Tuesday, March 9, 2021

Amical 1981 Bresil Irllande

23 Septembre 1981

Estádio Estádio Rei Pelé, Maceió

 

Rei_Pele_A.jpg.8151c64974eeffb72c2321d692203ed3.jpg

 


 Troisième qualifié pour le Mundial 82 : le Brésil. Après l'Espagne, pays organisateur, et l'Argentine, détentrice du trophée. Premiers qualifiés après éliminatoires, les porteurs du scintillant et légendaire maillot or et vert n'ont pas eu beaucoup de mal pour vaincre, à deux reprises, et la Bolivie et le Venezuela : 2-1 et 3-1 contre la première, 1 -0 et 5 -0 contre le second. Bolivie et Venezuela sont à l'Amérique du Sud, il est vrai, ce que le Luxembourg et la Norvège sont à l'Europe. Il a néanmoins fallu quelques penalties pour que Zico et ses amis parviennent à perforer les défenses super-renforcées qui leur étaient opposées.
Voilà en tout cas une bonne chose de faite : pour la douzième fois consécutive, les Brésiliens participeront à une phase finale de Coupe du Monde. Record absolu. Mais une chose est de se qualifier dans un groupe aussi facile que celui du Brésil, une autre est de se préparer valablement pour le festin final. Et le géant brésilien, poussé par son armada de supporters et de journalistes fanatisés, a faim. Faim d'un quatrième titre, faim d'une quatrième é toile à broder au de ssus de son écusson. 

 

1742880332_Brasil-----393(3).thumb.jpg.24c36839d8a34a4e37470383202c51fa.jpg

 

 Et depuis que Télé Santana a pris les choses en main, on envisage très sérieusement la question. En quelques matches, le successeur de Claudio Coutinho est devenu le meilleur ami de ceux qui ne doutaient pas un instant de son éviction prochaine. Au mois de juin, Télé n'avait pas obtenu de bons résultats. « C'est un entraîneur de club, disait-on de lui, il n'a pas la dimension internationale, il est très bon... pour entraîner les juniors. » Six mois plus tard, c'est un concert unanime de louanges. Télé n'a modifié ni sa tactique.ni les joueurs qui ont sa confiance, mais a réussi quelques bonnes performances. Cela suffit. L'art de retourner sa veste est un art universel. L'Europe reste cependant le grand complexe du Brésil. En football comme en culture, comme en politique. Non un complexe d'infériorité, mais une sorte de complexe de différence, qui fait des plus doués footballeurs de la planète des joueurs parfois peu sûrs d'eux-mêmes. Voilà pourquoi les Brésiliens, traditionnellement, effectuent un tour d'Europe un an avant la Coupe du Monde. A quelques éléments près, Télé Santana emmènera avec lui ces nouveaux joueurs qui ont enthousiasmé Montevideo en janvier dernier. Une équipe allègre, enthousiaste et spontanée qui ne rappellera que de loin l'équipe défensive, calculatrice et mesquine qu'avait mise sur pied le capitaine Coutinho en vue du Mundial argentin. Une équipe où subsistent encore par intermittence, Oscar, Edinho, Toninho Cerezo, Reinaldo et Zico. Un Zico qui brûle de montrer enfin sa valeur au plus haut niveau. Contacté par Milan A.C., l'enfant chéri de Rio restera finalement au Brésil jusqu'à la Coupe du Monde : grâce à une souscription nationale (près de 700 millions de centimes annuels) et à l'intervention du président de la République. Il manquera Batista, victime d'une fracture du tibia : six mois d'absence forcée pour le milieu de terrain défen-sif de l'Intemacional de Porto Alegre. Il manquera Falcâo, que l'A.S. Roma ne consentira pas à libérer. Télé profitera d'ailleurs peut-être de cette tournée pour procéder à quelques essais, mais il ne faut tout de même pas s'attendre à de grosses surprises : « Des jeunes peuvent se révéler d'ici l'Espagne, déclarait récemment Santana. Je leur donnerai leur chance. Cette politique commencera avec notre voyage en Europe et se poursuivra jusqu'en 1982. J'espère, en effet, confronter ma sélection avec des équipes fortes comme l'Argentine et l'Uruguay. »

 

