Wednesday, April 12, 2023

Coupe des Clubs Champions 1975 1976 Real Madrid Bayern München

  On ne prête qu'aux riches. Sans doute parce que le Real Madrid possède la vitrine aux trophées la mieux remplie, le destin le flatte de ses largesses. Après lui avoir offert les visites de Derby et Moenchengladbach, deux des loups les plus ambitieux du football européen, il lui envoie le Bayern de Munich, Mohammed Ali du ballon rond, pour son cadeau de demi-finale.
 Le vieux président du Real, Don Santiago Bernabeu, a promis ces derniers temps qu'il se retirerait dès que son club ne serait plus engagé en Coupe d'Europe. Or son club court vers un nouveau titre de champion d'Espagne. À 81 ans, l'homme qui a bâti l'un des clubs les plus prestigieux du monde, n'est pas fatigué. Il est lucide et il dit, comme s'il pressentait le geste du spectateur fou qui va frapper l'arbitre : « La Coupe d'Europe est devenue quelque chose d'incontrôlable. Tout le monde s'en mêle. Nous allons encore battre un record à l'occasion de cette demi-finale contre le Bayern, mais j'aimerais que tout le monde retrouve un peu de mesure. Ah, que la Coupe d'Europe était belle il y a vingt ans ! »


Semi Final, First Leg
31 March 1976
Santiago Bernabéu

C'est vrai que le réalisme a pris le pas sur l'aventure, le Bayern de Munich étant le champion de la nouvelle méthode. Persuadés d'ailleurs que les Bavarois vont fermer la porte et jouer les attentistes, les journaux espagnols prévoient que « ce ne sera pas un beau match ». 125 000 spectateurs n'en croient pas un mot. A eux tous, ils savent bien qu'ils porteront leur Real vers la lumière et peut-être vers la gloire. Malheureusement pour lui, le Real a épuisé contre Moenchengladbach son capital de chance. Déjà privé de Breitner et Pirri avant le coup d'envoi, il perd sur le terrain et Velasquez (claquage à la cuisse) et Roberto Martinez (fractures du nez dans un choc avec Maier). Auparavant, il a joué de manière éblouissante pendant une demi-heure, marquant un but superbe par Roberto Martinez (8e minute) et gênant énormément le Bayern par son rythme très élevé.

 Mais la sortie de Velasquez et le but madrilène vont influer sur le cours des choses. Mené à la marque, le Bayern ne peut plus rester dans son terrier. Le renard pointe donc son museau et entreprend d'aller humer le bon air des grands espaces. On voit Beckenbauer abandonner sa tour d'ivoire et multiplier les sorties audacieuses. Dans cet exercice de créateur offensif, le Kaiser est un maître. Son aisance technique, son jugement lumineux des situations lui donnent une grande marge de sécurité. La présence rassurante de Gerd Muller aux avant-postes l'encourage à appuyer ses actions. Depuis que « le gros » est revenu dans l'équipe, celle-ci n'a perdu qu'une seule rencontre. Il est là, avec sa démarche d'ours mal léché, ses grosses cuisses et son derrière qui traîne. Il laisse faire le temps, encourageant son garde du corps Benito à prendre des initiatives, le confortant dans l'idée qu'il est le plus fort. A l'autre bout du terrain, Sepp Maier vient de réussir un prodigieux arrêt sur un tir de Roberto Martinez. Gerd Muller a compris, la balle est pour lui. Un jaillissement à la limite du hors-jeu, une feinte accentuée par les deux coudes en saillie pour faire exploser Benito et adieu Berthe ! Le tir du monstre laisse Miguel Angel le nez dans le gazon.

 Plus tard, Benito expliquera que Muller « travaille beaucoup avec les coudes ». Interrogé, le gros Gerd répondra qu'il ne se souvient pas mais qu'en tout état de cause « sortir les ailerons au bon moment fait partie du jeu ». Pour un bombardier, cela paraît en effet tout indiqué. Est-ce cette sortie d'ailerons, est-ce le caractère froid et calculateur du Bayern, toujours est-il qu'un spectateur madrilène jaillit sur le terrain au coup de sifflet final et frappe successivement Muller et l'arbitre autrichien M. Linnemayer. Il faut que Maier neutralise lui-même l'excité avant que les policiers n'arrivent. « Décourageants ces Munichois, écrit France-Football. Implacables, sérieux, froids, efficaces. De vrais professionnels de notre temps, hautains, intouchables sur le terrain comme en dehors. » « Les Bavarois vont réussir à égaler Ajax parce qu'ils sont les plus forts, ajoute France-Soir. Pas les plus beaux. Et parce qu'ils ont un portefeuille à la place du cœur. »

repost lien mort retrouvé
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Ch.Lg.1975.1976.Rl.Bay.Thewildbunch22.mkv
940.25 Mo https://1fichier.com/?lua0ket9mw4lupcnz8jf


Goals:    1-0 Roberto Martínez 7´, 1-1 Müller 43´.
Real;
Miguel Angel, Sol, Rubiñán, Del Bosque, Camacho, Amancio, Netzer,
Velázquez (Vitoria 35´), Santillana, Roberto Martínez (Guerini 64´).
Bayern;
Maier, Horsmann, Neckenbauer, Hansen, Schwarzenbeck,
Durberger, Rummenige, Hoëness, Kapellmann, Müller, Roth.




















