Estadio de Mestalla,
Valencia
Valencia CF, SAD (R. Benítez) Cañizares - Curro Torres, Ayala, Djukic, Carboni - Angulo (Rufete, 84'), Albelda, De los Santos, Vicente - Aimar (Ilie, 76'), Carew (Salva, 64')
Real Madrid CF (V. Del Bosque) Casillas - Míchel Salgado (Geremi, 69'), Hierro, Karanka, Roberto Carlos, Makelele, Flavio Conceição (Savio, 69') - Figo, Zidane, Raúl - Morientes (Guti, 60').
Ruisselant de sueur, indifférent au tumulte qui règne sur la pelouse du stade Juan Antonio Samaranche de Vidy, Loïc Chavériat a du mal à cacher sa déception. L'ex-Stéphanois qui a signé cette saison à Lausanne-Sports, n'a pu récupérer le premier maillot de Zidane, comme il se l'était pourtant promis avant ce match amical exceptionnel face aux stars du Real . Traquée par la meute hystérique de ses fans, la nouvelle étoile madrilène a rapidement rejoint le Grand Frère , surnom donné par les joueurs à leur autobus ultramoderne. Direction, le Beau Rivage, un hôtel cossu de Nyon sur les bords du lac Léman, où le club espagnol a pris ses quartiers d'été pour la neuvième année d'affilée. Trois heures plus tôt, dans les tribunes bondées et surchauffées, le numéro 5 merengue était déjà au cœur de toutes les discussions. «Pourquoi n'est-il pas venu reconnaître la pelouse?» «Va-t-il jouer au moins?» «Tu as vu, il s'échauffe avec Raul!» «Regarde comme il combine facilement avec Figo.» «Oh! la la!, s'il marque sur ce retourné..." Le match en lui-même n'est qu'anecdotique. La victoire madrilène (2-1, buts de Raul et Guti pour le Real et Kuzba pour Lausanne) l'est tout autant.
La star de la soirée, c'est Zidane et personne d'autre. Depuis le 9 juillet, le double champion du monde et d'Europe est devenu, à 29 ans, le joueur le plus cher de tous les temps. 500 millions de francs! Le prix d'un Airbus A321. Six mille personnes et cent quarante-neuf journalistes se sont précipités pour admirer le phénomène et lui soutirer un autographe ou une confidence, à l'issue de ses premiers pas sous son nouveau maillot. Ses débuts sont d'ailleurs fidèles à son image: discrets eî altruistes. Durant sa seule mi-temps, la première, il touche vingt-neuf ballons, n'en perd que quatre et en récupère trois. Il joue simple et collectif. Ses partenaires apprécient. Je manquais un peu de rythme, analysera-t-il. Mais j'ai eu de bonnes sensations.» Depuis son retour de vacances, le Français se remet doucement de ses émotions. Il lui faut digérer son départ précipité de la Juventus et son intersaison agitée entre Tahiti, Madrid et Moscou (où il a défendu en vain la candidature de Paris aux jeux Olympiques]. A Nyon, enfin, il a retrouvé son élément, le ballon. Détendu mais concentré. le Français a énormément misé sur ce stage pour s'intégrer e plus rapidement possible. C'est à moi d'être bon sur le terrain, explique-t-il. Alors, je bosses.
Piloté par Makélélé, comme il l'avait été par Deschamps à son arrivée à Turin, Zidane s'est fait tout petit . J'arrive sur la pointe des pieds et c'est à moi de m'adapter. Se taire et observer, telle est sa devise. Par exemple, il a accepté sans rechigner de prendre le numéro 5, laissé vacant par Sanchis. Cette humilité plaît à Butragueno, ancienne gloire du club. Néanmoins, c'est sur les pelouses du centre sportif du Colovray, à deux pas du siège de l'UEFA, que le Français gagne le respect. Le public, toujours plus nombreux et passionné, ne s'y trompe pas. Le groupe madrilène impressionne par sa richesse et sa maîtrise technique. Zidane ne dépareille pas. Dès les premières oppositions, sa complicité avec Roberto Carlos fait déjà frémir la moustache de Vicente Del Bosque, l'entraîneur. Le plaisir est réciproque. Après cinq années de rigueur italienne et de football défensif, l'ex Turinois rêve de grandes envolées, de fantaisie et de buts. -C'est comme ça que j'ai toujours imaginé le foot espagnol», affirme-t-il. Virtuosité technique, coup d'œil, génie des intervalles, le meneur de jeu des Bleus dispose en tout cas de tous les atouts pour conquérir la Liga. Reste à atteindre son eldorado: remporter enfin une Champions League. «Je suis là pour tout gagner, corrige-t-il, mais j'ai déjà perdu deux finales avec la Juventus. Si je suis venu, c'est aussi parce que le Real peut me permettre de réaliser ce rêve.» Même s'il manquera les quatre premiers rendez-vous de la campagne européenne, suspension oblige, cette quête l'obsède déjà. En cette année de Coupe du monde, le nouveau conquistador du Real est à un tournant de sa carrière. Le plus excitant sans doute, mais aussi le plus difficile.
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