107105390_Brasil1981-----966(1).thumb.jpg.869bc76c1c855e472ffffb18538894f9.jpg

 Une luxation du coude de Carlos, le gardien de Ponte Prêta, aura un moment propulsé le prédicateur baptiste Joâo Leite dans les buts de la sélection brésilienne (au fond desquels il prend toujours soin de déposer une bible porte-bonheur). Mais le dernier rempart de l'Atletico Mineiro a commis quelques bévues et c'est finalement Valdir Ferez de Sâo Paulo F.C., que Télé Santana a retenu pour les éliminatoires. Il est cependant probable que Carlos récupérera son poste de titulaire. Quant à Leâo, qui joue actuellement au Gremio de Porto Alegre, il retrouvera sa place... à condition de se montrer le meilleur. C'est du moins ce que déclare Télé, pour couper court à tout commentaire sur les rapports tendus entre Leâo et la C.B.F. Le Mundialito aura eu le mérite de révéler trois défenseurs dont les adversaires du Brésil devront se méfier. A droite, le petit Edevaldo, vingt-trois ans, rappelle le prestigieux Djalrna Santos. Pour son efficacité défensive, certes, mais surtout pour son instinct offensif : montées le (suite de la p. 39) long de la ligne de touche, ponctuées de tirs redoutables. Rapide et d'une promptitude semblable à celle d'un félin, l'arrière latéral de Flu s'impose indiscutablement à la place d'un Nelinho qui n'avait guère plus pour lui que sa force de frappe. A gauche, et lui aussi hanté du démon de l'offensive, Leovigildo Gama, alias Junior. International olympique en 1976, Junior n'est paî un inconnu pour ceux qui suivent de près le football brésilien. Bientôt vingt-sept ans, champion du Brésil Tan dernier avec Flamengo, Junior a dû patienter avant de connaître les joies et les misères de la sélection. Mais aujourd'hui, les spécialistes en font le défenseur nn 1 du Brésil pour sa grande virtuosité technique, son efficacité dans la conquête du ballon, sa constante mobilité et sa propension à se muer en milieu de terrain supplémentaire.

 

727710206_Brasil-----393(6).thumb.jpg.97f1a6dbddbac2728eb0208ffd458605.jpg

 

 Toujours prêt à appuyer un partenaire, toujours là en embuscade pour tirer au but, ce Junior. Et d'une correction exemplaire! De ce point de vue, l'arrière central Luizinho est mieux qu'un exemple : un modèle. Il faut voir avec quelle délicatesse ce longiligne athlète de vingt-deux ans substilise la balle dans les pieds des attaquants les plus fougueux. Peut-être se risquera-t-il, c'est vrai, à commettre une obstruction en cas d'extrême limite : personne n'est parfait. Mais son élégance, sa fausse lenteur, son intelligence dans le placement, font du défenseur central de l'Atletico Mineiro (vice-champion du Brésil Tan passé), le successeur désigné d'Amaral, qui éprouve toutes les peines du monde à retrouver sa forme de 1978. Voilà en tout cas, trois défenseurs qui feront parler d'eux en Espagne. C'est peut-être un signe des mauvais temps actuels d'avoir à chercher les nouveaux « cracks » brésiliens dans le secteur défensif, mais on peut toujours se consoler en admirant leur sens inné du but adverse, leur vertuosité et leur ingéniosité dans la contre-attaque. Sautons le milieu de terrain, où aucune révélation ne s'est manifestée depuis 1978 pour absorber le délicat problème de l'attaque, un secteur où l'on peut moins se montrer dithyrambique : tant sur Je plan tactique que sur celui des individus.

