On
ne prête qu'aux riches. Sans doute parce que le Real Madrid possède la
vitrine aux trophées la mieux remplie, le destin le flatte de ses
largesses. Après lui avoir offert les visites de Derby et
Moenchengladbach, deux des loups les plus ambitieux du football
européen, il lui envoie le Bayern de Munich, Mohammed Ali du ballon
rond, pour son cadeau de demi-finale.
Le
vieux président du Real, Don Santiago Bernabeu, a promis ces derniers
temps qu'il se retirerait dès que son club ne serait plus engagé en
Coupe d'Europe. Or son club court vers un nouveau titre de champion
d'Espagne. À 81 ans, l'homme qui a bâti l'un des clubs les plus
prestigieux du monde, n'est pas fatigué. Il est lucide et il dit, comme
s'il pressentait le geste du spectateur fou qui va frapper l'arbitre : «
La Coupe d'Europe est devenue quelque chose d'incontrôlable. Tout le
monde s'en mêle. Nous allons encore battre un record à l'occasion de
cette demi-finale contre le Bayern, mais j'aimerais que tout le monde
retrouve un peu de mesure. Ah, que la Coupe d'Europe était belle il y a
vingt ans ! »
Demie Finale Aller
31 Mars 1976
Santiago Bernabéu
31 Mars 1976
Santiago Bernabéu
C'est
vrai que le réalisme a pris le pas sur l'aventure, le Bayern de Munich
étant le champion de la nouvelle méthode. Persuadés d'ailleurs que les
Bavarois vont fermer la porte et jouer les attentistes, les journaux
espagnols prévoient que « ce ne sera pas un beau match ». 125 000
spectateurs n'en croient pas un mot. A eux tous, ils savent bien qu'ils
porteront leur Real vers la lumière et peut-être vers la gloire.
Malheureusement pour lui, le Real a épuisé contre Moenchengladbach son
capital de chance. Déjà privé de Breitner et Pirri avant le coup
d'envoi, il perd sur le terrain et Velasquez (claquage à la cuisse) et
Roberto Martinez (fractures du nez dans un choc avec Maier). Auparavant,
il a joué de manière éblouissante pendant une demi-heure, marquant un
but superbe par Roberto Martinez (8e minute) et gênant énormément le
Bayern par son rythme très élevé.
Mais
la sortie de Velasquez et le but madrilène vont influer sur le cours
des choses. Mené à la marque, le Bayern ne peut plus rester dans son
terrier. Le renard pointe donc son museau et entreprend d'aller humer le
bon air des grands espaces. On voit Beckenbauer abandonner sa tour
d'ivoire et multiplier les sorties audacieuses. Dans cet exercice de
créateur offensif, le Kaiser est un maître. Son aisance technique, son
jugement lumineux des situations lui donnent une grande marge de
sécurité. La présence rassurante de Gerd Muller aux avant-postes
l'encourage à appuyer ses actions. Depuis que « le gros » est revenu
dans l'équipe, celle-ci n'a perdu qu'une seule rencontre. Il est là,
avec sa démarche d'ours mal léché, ses grosses cuisses et son derrière
qui traîne. Il laisse faire le temps, encourageant son garde du corps
Benito à prendre des initiatives, le confortant dans l'idée qu'il est le
plus fort. A l'autre bout du terrain, Sepp Maier vient de réussir un
prodigieux arrêt sur un tir de Roberto Martinez. Gerd Muller a compris,
la balle est pour lui. Un jaillissement à la limite du hors-jeu, une
feinte accentuée par les deux coudes en saillie pour faire exploser
Benito et adieu Berthe ! Le tir du monstre laisse Miguel Angel le nez
dans le gazon.
Plus
tard, Benito expliquera que Muller « travaille beaucoup avec les coudes
». Interrogé, le gros Gerd répondra qu'il ne se souvient pas mais qu'en
tout état de cause « sortir les ailerons au bon moment fait partie du
jeu ». Pour un bombardier, cela paraît en effet tout indiqué. Est-ce
cette sortie d'ailerons, est-ce le caractère froid et calculateur du
Bayern, toujours est-il qu'un spectateur madrilène jaillit sur le
terrain au coup de sifflet final et frappe successivement Muller et
l'arbitre autrichien M. Linnemayer. Il faut que Maier neutralise
lui-même l'excité avant que les policiers n'arrivent. « Décourageants
ces Munichois, écrit France-Football. Implacables, sérieux, froids,
efficaces. De vrais professionnels de notre temps, hautains,
intouchables sur le terrain comme en dehors. » « Les Bavarois vont
réussir à égaler Ajax parce qu'ils sont les plus forts, ajoute
France-Soir. Pas les plus beaux. Et parce qu'ils ont un portefeuille à
la place du cœur. »
Nothing New on that one just a repost to celebrate the return of der Klassiker; El Clasico,
aka the best ever champions league clashes since 1976
Ch.Lg.1975.1976.Rl.Bay.Thewildbunch22.mkv
940.25 Mo https://1fichier.com/?lua0ket9mw4lupcnz8jf
Goals: 1-0 Roberto Martínez 7´, 1-1 Müller 43´.
Real;
Miguel Angel, Sol, Rubiñán, Del Bosque, Camacho, Amancio, Netzer,
Velázquez (Vitoria 35´), Santillana, Roberto Martínez (Guerini 64´).
Bayern;
Maier, Horsmann, Neckenbauer, Hansen, Schwarzenbeck,
Durberger, Rummenige, Hoëness, Kapellmann, Müller, Roth.
Real;
Miguel Angel, Sol, Rubiñán, Del Bosque, Camacho, Amancio, Netzer,
Velázquez (Vitoria 35´), Santillana, Roberto Martínez (Guerini 64´).
