WC 1982 France Autriche

 Tout, dans ce Mundial, s’accorde à faciliter la tâche de l’équipe de France et c’est fort bien comme ça. La composition du groupe D du deuxième tour, avec l’Autriche et l’Irlande du Nord comme adversaires propose quasiment comme une évidence d’aller en demi-finales, la chronologie des matches donnant en plus aux Bleus, selon la propre expression de Michel Hidalgo un « petit coup de pouce. » Le sélectionneur français a d’ailleurs le sens de la formule, et l’oreille attentive des journalistes étrangers car il parle volontiers le bougre. «Les bonnes équipes, ainsi que les bons joueurs, naissent de la compétition», dit-il. «Une bonne équipe est celle qui commence dans l’amitié et finit dans l’ambition », suggère- t-il. 

 

L’ambition est née chez les Tricolores comme elle est née chez les azzurri. Il leur a fallu trois matches pleins de pièges et de désarrois pour trouver leur équilibre, leur détermination et leur fraîcheur. Et, loin de paraître payer leurs efforts de qualification, ils semblent en pleine forme ascendante et capables de monter plus haut encore. Le seul ennui c’est que Michel Platini, victime d’un coup à la cuisse contre les Tchèques, avec gros hématome, doit déclarer forfait contre l’Autriche. Compte tenu de la suspension d’Amoros, Hidalgo choisit Ettori - Battiston, Janvion, Tré sor, Bossis - Giresse, Genghini, Tigana - Soler, Lacombe, Six. Les Autrichiens qui ont battu la France huit fois en quinze rencontres (un match nul) comptent des individualités de marque - Pezzey derrière, Prohaska au milieu, Schachner et Krankl en attaque - mais ils ne donnent pas la garantie d’une équipe complète et motivée. On a rapidement confirmation de leurs limites, l’équipe de France dominant la rencontre d’un bout à l’autre, faisant bloc de façon exemplaire, utilisant contre un adversaire lourd et lent « ses meilleurs arguments, à savoir la vivacité de gestes et de conception, le travail de préparation rationnelle, la vitesse d’exécution et le jeu à une touche de balle, l’esprit d’entreprise » . 

 

Dominique Rocheteau, entré à la 15e minute à la place de Lacombe blessé, contribue fortement à l’épanouissement du jeu offensif français grâce à son mordant et à sa mobilité. Les occasions naissent, un tir de vingt-cinq mètres de Genghini atterrit sur le poteau gauche de Koncilia. À la 39e minute, le premier coup franc sifflé contre l’Autriche est offert à Genghini, à vingt-cinq mètres, sur le côté droit. Le Sochalien néo-Stéphanois est gaucher, on le sait, et affectionne les coups francs accordés dans cette position. Il a réussi plusieurs buts dans les mêmes circonstances et on regarde donc avec impatience sa tentative : sa frappe de balle brossée du pied gauche donne au ballon une trajectoire aérienne et fuyante qui lobe le mur adverse avant de trouver l’objectif parfait, c’est-à-dire «l’équerre», l’angle supérieur poteau-barre transversale. 
Ce chef-d’œuvre, qualifié de «plus beau coup franc du monde» par France-Football et qui n’est pas loin de l’être réellement entraîne l’équipe de France vers le haut, la pousse à attaquer encore, à briller et à plaire. Les Autrichiens ne sont pas à la fête qui peinent devant ces agités de Français lesquels, avec un peu de réussite, pourraient marquer deux buts supplémentaires. Mais ce 1-0 final n’est pas si mal qui réconcilie tout le monde (sauf Larios avec Hidalgo et Platini) et suscite des commentaires admiratifs chez les étrangers. «Il y a des moments, remarque Hidalgo, où nous avons l’impression d’être encore très éloignés des équipes de premier rang. Puis, tout à coup, il nous semble qu’il ne nous manque presque rien pour les rattraper.» La citrouille est en train de se transformer en carrosse. 

 

 

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pass Genghini

 

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