Tita, l'ailier droit, joue à Flamengo. De temps à autre, Télé Santana fait appel à lui. C'est une sorte de onzième homme et demi, ni tout à fait titulaire, ni tout à fait remplaçant. Le problème, avec cet attaquant de vingt-trois ans, c'est ce poste de faux ailier qui entretient l'ambiguïté et empêche l'équipe du Brésil de se montrer résolument offensive. Dommage, car Tita n'est pas non plus un véritable milieu de terrain : sa vision du jeu manque d'imagination, son sens créateur est limité. Pourtant, Tita révèle de solides qualités dans l'opportunisme et l'abattage. Pour le docteur Brasileiro de Souza Sampajo de Oliveira, plus connu sous le nom de Socratès, l'ambiguïté également demeure : le capitaine de la sélection brésilienne est-il un avant-centre ou un milieu de terrain? Dans une équipe européenne, Socratès aurait du mal à trouver sa place. Non en raison de sa technique, car cet inélégant filiforme a des dribbles étonnants, style râteaux et passements de jambes, à la manière de notre Bossis national. Mais l'homme de confiance de Télé Santana occupe en réalité une fonction de deuxième avant-centre qui n'est guère de mise en Europe. Au Brésil, on nomme un tel joueur « armador », l'homme de la dernière passe, celui qui fait don de la balle au buteur, le « ponta de lança ». C'est pourtant ce rôle de buteur qu'il occupe dans son club, les Corinthians de Sâo Paulo. En somme, Socratès et Zico font un peu double emploi : ni vraiment avants-centres, ni vraiment milieux de terrain, ni l'un ni l'autre. Mais Télé Santana ne saurait se passer des deux plus grandes stars du football brésilien actuel. D'autant que le docteur Socratès, qui a su réellement mener de front ses études de médecine et la pratique professionnelle du football, aura vingt-six ans au mois d'août prochain : son éducation, sa formation intellectuelle et sa maturité en font un capitaine tout désigné pour conduire ses partenaires sur le chemin d'un quatrième titre. De temps en temps, Serginho fait office d'avant-centre. Mais le manque de vivacité du n" 9 de Sâo Paulo le condamne à un rôle de « joker » : on mise surtout, hélas, sur sa haute taille et son jeu de tête. Pas d'ambiguïté en revanche pour Zé Sergio : l'ailier gauche de Sâo Paulo Futebol Club est un spécialiste du débordement. Enfin ! Dans la lignée de Garrincha, ce droitier déplacé s'ingénie à en faire voir de toutes les couleurs à son adversaire direct, avant de placer une accélération aussi foudroyante qu'irrésistible. Virtuose du dribble, bien planté sur des jambes puissantes, le neveu de Rivelino est sans conteste l'attaquant le plus incisif que le Brésil ait produit depuis Jaïrzinho et consorts. Zé Sergio, qui n'a que vingt-quatre ans, peut encore progresser.

 

1913607050_Brasil1981-----966(5).thumb.jpg.04e3abaeedc5d510fd8bc89a2a9a2da6.jpg

 

Edeveldo, Junior, Luizinho, Socratès, Zé Sergio : un quintette bossa-nova pour une musique pleine d'allégresse, de joie de vivre, de créer, de marquer des buts. Derrière lui, on aperçoit la tête toujours souriante du défenseur Getulio (vingt-sept ans), celle de Re-nato (vingt-quatre ans), qu'on prendrait volontiers pour Zico, ou bien encore Eder (vingt-quatre ans) dont la puissance peut parfois réussir quand échoue la virtuosité de Zé Sergio. Ce sont les nouveaux du banc de touche. Tous les jeunes « cracks » attestent qu'au pays du football-roi, le renouvellement des grands joueurs s'effectue dans une sorte de génération spontanée et permanente. Encore faut-il savoir les stimuler. Et comment le stimuler mieux qu'en faisant pratiquer à l'équipe nationale un football libéré et joyeux. En un mot : offensif. Malheureusement, après la triomphale Coupe du Monde 1970, le football brésilien est entré dans une phase de régression qui a duré dix ans, dix ans de deuil marqués par le retrait du roi Pelé. On efface pas d'un coup dix ans de traumatisme. Il semble pourtant qu'avec Télé Santana et ses nouveaux champions, le Brésil tente aujourd'hui de retrouver ses racines. Avec quelques lacunes, certes, dont l'absence d'ailier droit véritable est sans doute la plus criante. D'autre part, le « tecnico » de la sélection est plutôt favorable aux joueurs polyvalents. Mais en pratiquant l'offensive, un nouveau Garrincha ne manquera pas de naître, qui indiquera, dès lors, la voie d'un quatrième titre de champion du monde. Tous les Brésiliens sont d'accord là-dessus : il faudrait que ce prodige se révèle avant 1982.. Le temps presse !

 

Frd_1981_Bras_Irl.Thewildunch22_2Hlf.thumb.jpg.c34d65bb47ad7df74a450c35940b3f79.jpg

 

Frd_1981_Bras_Irl.Thewildunch22_1Hlf.thumb.jpg.16b1f8efd82f2ea77e65cd5123f9554c.jpg 

No comments:

Post a Comment

NO LINKS ALLOWED