Tuesday, April 20, 2021

Ligue des Champions 1991 1992 Marseille Sparta Prague Aller

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Les temps sont durs pour un Sparta qui n’est plus le petit chouchou du régime, et qui ne peut plus calmer les appétits de quelques-uns de ses meilleurs joueurs, courtisés par l’étranger. Les Skurhavy, Bilek, Hasek, qui gagnent à peine 2 000 francs par mois pour défendre les couleurs grenat du Sparta, n’hésitent pas à émigrer vers les Eldorados du football européen (Italie, France, Espagne, Allemagne). Même les éléments les moins doués du club préfèrent aller tenter leur chance en Autriche pour des salaires presque dérisoires, mais autrement plus juteux qu’en Tchécoslovaquie. Le Sparta aurait pu toucher le jackpot lorsque, en mars 1990, le milliardaire Boris Korbel, qui a fait fortune aux Etats-Unis en y fabriquant des battes de base-bail, mais qui n’a pas oublié le club de ses premières amours, proposa ses dollars pour sortir son Sparta chéri du marasme. « Pas question de vendre le club au capitalisme », décréta le président sous la pression d’anciens responsables communistes qui ont toujours leur mot à dire. Josef Hlavacek, membre du comité directeur, avoue aujourd’hui : « Les propositions de Korbel ne nous semblaient pas très claires. A deux ans de la célébration du centenaire du Sparta, nous ne voulions pas qu’il devienne américain. » Déçu, Boris Korbel ira proposer ses millions au Slavia de Prague, le frère ennemi, l’ancien club des étudiants et de la bourgeoisie pragoise. Malmené par le régime depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Slavia acceptera la manne inespérée offerte par Korbel. Aujourd’hui, le Slavia a réussi à s’offrir les services du Yougoslave Binic, premier étranger de valeur à signer pour un club tchèque, alors que le Sparta tire toujours le diable par la queue (même si Nehoda, l’ancienne star du football tchécoslovaque, devenu manager général, a réussi le tour de force de dégoter 600 000 francs de budget du constructeur allemand Opel, l’œil largement ouvert sur un marché automobile balbutiant). C’est donc ce Sparta-là, un Sparta à la santé fragile, que les « seigneurs » de l’OM s’apprêtent à affronter. 

 

Huitièmes de finale Aller 

23 Octobre 1991 

Stade Vélodrome 


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1.9 Go
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Quand, au Stade-Vélodrome, un Olympique de Marseille souverain prend rapidement son envol contre le Sparta de Prague, personne n’imagine le cataclysme qui se prépare. L’OM s’est dégourdi les jambes au tour précédent en ne faisant qu’une bouchée de la paisible équipe de l’US Luxembourg. Cinq buts là-bas au Grand Duché et cinq autres à la maison, c’était la mort, sans phrase, du grand... douché du Luxembourg. Et l’OM s’imagine sans doute qu’il va continuer son jogging contre le Sparta. Le début de l’histoire confirme son impression. Pendant une heure, l’OM tricote un football de rêve. Tout y passe, tout ce qui touche à la perfection. Jeu à une seule touche de balle, vitesse, collectivisme inspiré, les Marseillais font de l’ombre à la lumière. Ils éblouissent, et l’on écarquille ses yeux lorsque Waddle ouvre le ban, lorsque JPP oublie qu’il vient d’offrir une balle de penalty aux bras de Petr Kouba pour mettre son front buté sur la trajectoire du ballon, lorsque Papin à nouveau tire la ligne d’un troisième but sur une ouverture d’Abedi Pelé. Trois à zéro. Les Tchèques vivent l’échec avec résignation. Marseille a retrouvé son trio magique : Pelé- Papin-Waddle et ne peut imaginer que le ciel, bientôt, va lui tomber sur la tête. Il y a, parfois, des choses qui ne sont inscrites dans aucune logique et qui échappent à la raison. « A 3-0, reconnaît Jean-Pierre Papin, on a pensé qu’on pouvait faire au Sparta ce que nous avions réalisé contre l’US Luxembourg. On s’est dit, tiens, on peut en mettre un ou deux de plus. Devant, ça tournait bien, et on s’est laissé griser par notre réussite. On a tout simplement oublié de défendre. » 

 

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La Coupe d’Europe ne pardonne rien. Une équipe qui refuse de défendre, c’est une équipe qui se fait hara-kiri, qui se condamne elle-même. Un filet qui s’effiloche, des Tchèques qui frétillent et qui goûtent miraculeusement à l’ivresse de l’air pur, un Boli qui assassine Frydek (penalty et but), un Mozer qui s’enraye et qui laisse Olmeta se dépatouiller avec le lévrier Nemecek (re-penalty et re-but) , et voilà l’OM cueilli par deux directs au foie qui le font grimacer. Si ce n’est pas un suicide, ça lui ressemble, et Bernard Tapie a bien raison de hurler sa colère. Car les joueurs du Sparta, véritables miraculés du Stade-Vélodrome, affichent largement sur leurs sourires la satisfaction du devoir accompli. Revenus de l’enfer, ils promettent aux Olympiens une course mouvementée au Stadion Letna, alors que le voyage de Prague n’aurait dû être qu’une gentille partie de campagne. A 3-2, l’Olympique de Marseille n’est plus du tout certain de s’embarquer dans le huit majeur de cette Coupe des champions new-look qui, dès le tour suivant, ouvre la porte à deux poules de quatre. 