Bayern;
Maier, Horsmann, Neckenbauer, Hansen, Schwarzenbeck,
Durberger, Rummenige, Hoëness, Kapellmann, Müller, Roth.
A
l'issue du match aller de la demi-finale de Real Madrid-Bayern Munich,
les pronostics étaient largement en faveur des Allemands. Leur
prestation chez les Espagnols avait en effet laissé apparaître une telle
supériorité technique et tactique qu'un renversement sur le stade
olympique le 14 avril eût été des plus miraculeux, même si le Real avait
réussi le 3 mars un extraordinaire match nul (deux buts partout) contre
Mônchengladbach. D'ailleurs, après neuf minutes de jeu seulement, en
cette belle soirée du 14 avril, les jeux étaient faits. Une série de
dribbles de Dùrnberger, (ragaillardi le matin même du match par
l'annonce de sa première sélection en vue du match de Coupe des Nations
Espagne-Allemagne Fédérale disputé à Madrid le 24 avril), une courte
passe à Gerd Mùller, un tir en force sous la barre, un plongeon
désespéré de Miguel Angel le gardien madrilène et le score de un but à
zéro s'inscrit sur le tableau d'affichage en faveur du Bayern. 75 000
spectateurs laissent éclater leur joie : pour eux comme pour tous les
journalistes présents, la qualification ne peut plus échapper aux
joueurs en maillot rouge. D'ailleurs les offensives ne vont pas cesser
durant toute la première mi-temps ; seule la malchance empêchait Mùller
d'inscrire de nouveaux buts.
Ce
dernier, à la trente et unième minute devait quand même parvenir à
aggraver la marque d'une manière tout à fait personnelle. Le dos au but,
entouré de trois joueurs madrilènes, il reçoit un ballon de
l'omniprésent Kapellmann. Un dribble en pivot suivi d'un tir sans élan
et le ballon pénètre une nouvelle fois dans le but de Miguel Angel : un
shoot comme Mùller en a exécuté des dizaines de fois. La seconde période
n'allait rien donner de positif quant au score. En revanche la
domination qu'allait exercer le Bayern laissait entrevoir sa très grande
maturité dans la conservation d'un résultat. La balle courait de pied
en pied et les Madrilènes s'époumonnaient à vouloir la reprendre. Les
Allemands montraient à ce moment-là qu'il ne faisait pas bon être mené
au score face à eux. Le coup de sifflet final donné par l'arbitre
ouvrait enfin les portes de Glasgow à une équipe qui n'aura pas connu,
cette saison, de grandes difficultés en Coupe d'Europe. En seizième, ce
sont les modestes Luxembourgeois d'Esch-sur-AIzette qui firent les frais
du rouleau compresseur allemand : cinq buts chez eux (deux de Zobel,
deux de Rummenigge et un de Schuster) et trois à Munich (hat-trick de
Schuster remplaçant alors Mùller indisponible). Pour les huitièmes, les
choses allaient légèrement se compliquer face aux Suédois de Malmô F.F.
Le match aller se soldait par une défaite chez les Nordiques (0-1), mais
devant 50 000 spectateurs au stade olympique, Dùrnberger et Tortens-son
remettaient les montres à l'heure et qualifiaient l'équipe pour les
quarts de finale.
C'était
au tour de Benfica de connaître l'affront de l'élimination. Résultat
nul à Lisbonne (0-0) et victoire écrasante à Munich (1-5) grâce aux buts
de Dùrnberger et Mùller enfin rétabli (deux chacun) et un •• auto-goal »
du Portugais Barros. Enfin en demi-finale, Gerd Mùller « plantait » les
trois buts libérateurs. Avec ce tour d'horizon, il ne faut pas
sous-estimer la défense merveilleusement commandée par Beckenbauer, la
plus hermétique cette saison avec celle de l'A.S. Saint-Etienne. Est-ce à
dire que la finale verra s'opposer deux équipes défensives ?
Certainement pas, vu les possibilités constructives des deux formations.
La bataille sera gigantesque au milieu du terrain. Car les Allemands
jouent d'une manière très homogène et si les éclairs de génie sont très
rares, la solidité de l'équipe est impressionnante. Dans les buts, Sepp
Maïer ne connaît pas beaucoup de passages à vide : le rideau défensif
tiré devant lui étant quand même un atout majeur pour la réussite. Les
arrières latéraux Hansen et Horsmann pratiquent un marquage individuel
très strict ainsi que Schwarzenbeck le stoppeur. Beckenbauer, le libero,
n'est plus à présenter : attention comme toujours à ses montées. Les
Stéphanois se rappelleront de son but l'an dernier à Munich. Le jeu du
grand Franz n'a pas changé. Au milieu du terrain, les joueurs de valeur
ne manquent pas : Roth, Hoeness, Kapellmann, Dùrnberger et même Mùller
qui revient sans cesse chercher le ballon pour l'apporter devant. Seul
en pointe, le grand Rummenigge ne se replie pas...
Le
rythme de l'équipe est loin d'avoir la même intensité que celui des «
Verts » : le Bayern chercherait plutôt à casser le jeu. Les Allemands
endorment l'adversaire pour mieux porter leur coup d'accélérateur, alors
déterminant. Mais depuis le Dynamo de Kiev, Saint-Etienne sait que ce
genre d'équipe n'est pas infaillible. Les joueurs de Munich en sont
conscients. « Ils avaient très bien joué l'an dernier à Munich, alors
cette fois-ci ce sera encore très dur » (Mùller) ; « Avec St-Etienne, ce
sera au moins aussi difficile que contre le Real » (Beckenbauer): « Je
me réjouis de voir les Verts en finale, d'autant plus que je
connais bien Larqué. » (Kapellmann). Stéphanois, vous êtes attendus,
vous voilà prévenus !
Merci!
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