Tuesday, May 11, 2021

WC 1990 England Italia


 Match 3e Place
7 Juillet 1990
Stadio San Nicola Bari

FR
WC.1990.Eng.Ita.twb22.FR.mp4
2.4 Go
https://uptobox.com/x8nub38px8w5
https://uptostream.com/x8nub38px8w5
pass twb22

Bobby Robson a lissé l'argent de ses cheveux comme un danseur de tango. Il a lissé un regard mouillé sur les soubresauts de cette consolante qui ne console personne. Et il s’apprête à lisser quelques paroles sans intérêt avant de dire « goodbye » à la sélection anglaise. Il a un visage un peu triste qui lui donne l'air d'un chien qui ne veut pas de l’os qu'on s’est amusé à lui retirer avant de le lui planter de nouveau dans la gueule. Il en a gros sur le cœur, Robson, et il en veut à la presse de son pays qui lui a ôté l'envie de venir en Italie l’âme sereine. C’est bien connu, quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse de la rage. Et, pour toute la presse britannique, Robson était devenu ce galeux dont on ne voulait plus. On l'accusait de tous les péchés du Yorks- hire, allant même jusqu'à ressortir une vieille histoire de fesses datant de plus de dix ans. Alors, Robson a laissé son flegme au vestiaire, il s’est offert un bon coup de sang et a dit O. K. au PSV Eidhoven, qui lui proposait d'enrichir un compte en banque chichement garni jusque-là par les subsides maigrichons de la fédé anglaise. Il n'en fallait pas plus pour que la presse se déchaîne de nouveau, le traitant de déserteur. Décidément, c’est vrai qu'elle ne pouvait plus l’encadrer... Et il était arrivé au Mondiale complètement usé et laminé par le rouleau compresseur des critiques qui lui mettaient sur les reins tous les accrocs de la sélection depuis 1982, date à laquelle il avait pris ses fonctions. Une seule idée l’obsédait : redonner à l'Angleterre sa fierté sérieusement égratignée à l'Euro 84, au Mondial 86, puis à l'Euro 88. Pour cela, il savait, lui, qu’il avait constitué la sélection la plus solide de ces huit dernières années. 

Ce soir, il sait qu’il ne s'est pas trompé, malgré la défaite face à l'Italie, malgré cette quatrième place, malgré tout ce qu’on pourra raconter dans les journaux de Londres pour le salir un peu plus. Ce soir, il est déjà à Eindhoven. La Squadra Azzurra, elle, se réveille, comme elle peut, d’un mauvais rêve après une grande biture, et elle a la gueule de bois. Le pays tout entier a la bouche pâteuse et des regrets qu’il ne retient plus en crachant sa bile. Son équipe est triste. Elle sait qu’on lui avait concocté un Mondiale « aldente », juste ce qu'il faut pour qu’il craque sous la dent. Et voilà que dans le chaudron de Naples la sorcière, le Mondiale est devenu une affreuse tambouille de nouilles trop cuites qui pèsent sur l'estomac. Bari ne fera jamais oublier Naples, et le carambolage de toutes les espérances italiennes. Le vent souffle doucement de la mer, charriant des regrets, des remords, et puis d’autres regrets et d'autres remords. Même Toto Schillaci fait la gueule sous son regard de fou. Il lui reste à claquer un ou deux buts pour permettre à l'Italie de remporter au moins le classement des buteurs. Il compte pour ça sur Baggio et sur Giannini, car, maintenant, il s'est mis dans la tête qu'on doit jouer pour lui. Mais les autres jouent aussi pour eux, pour se griser de courses folles, pour se goinfrer de ballons... Enfin, pour oublier ! 

Et comme les Brittons ont perdu un peu de leur « fighting spirit », ils se contentent de la lettre. Cela nous vaut un affrontement qui a la couleur d'un combat, l'atmosphère d’un combat, la saveur d'un combat, mais qui n’est pas un combat. Tout le monde s'illu¬ sionne, en fait, dans ce stade de Bari qui s'ouvre comme une fleur sur un ciel où nage la pleine lune. On s’illusionne sur une première mi-temps que l’on prend pour un modèle du genre et qui ne débouche que sur une seconde période moins clinquante où Schillaci s’illusionne sur la solidarité de Baggio (qui marque lui-même), où Joël Qui niou, l’arbitre, s’illusionne en prenant ses désirs pour des réalités, où David Platt s’illusionne en offrant sa tête sur un plateau à une Angleterre qui met le couteau sous la gorge italienne, où, pour finir, l'Italie s’illusionne sur le penalty réussi par Toto en croyant remporter une finale mais qui n’enlève que le match des laissés-pour-compte du triomphe. Une finale qui ne met même pas un point final à ses désillusions... L’Italie plonge, c’est sûr, dans le regard sombre de Schillaci pour y voir le reflet de son immense tristesse. 







No comments:

Post a Comment

NO LINKS ALLOWED