  A l'issue du match aller de la demi-finale de Real Madrid-Bayern Munich, les pronostics étaient largement en faveur des Allemands. Leur prestation chez les Espagnols avait en effet laissé apparaître une telle supériorité technique et tactique qu'un renversement sur le stade olympique le 14 avril eût été des plus miraculeux, même si le Real avait réussi le 3 mars un extraordinaire match nul (deux buts partout) contre Mônchengladbach. D'ailleurs, après neuf minutes de jeu seulement, en cette belle soirée du 14 avril, les jeux étaient faits. Une série de dribbles de Dùrnberger, (ragaillardi le matin même du match par l'annonce de sa première sélection en vue du match de Coupe des Nations Espagne-Allemagne Fédérale disputé à Madrid le 24 avril), une courte passe à Gerd Mùller, un tir en force sous la barre, un plongeon désespéré de Miguel Angel le gardien madrilène et le score de un but à zéro s'inscrit sur le tableau d'affichage en faveur du Bayern. 75 000 spectateurs laissent éclater leur joie : pour eux comme pour tous les journalistes présents, la qualification ne peut plus échapper aux joueurs en maillot rouge. D'ailleurs les offensives ne vont pas cesser durant toute la première mi-temps ; seule la malchance empêchait Mùller d'inscrire de nouveaux buts. 

 Ce dernier, à la trente et unième minute devait quand même parvenir à aggraver la marque d'une manière tout à fait personnelle. Le dos au but, entouré de trois joueurs madrilènes, il reçoit un ballon de l'omniprésent Kapellmann. Un dribble en pivot suivi d'un tir sans élan et le ballon pénètre une nouvelle fois dans le but de Miguel Angel : un shoot comme Mùller en a exécuté des dizaines de fois. La seconde période n'allait rien donner de positif quant au score. En revanche la domination qu'allait exercer le Bayern laissait entrevoir sa très grande maturité dans la conservation d'un résultat. La balle courait de pied en pied et les Madrilènes s'époumonnaient à vouloir la reprendre. Les Allemands montraient à ce moment-là qu'il ne faisait pas bon être mené au score face à eux. Le coup de sifflet final donné par l'arbitre ouvrait enfin les portes de Glasgow à une équipe qui n'aura pas connu, cette saison, de grandes difficultés en Coupe d'Europe. En seizième, ce sont les modestes Luxembourgeois d'Esch-sur-AIzette qui firent les frais du rouleau compresseur allemand : cinq buts chez eux (deux de Zobel, deux de Rum-menigge et un de Schuster) et trois à Munich (hat-trick de Schuster remplaçant alors Mùller indisponible). Pour les huitièmes, les choses allaient légèrement se compliquer face aux Suédois de Malmô F.F. Le match aller se soldait par une défaite chez les Nordiques (0-1), mais devant 50 000 spectateurs au stade olympique, Dùrnberger et Tortens-son remettaient les montres à l'heure et qualifiaient l'équipe pour les quarts de finale. 

 C'était au tour de Benfica de connaître l'affront de l'élimination. Résultat nul à Lisbonne (0-0) et victoire écrasante à Munich (1-5) grâce aux buts de Dùrnberger et Mùller enfin rétabli (deux chacun) et un •• auto-goal » du Portugais Barros. Enfin en demi-finale, Gerd Mùller « plantait » les trois buts libérateurs. Avec ce tour d'horizon, il ne faut pas sous-estimer la défense merveilleusement commandée par Beckenbauer, la plus hermétique cette saison avec celle de l'A.S. Saint-Etienne. Est-ce à dire que la finale verra s'opposer deux équipes défensives ? Certainement pas, vu les possibilités constructives des deux formations. La bataille sera gigantesque au milieu du terrain. Car les Allemands jouent d'une manière très homogène et si les éclairs de génie sont très rares, la solidité de l'équipe est impressionnante. Dans les buts, Sepp Maïer ne connaît pas beaucoup de passages à vide : le rideau défensif tiré devant lui étant quand même un atout majeur pour la réussite. Les arrières latéraux Hansen et Horsmann pratiquent un marquage individuel très strict ainsi que Schwarzenbeck le stoppeur. Beckenbauer, le libero, n'est plus à présenter : attention comme toujours à ses montées. Les Stéphanois se rappelleront de son but l'an dernier à Munich. Le jeu du grand Franz n'a pas changé. Au milieu du terrain, les joueurs de valeur ne manquent pas : Roth, Hoeness, Kapellmann, Dùrnberger et même Mùller qui revient sans cesse chercher le ballon pour l'apporter devant. Seul en pointe, le grand Rummenigge ne se replie pas...
Le rythme de l'équipe est loin d'avoir la même intensité que celui des « Verts » : le Bayern chercherait plutôt à casser le jeu. Les Allemands endorment l'adversaire pour mieux porter leur coup d'accélérateur, alors déterminant. Mais depuis le Dynamo de Kiev, Saint-Etienne sait que ce genre d'équipe n'est pas infaillible. Les joueurs de Munich en sont conscients. « Ils avaient très bien joué l'an dernier à Munich, alors cette fois-ci ce sera encore très dur » (Mùller) ; « Avec St-Etienne, ce sera au moins aussi difficile que contre le Real » (Beckenbauer): « Je me réjouis de voir les Verts en finale, d'autant plus que je connais bien Larqué. » (Kapellmann). Stéphanois, vous êtes attendus, vous voilà prévenus !

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