Etrange stade que Sarrià, où les «Brigadas Blaquiazules», supporters extrémistes, déploient leurs étendards espagnols, symboles du centralisme politique, sous les huées du virage d'en face, drapé d'oriflammes catalanes. Etrange peuple espanyoliste, où se côtoient jeunes et moins jeunes, hommes et femmes de rang social et de couleur politique très divers, amalgame un peu flou, cimenté par l'amour d'un club bientôt centenaire. Une vénérable institution qui, depuis des lustres, vit dans l'ombre de son prestigieux voisin, le FC Barcelone, écrasée par son insolente puissance. Que valent deux Coupes d'Espagne, comparées aux titres nationaux et internationaux du Barça? Que représentent les socios de l'Espanyol par rapport aux 108 000 de son adversaire honni; ses 72 associations de supporters face aux quelque 1 000 penyas barcelonistes. Les touristes passent devant le vétusté et insalubre stade Sarrià (41 500 places) sans même le regarder, s'arrêtant un kilomètre et demi plus loin, de l'autre côté de l'interminable Avenida Diagonal, pour visiter le splendide Camp Mou, C'est lorsque le Barça s'y est installé, à la fin des années 50, que le fossé entre les deux clubs s'est fait gouffre. Longtemps mal géré et peu ambitieux, taxé de «franquiste» durant la longue dictature du Caudiilo, l'Espanyol a végété, tandis que son rival, rebelle et couronné de succès, prenait son irrésistible envol. Il y a deux clubs à Barcelone. Mais certains ne le savent pas, tant l'hégémonie du FC Barcelone est grande.
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"Le Barca' est l'impérialisme et la prépotence, expliquent Rafaël Ramos et Miguel Segura, journalistes au Mundo Deportivo. Il est très difficile d'être espanyoliste à Barcelone. Le club compte pourtant des fans célèbres, comme Juan Antonio Samaranch, président du Comité International Olympique, qui fut gardien de but de l'équipe de hockey sur roulettes de l'Espanyol. Plusieurs personnalités du monde politique sont également des sympathisants. Mais, si elles veulent être élues, il ne vaut mieux pas qu'elles affichent leur préférence»... L'Espanyol, parent pauvre, est frustré. Marginalisé dans tous les domaines, y compris celui de la presse. Commentaire désabusé d'un socio: «Lorsque la mère d'Ivan de la Pena (le nouveau prodige du FC Barcelone) a annoncé qu'elle arrêterait de fumer le jour où son fils débuterait en Première Division, certains journaux ont dédié une page entière à cet "événement" historique! Tout pour eux, rien pour nous!» Si les dirigeants de l'Espanyol évoquent des relations «cordiales» avec le voisin azulgrana, le «Periquiîo» (de Perico, la perruche, emblème du club) de base demeure méprisant. Pour lui, les nantis Bar-celonistes ne sont que «aquesta genf», «ces gens-là». En Catalan dans le texte. Car la majorité du public de Sarrià revendique son identité: «Le Barça s'approprie la Catalogne, s'érige en porte-drapeau de la région alors que nous aussi, nous sommes Catalans et fiers de l'être! D'ailleurs, il y a plus de joueurs catalans dans notre équipe que dans la leur». A l'initiative de la nouvelle équipe dirigeante, en place depuis trois ans, le club a d'ailleurs officiellement changé de nom. Le Real Club Deportivo Espanol, ainsi baptisé parce que fondé par des universitaires espagnols (par opposition au Barça, créé par un étranger, le Suisse Jean Gamper), est devenu, début 1995, le Reial Club Deportiu Espanyol de Barcelona. «De Barcelona», comme pour bien souligner son appartenance à la ville, L'Espanyol est de Barcelone, comme la Juventus est de Turin ou L'inter, de Milan, Certes moins glorieux, mais tout aussi fier de ses racines et riche de légendes.
Ainsi évoque-t-on avec émotion le but de José «Pitus» Prat, le premier de l'histoire du Championnat espagnol (1929), les exploits du mythique gardien de but international des années 30, Ricardo Zamora (la place sur laquelle s'élève Sarrià porte son nom) et d'AI-fredo Di Stefano (deux saisons au club), ou encore le mémorable 6-0 infligé au Barça en 1951 (à ce jour, l'Espanyol a remporté 30 des 122 derbies - 67 succès du FC Barcelone et 25 nuls). Ainsi se souvient-on avec délice de la fameuse saison 1952-53, durant laquelle le club fut pendant vingt semaines en tête du Championnat. C'était l'époque bénie de 'entraîneur chilien Alejandro Scopelli, qui faisait respirer de l'oxygène à ses joueurs durant la mi-temps. Comme la fabuleuse épopée de 1988 en Coupe de l'UEFA , la Liga de l'oxigeno est encore aujourd'hui dans tous les esprits. L'Espanyol, qui n'a jamais été champion (meilleur classement: troisième, à quatre reprises), se raccroche à ce qu'il peut. Et les supporters ont pleinement savouré la surprenante place de leader occupée pendant un mois cette saison. Le jeu n'était peut-être pas, contrairement à celui du Barça, un modèle de référence, mais nul ne s'est permis de faire la fine bouche. «Cuando no entra el balon, entra el corazon». Autrement dit: «lorsqu'il n'y a pas le jeu, il y a le cœur».
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