Uefa Cup 1977 1978 Bastia Torino Aller Retour

8 ème de Finale Aller
Mercredi 23 novembre 1977
Stade Furiani
8343 spectateurs
Arbitre : Mr Arbinger

« Furiani, c'est un de ces stades de Division d'honneur où l'on joue le dimanche après les vêpres. Un peu de bleu fané sur du blanc, des tribunes hautes comme un étalage de primeurs, le grillage à un mètre du terrain, deux rangées de barbelés pour repousser l'envahisseur, une herbe qui réclame un peu d'air et des vestiaires qui doivent ramener les pros au temps des matches d'ouverture. Un stade qui n'a pas bougé d'une pierre depuis 1932. Mais son nom Furiani et son histoire évoquent la fureur. »

II n'y a pas de fureur, le 23 novembre 1977, pour accueillir Torino. Seulement une mer de drapeaux bleu et blanc piqués de têtes de maures, des pétards, et un peuple ravi. « Pace et soluté », disent les Corses hospitaliers à leurs visiteurs italiens. Sur le terrain, toujours privée de ses cinq titulaires Petrovic, Franceschetti, Desvignes, Mariot, Burkhardt, l'équipe bastiaise fait avec les moyens du bord, qui sont loin d'être négligeables. Mais la faiblesse des réserves apparaît sur la feuille de match, laquelle, au lieu de compter cinq remplaçants bastiais, n'en compte que quatre, et quatre de 3e division : Murati, Mattei, Graziani, Krimau. « La barre est haute, dit Cahuzac. Car Torino est l'un des trois grands clubs italiens du moment. » La chose semble démontrée quand, à la 23e minute, sur un centre de Claudio Sala, le célèbre Pulici contrôle le ballon en l'air, et, de volée, en pivotant, le foudroie dans la lucarne des buts de Weller. Une nouvelle fois, Bastia est mené à la marque sur son terrain...mais nous sommes à Furiani...

SEC Bastia : WeIler - Marchionni, Orlanducci, Guesdon, Cazes – Larios, Lacuesta, Papi – Rep, Félix, De Zerbi. Entraineur : Cahuzac
Torino : Castellini - Danova, Caporale, Salvadore, Mozzini - P. Sala, Pecci, C. Sala, Butti - Graziani, Pulici. Entraineur : Radice

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8 ème de Finale Retour

7 décembre 1977

Stadio Comunale Turin

Le 7 décembre 1977, pour le match-retour, la neige recouvre Turin, handicap supplémentaire infligé à des Méditerranéens gorgés de soleil. Mais ce n’est pas ce qui inquiète Cahuzac. C’est plutôt la blessure au genou de l’avant-centre et capitaine Félix, une blessure qui a fait jaser parce que concédée de bon matin, six heures après la fin du match-aller, et au volant d’une voiture. L’entraîneur bastiais à dû titulariser Krimau et il a laissé percer son dépit : « Si vous voulez me faire dire que cette solution n’est pas idéale, je vous le dis. Mais je n’en ai pas d’autre. » 

A la 20e minute, une action se développe à partir d’un « petit pont » de De Zerbi sur son adversaire direct. La balle vient à Lacuesta qui alerte Rep sur l’aile droite. Le Hollandais redonne à Lacuesta, lequel, comme à l’entraînement, soulève la balle pour Larios, placé en retrait. Le tir fracas¬ sant, déclenché de vingt mètres par l’ex-Stéphanois, « troue les filets » de Graziani. Et voici 10 000 supporters corses (oui, 10 000) qui trépignent, Cahuzac qui hoche la tête sur son banc, et le « Toro » qui bave de dépit. Torino a déjà perdu des matches sur son terrain, mais perdre contre Bastia, une équipe « si petite, si petite », lui semble être l’humiliation suprême. Ses joueurs, qui pourraient se contenter de leur talent, deviennent désagréables, appuient volontiers leurs actions défensives, grincent des dents et des crampons. Ils égalisent pour¬ tant à 1-1 (Graziani, 22e minute) et prennent l’avantage en début de seconde mi- temps (Graziani, 47e). Le succès leur semble promis mais le match, en vingt minutes à peine, va les plonger dans le désarroi total. 

A la 50e minute, Cazes s’en va sur l’aile gauche et, au moment où le gardien Castellini lui plonge dans les pieds, offre à Krimau une balle limpide de 2-2. Castellini, touché au genou par son coéquipier Patrizio Sala, doit quitter le terrain, tout comme Zaccarelli, touché aux reins par Gorin, avait dû le faire en première mi- temps. 

A la 54e minute, Johnny Rep, lancé sur son aile droite, échappe à une première agression de Mozzini, résiste à une « ceinture » de Caporale et, au moment où il va se faire descendre par Mozzini revenu comme un fou, « sort un aileron » et cueille son adversaire au visage. J ohnny la terreur plaide la légitime défense mais l’arbitre lui inflige un avertissement qui, ajouté à celui reçu à Newcastle, lui vaudra un match de suspension. 

Onze minutes plus tard, tandis que Torino cherche son salut dans la violence et Bastia le sien dans l’intelligence, Krimau réalise un nouvel exploit et porte le score à 3-2. Sans se départir de son calme, l’équipe corse déroule son football européen, et les observateurs n’en croient pas leurs yeux. « Cette fois-ci, consent à dire Cahuzac, je crois que l’on peut parler d’exploit. » Si Bastia était toréador, on lui donnerait sans hésiter les oreilles et la queue du toro mort. 

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