 

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Huitièmes de finale Retour 

06 Novembre 1991 

Stade Letna 


erreur de match donc que l'aller

 

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Désormais, à Prague, il va falloir ramer à s’en tordre les biceps pour éviter le naufrage. Même si Jean-Pierre Papin, ne sacrifiant pas une seconde au silence des agneaux, ne cesse d’affirmer que l’OM se qualifiera. Dans la capitale tchèque, l’hiver n’est pas encore arrivé. Il règne une température clémente sur la Bohême lorsque « l’Ohème » débarque en Tchécoslovaquie. La confiance est toujours de rigueur dans le camp marseillais. Pourtant, Marseille vient de vivre un de ces chambardements dont il a le secret. Cette fois, tout s’est passé en douceur. Tomislav Ivic, l’entraîneur, a été écarté au profit de Raymond Goethals. Pas de coups de gueule, pas de déclarations fracassantes. On a mis cette éviction sur le compte de la situation politique en Yougoslavie. La guerre civile, qui ravage le pays depuis des semaines, minerait le moral du technicien croate qui aurait sollicité lui-même de prendre un certain recul par rapport aux affaires du football. Mais personne n’est dupe. C’est donc « papy » Goethals qui reprend du service pour tenter de sauver les meubles en Tchécoslovaquie. La situation ne paraît pas tout à fait désespérée. Le Sparta, en effet, ne roule pas sur l’or, et sa situation économique ne cesse d’inquiéter dans un pays où le football n’a pas négocié, au mieux de ses intérêts, le délicat virage de la révolution de velours. Le Sparta, c’était le club des pauvres, des ouvriers. L’équipe chérie de la nomenklatura communiste. Le régime ne mégotait pas ses subsides, qui transitaient par l’intermédiaire de la CKD, une entreprise d’Etat spécialisée dans l’industrie lourde. Et les joueurs du Sparta, les plus gâtés des faux amateurs du pays, ne se plaignaient pas de leur sort. Entre les dessous-de- table, les contrats bidon, les primes distribuées à propos de tout et de rien, ils arrondissaient très confortablement leurs fins de mois. Mais, depuis la grande lessive de l’hiver 1989, la Tchécoslovaquie veut laver toujours plus blanc et son football croit pouvoir s’offrir une virginité toute neuve en mettant ses gros sabots dans les pas d’un professionnalisme qui ne peut exister que dans une économie de marché. 

 

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Chez lui, à Prague, le Sparta va livrer un match énorme, un match sorti des tripes et du cœur, à grands coups d’énergie, d’audace, mais aussi d’intelligence et de sens tactique. En face, les Marseillais, installés douillettement sur leur nuage, n’en sont jamais redescendus, d’autant que les Tchèques ne les ont jamais laissés dérouler l’échelle de corde qui leur aurait permis d’atterrir en douceur. 
D’abord surpris par tant de hargne et de virtuosité, les joueurs de l’OM, désarçonnés, n’ont plus trouvé la force de prendre le mors aux dents et de mener la charge. Pourtant, l’OM de Goethals a misé sur la défense en ligne qui avait si bien réussi à Milan la saison passée. Cette fois, la cavalerie légère tchécoslovaque a suffisamment senti le coup pour bien assurer ses positions et déferler sans arrêt sur le côté gauche où Pascal Bails ne va plus savoir où donner des crampons. Tour à tour, Mistr, Kukleta, Nemecek et Siegl se retrouvent en tête à tête avec un Olmeta qui doit sortir le grand jeu pour ne pas subir d’affront. L’affront, c’est le milieu de terrain de l’OM, si souvent impérial, qui le connaît ce soir-là sans donner l’impression d’inverser la tendance. Il est désorganisé, fébrile, sans consistance aucune, au point de se faire complètement dévorer par la mâchoire tchèque. Et personne ne sera surpris de voir Frydek décocher un tir victorieux à la 38e minute. Pendant ce temps, Petr Kouba, le jeune gardien de Prague, fils de l’ex-portier d’Angoulême, qui a passé les quatre premières années de sa vie en France, n’a strictement rien eu à faire. Sans peur jusque-là, il sera sans reproche jusqu’au bout. 
 

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