László Kubala En Barcelona

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L’histoire de Ladislao Kubala n’est pas banale. C’est un joueur né en Hongrie en 1927, à Budapest, prénommé alors László et qui a été international hongrois, puis tchèque quand il jouait à Bratislava, ce qui était permis à l’époque. « Il a fui la Hongrie devenue communiste en 1949, en se réfugiant en Italie, raconte Francisco. Et là, il se passe une chose incroyable. La meilleure équipe italienne de l’époque, le Torino, cinq fois championne d’Italie, veut l’engager et, avant de signer le contrat, lui propose de venir à Lisbonne jouer un match amical contre le Benfica. Mais Kubala refuse au dernier moment car son fils est malade. Et l’avion du Torino en rentrant du Portugal s’écrase à Superga, pas un survivant ! » Du coup Kubala a joué dans une équipe constituée de réfugiés des pays de l’est qui faisait des matches exhibitions dans toute l’Europe. Après un de ces matches à Madrid, où son équipe s’impose 4-2 face au Real, Kubala est engagé par le FC Barcelone. « Mais il a dû attendre avant de pouvoir jouer, car la Fifa, l’avait suspendu pour avoir quitté son pays sans autorisation. Il a fallu qu’il soit naturalisé espagnol, qu’il se fasse prénommer Ladislao et que Franco s’en mêle pour qu’il puisse porter le maillot du Barça ! »

Kubala a alors 23 ans et en fin de saison 1950-51, le club catalan remporte la Coupe d’Espagne. Puis, le Barça s’octroie le doublé coupe - championnat en 1952 et 1953. Le 10 février 1952, Kubala réalise un septuplé inédit face à Gijón, il est la vedette absolue de Barcelone. « Son entente avec Luis Suárez, le Brésilien Evaristo, puis avec d’autres réfugiés hongrois célèbres, Sándor Kocsis et Zoltán Czibor (arrivés en 1958) a porté le Barça aux sommets ». Le club remporte à nouveau la Coupe d’Espagne en 1959, et à deux reprises la Coupe des villes de foires, en 1958 et 1960. La saison suivante, le FC Barcelone est la première équipe à éliminer le Real Madrid en Coupe des champions (2-2, 2-1 en 8es de finale), et Kubala, alors âgé de 34 ans, le mène jusqu’en finale face au Benfica Lisbonne, à Berne (2-3).

Sélectionné en équipe d’Espagne à de nombreuses reprises à partir de 1953, Kubala blessé ne peut pas participer au Mondial 62, aux côtés de Puskas et Di Stefano, naturalisés espagnols comme lui. Il est devenu ensuite un entraîneur réputé en Espagne, puis le sélectionneur de l’équipe nationale de 1969 et 1980. « L’annonce de son décès en 2002 a soulevé une grande émotion, à Barcelone, mais dans toute l’Espagne aussi, se souvient Francisco. Il était très aimé. Je me rappelle d’un visage froid, fermé, à son arrivée. Il avait un regard bleu, très triste… Mais le soleil de la Catalogne l’a réchauffé et il a allumé les premiers feux du club. » Et dans le cœur des vieux Barcelonais, il brûle encore.