C’est dans un village espagnol de la province d’Albacete, à Fuentealbilla, que son histoire avec le ballon débute. Le petit Andrés y effectue ses premiers crochets sur la place du village, avant de signer sa première licence dans le club d’Albacete Balompié où son talent n'échappe pas à l’œil des recruteurs espagnols. Alors que le Real Madrid s'intéresse à ses qualités, le Barça devance son rival sur le fil en ouvrant au gamin les portes de la Masia, le prestigieux centre de formation du club catalan. Iniesta a 12 ans et revêt son premier maillot blaugrana. Il ne le quittera plus. Sur le terrain tout va bien, le petit bonhomme, vif et technique, se balade de crochets courts en crochets longs, de contrôles orientés en passes ajustées. Andrés rime avec adresse, Iniesta, avec vista. Technique et intelligence de jeu, le joueur de poche a pour lui tout l’arsenal pour devenir une pointure. Le problème, c’est qu’en dehors du terrain, l’éloignement familial est particulièrement douloureux à vivre. Introverti et hypersensible, le gamin en bave plus que les autres : Commencer une nouvelle vie à 12 ans n’a pas été facile du tout. Il me manquait la présence et le réconfort de ma famille.
Certains soirs, j'ai pensé tout arrêter, mais je me suis accroché... », confesse Andrés. Heureusement, la petite patte frêle barcelonaise réussit à dépasser ses états d’âme et à se faire à la formation maison. Deux ans plus tard, lors de la finale d’un tournoi Cadets (15 ans), le gamin d'Albacete casse la baraque sous les yeux éberlués de Josep Guardiola, encore joueur et icône des Blaugranas. Lors de l'entraînement suivant, Guardiola lance à Xavi, son partenaire de jeu : « J’ai trouvé celui qui nous pous sera sur le banc et même à la retraite ! Il a 15 ans et il réalise des choses extraordinaires... » Pep ne se trompe pas : un an plus tard, Iniesta, 16 ans, s’entraîne déjà avec le groupe Pro. Le rêve prend forme et, l’année suivan te, sous les ordres de Louis van Gaal, l’adolescent découvre la ferveur du Camp Nou. « Commencer une nouvelle vie à 12 ans n’a pas été facile du Baladé à tous les postes du milieu de terrain et même comme attaquant de soutien sous l’ère Rijkaard, c’est lors de cet exercice qu’lniesta va véritablement se révéler. En devenant titulaire de la sélection espagnole victorieuse de l’Euro 2008, celui que les Espagnols surnomment “el Cerebro" (le Cerveau) a le sentiment d’avoir gagné une légitimité parmi les stars: • Cet Euro m’a apporté énormément de confiance. J’ai ressenti une sorte de déclic. . . » Un déclic sur lequel Guardiola va s’appuyer la saison suivante, en l’associant à Xavi dans l'entrejeu.
Tel un père avec son fils, Pep Guardiola témoigne une affection sans faille au petit Andrés.
Pas fashion pour un sou, encore moins arrogant, prétentieux ou exubérant, Andrés Iniesta, surnommé le “crack invisible", s'excuserait presque de faire de l'ombre à un oiseau. Le stratège catalan, qui a discrètement fait son trou en marge de l’ascension météorique d'un certain Léo Messi, est pourtant devenu, le 6 mai 2009, la nouvelle coqueluche ibérique. Ce soir-là, sur le terrain de Stamford Bridge, l’international espagnol inscrit, dans les arrêts de jeu de la demi-finale retour de Champions League, le but le plus important de sa jeune carrière avant son but en finale de la coupe du monde. D’une frappe limpide en pleine lucarne du but de Petr Cech, le gardien de Chelsea, “Don Andrés" envoie le Barça, en finale de la C1. Trois semaines plus tard, à Rome, lors de la confrontation ultime contre Manchester United, le métronome catalan sévit de nouveau. Cette fois-ci, dans un genre qui lui correspond mieux : en perçant, depuis le milieu de terrain, l'épine dorsale de MU avant de délivrer la passe décisive du premier but pour Samuel Eto’o. L’enfant chéri du Camp Nou termine son exceptionnelle saison en boulet de canon, se hissant du même coup au rang des tout meilleurs joueurs mondiaux. À l’issue de la finale, Ferguson, le coach de MU aura cette petite phrase explicative : « Le problème n'a pas été Lionel Messi, mais Xavi et Iniesta qui ont gardé la balle toute la soirée ». C’est dans ce contre-jour, derrière la lumière des stars du Barça, comme Messi ou Eto’o, et celles de la Roja espagnole, comme Tomes ou Villa, que s'exprime Andrés Iniesta. Car dernière les vedettes de l’attaque, le stratège catalan effectue un véritable travail de fourmi. Récupérateur, mais aussi accélérateur de jeu, le milieu blaugrana est capable de harceler durant tout un match le porteur du ballon, tel un véritable défenseur, et de se projeter vers l’avant, comme un véritable meneur de jeu dont l’adresse devant le but permet à l’occasion de conclure lui-même les actions.
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