On aurait sans doute tort de considérer que Michel Hidalgo a pris ce match de classement à la légère. Il a tout simplement démontré une fois de plus ses dons de psychologue. Les Polonais sans Boniek ont été battus sans rémission par les Italiens en demi-finale. Ils n’ont donc rien à regretter, d’autant que leur accession à ce stade de la compétition est, de leur propre aveu, parfaitement inespérée. En conséquence ils sont prêts à se battre bec et ongles pour une place de troisième, et avec leurs meilleurs éléments.
La situation des Français est toute différente: Platini et les siens ont, il y a moins de quarante huit heures, donné tout ce qu’ils avaient dans le cœur et dans les tripes pour gagner le droit de participer à cette finale dont ils rêvaient depuis une bonne semaine. Epuisés physiquement - et sans doute aussi moralement par leur échec sur le fil, que pourraient-ils bien faire dans ce qui n’est après tout qu’une petite finale alors que le grande, la seule, la vraie, ils ont cru la tenir si longtemps au bout de leurs crampons? Remplir leur contrat sans passion, comme l’ont fait avant eux tant d’autres équipes disputant le match pour la troisième place? Quand on a entrevu le paradis, tout le reste paraît bien fade . . . Par ailleurs Hidalgo a sous la main des garçons qui, depuis le début du tournoi, piaffent d’impatience et n’attendent qu’une chose: qu’on leur donne leur chance. Eh bien ils l’auront, à charge pour eux de démontrer qu’ils valent bien les titulaires. Une façon comme une autre de secouer le cocotier . . .
Cette vision de la situation aura du bon: elle permettra de constater que, dans la controverse sur les gardiens de buts - Ettori ou Castaneda? -, le sélectionneur de l’équipe de France n’a peut-être pas eu tort de porter son choix sur le portier monégasque. Et que Jean-François La- rios, en dépit de toutes ses qualités, n’est pas près de faire oublier Michel Platini ou Alain Giresse. Accessoirement, que Philippe Mahut vaut sans doute mieux que ce qu’il a montré contre l’Irlande et la Belgique dans les phases de qualification, et qu’un Bruno Bellone en forme est invariablement meilleur qu’un Didier Six moyen. Ces leçons méritaient bien que l’on tente l’expérience, non? C’est entendu, une équipe de France bis a perdu cette rencontre contre la Pologne, et elle ne passera pas à la postérité comme la meilleure des formations perdantes de ce Mundial 82. Mais perdant pour perdant ... A l’occasion de cette escapade espagnole, Hidalgo et sa bande auront gagné un pari que l’on croyait démesuré: ils ont prouvé au monde que l’équipe de France avait des joueurs capables de soutenir la comparaison avec les tout meilleurs, qu’elle avait une conception de jeu originale, spectaculaire, mais qui pouvait aussi être efficace, enfin qu’elle n’avait pas dit en Espagne son dernier mot: on entendrait reparler d’elle dans l’avenir!
10 juillet 1982
Estadio José Rico Pérez Alicante
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