, comme s'ils touchaient du doigt leur qualification. C'est une erreur. Ils rapetissent leur jeu et gomment l'impression souveraine qu'ils avaient laissée jusque-là. D'autant plus que la pelouse d'Anfield Road est couverte de mottes de terre retournée. Ce n'est plus un match, c'est un combat. Une lutte acharnée entre 22 hommes prêts à aller jusqu'au bout de leurs forces. Personne ne veut lâcher. 9 minutes plus tard, une attaque menée de la droite par Callaghan, renversée sur Kennedy qui reprend et marque. Liverpool a réagi dans les 10 minutes. Rien pourtant n'est encore compromis. L'ASSE ne désarme pas, et, sur une balle aérienne, la défense de Liverpool hésite, tergiverse, se met à flotter. Rocheteau en profite. Il se faufile entre Clemence et l'un de ses défenseurs. Il récupère la balle à la limite de la surface. Il va filer vers le but dans un face-à-face en solitaire avec Ray Clemence qui l'empêche carrément de passer en faisant écran entre la balle et l'Ange Vert. M. Corver ne réagit pas.Rocheteau, ne comprenant pas qu'il ne siffle rien, se tourne vers lui en levant les bras. Devant l'indifférence de l'arbitre, Dominique n'insiste pas. A la 74ème minute, le combat de poids-lourds, Merchadier-Toshack s'achève. Les 2 hommes quittent le terrain ivres de coups. Alors, Bob Paisley, l'entraîneur des Reds, fait rentrer son joker, David Fairclough, flamme rousse dans la nuit d'Anfield Road. Et c'est lui, Super Sub ( le ''super remplaçant'' parce qu'il a la réputation de marquer un but chaque fois qu'il entre en cours de jeu ), qui va porter l'incendie chez les Verts. Il reste 6 minutes à jouer. 6 minutes de trop... Sur une passe de Kennedy au milieu de terrain, Fairclough s'enfonce à coups d'enjambées conquérantes dans l'axe du but. Il est au coude à coude avec Lopez sur quinze mètres et finit par le semer. Il ajuste une frappe à ras de terre qui termine au fond du but de Curko. Lopez l'a poursuivi tout au long de sa course folle, mais il n'a rien pu faire. Le rouquin était trop rapide. Il aurait pu le faucher, ou tout du moins le déséquilibrer. Mais il ne l'a pas fait. Certains journalistes le lui reprocheront, après coup. Pas les joueurs... Dans les vestiaires, il ne viendra à l'idée de personne de demander à Lopez pourquoi il ne l'a pas balancé. Question de mentalité !!! En tout cas, les Verts sont éliminés, alors qu'ils ont sans doute fourni l'un de leurs meilleurs matches de Coupe d'Europe... ( poteaux-carres.com )
Liverpool : Clemence - Neal, Smith, Hughes, Jones - Callaghan, Case, Kennedy - Keegan, Toshack ( puis Fairclough, 74e), Heighway St Etienne : Curkovic - Janvion, Merchadier ( puis Hervé Revelli, 74e), Lopez, Farison - Larqué, Bathenay, Synaeghel, Santini - Rocheteau, Patrick Revelli.
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