Monday, April 5, 2021

Euro 1980 Qualifs France Tchecoslovaquie

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 Groupe 5

17 Novembre 1979

parc des Princes

 

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Cinq semaines après l’attaque en piqué des Américains sur notre trésor national déboulent les Tchécoslovaques, les Suédois n’ayant pas réussi là où il eut été surprenant qu’ils réussissent (à Prague). Ce dernier match du groupe V éliminatoire du championnat d’Europe ne présente pas un «caractère transcendantal» ainsi qu’on cause entre Auteuil et Passy. Certains vont même jusqu’à le trouver totalement inutile, ce qui fait peu de cas de la valeur d’un match international, de compétition de surcroît, et d’un jeu de balle bien assez grand pour rassembler, au choix, les ingr dients d’un très beau spectacle ou les épices d’un affrontement sans merci. Souvenez-vous donc des Américains.  La blessure de Platini, et ses conséquences, continuent de provoquer une énorme réticence des responsables stéphanois vis-à-vis de la sélection. Compte tenu de ses engagements européens nouvelle qualification en Coupe de l’U.E.F. A. Saint-Étienne a demandé, par la bouche de Robert Herbin, que ses joueurs soient dispensés de corvée tchécoslovaque. Ce n’est pas la première fois que semblable requête est exprimée : Christian Lopez en sait quelque chose, qui fut privé d’un voyage à New-York par raison d’État. 

 

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Hidalgo téléphone à Herbin. Quelques étincelles jaillissent de la bakélite des écouteurs. Mais le dialogue n’est pas retransmis en direct dans Télé-Foot 1. On apprend que Platini et Rocheteau, blessés, ne joueront pas avec des béquilles ; que Janvion et Larios, fatigués, resteront dans le Forez pour manger des épinards ; mais que Lopez et Zimako, celui-ci pourtant bien mal en point, allez, feront un effort en faveur de la grande cause nationale. «Il a fallu, déclare Hidalgo, concilier à la fois les intérêts de Saint-Étienne, tout à fait légitimes, et ceux de l’équipe de France qui ne le sont pas moins. Nous avons fait avec Robby le point de nos obligations respectives et tracé les limites qu’elles impliquent. Je précise que si  j’ai été souvent partisan de cette politique de concertation avec les clubs, cela n’a jamais débouché, de ma part, sur de la complaisance vis-à-vis d’eux. Je crois qu’ensemble les clubs et la sélection peuvent construire leur avenir sans se gêner réciproquement. »  En ajoutant, aux forfaits de Platini, Rocheteau, Janvion, Larios, la blessure de Trésor, la baisse de régime (estimée) de Bathenay et la nouvelle spécialisation (« handicapante » selon le sélectionneur) de Michel au poste de libero, on en arrive fatalement à une sélection originale, laquelle se traduit par un milieu de terrain Petit-Moizan-Rampillon, avec un troisième Monégasque en réserve : Didier Christophe, un doux colosse sorti de l’I.N.F. Vichy dont le style et la puissance ne sont pas sans rappeler Dominique Bathenay. Un quatrième Monégasque, Jean-Luc Ettori, fait partie des seize. 

 

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C’est pourtant une équipe de France à dominante nantaise, avec trois joueurs (puis quatre en seconde mi-temps) qui entame ce match du 17 novembre 1979 contre la Tchécoslovaquie, devant 39.973 spectateurs payants et 2.600 écoliers invités : Dropsy - Battiston, Specht, Lopez, Bossis - Petit, Moizan, Rampil- lon - Zimako, Lacombe, Amisse.  Les Tchécoslovaques, disent-ils, sont venus à Paris « pour obtenir le match nul et la qualification», désireux qu’ils sont de rester invaincus. Ils ont pour cela les armes qui leur ont permis de conquérir le titre de champions d’Europe en 1976, contre la R. F. A. : la valeur athlétique ; une remarquable organisation tactique, en défense surtout; un esprit collectif de manœuvre traduit constamment par des une- deux ou des actions à trois ; beaucoup de brio individuel ; et une certaine propension, pour ne pas dire une propension certaine, à « distribuer» généreusement. Ce qui fait dire à Honoré Gévaudan, ancien footballeur professionnel devenu haut-fonctionnaire de police : « Ils matraquent comme les Américains mais il faut reconnaître qu’ils savent mieux le faire. » 
Dans ce match sans enjeu, face à un adver¬ saire qui use de toutes les ficelles sans vergogne, il incombe à l’équipe de France d’intéresser le Parc des Princes à son action. Pendant une première mi-temps laborieuse, elle n’y réussit que très partiellement: elle garde sa symphonie sous la pédale de son harmonium.  Mais le Parc n’a rien perdu pour attendre. Éric Pécout fait son entrée. Avec Amisse et Rampillon est recréé un trio dont la Loire- Atlantique, anciennement inférieure, ne compte plus les exploits et les inventions. Il est donc assez logique que ce trio s’offre, en neuf minutes, et au cours d’une seconde période tout à fait enthousiasmante, les deux buts d’un succès qui se faisait attendre. C’est d’abord, à la 67e minute, à la suite d’un coup franc joué au niveau de la ligne médiane, un renversement de Rampillon sur Amisse lequel centre vivement et trouve à la réception, seul à six mètres de Hruska, son Éric Pécout préféré : le chevelu nantais marque ainsi son premier but en équipe de France, dans un mouvement d’une intensité extrême. 

 

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Neuf minutes plus tard, Gilles Rampillon dit «la Rampille», efface un adversaire d’un crochet intérieur - une merveille du genre - lève le nez et trouve en lui l’impertinence d’un formidable tir de vingt-cinq mètres, du pied gauche bien sûr, qui rebondit sur l’intérieur d’un poteau et vient mourir derrière Hruska. Cela fait trois ans que Rampillon, soupçonné d’introversion et d’effacement rédhibitoire, attend cette revanche. En se glissant par nécessité, dans l’habit numéro 10 du grand Platini, il n’a pas ressenti d’émotion particulière. « Notre victoire, dira-t-il plus tard, est avant tout une victoire collective.» On ne refera pas Gilles Rampillon, mais quel beau joueur!  Les Nantais à l’avant-scène, c’est pourtant vers Zimako - Zim, Zim, Zim, Zi-mako - que vont les préférences du Parc. « On lui avait mis une pile aux fesses, à notre Néo-Calédonien.  Quelle invention, quel foisonnement, et pour finir quel manque d’efficacité, et quelle poisse ! Il eut des trouvailles qui, toutes, mirent les Tchécoslovaques dans leurs petits souliers (47e, 70e, 73e) et les Bleus sur le point de conclure, mais il manqua à la 81e minute tout ce qu’il y avait de plus facile devant Hruska, comme pour confirmer sa légende de félin indolent. Tout le Parc redemandait du Zimako et aurait bien donné sa chemise pour le voir faire encore le fou, marquer enfin. »  
À 2-0, l’équipe de France a sa victoire en poche mais c’est au moment où elle s’en convainc qu’elle est à deux doigts de la laisser échapper. Kozak, sur un centre de Stambacher, réduit la marque à la 80e minute et la menace d’un autre contre plane jusqu’au bout. 
La victoire est là cependant, avec les regrets une nouvelle fois exprimés. «On en revient sans cesse à ce point perdu devant les Suédois, ici, au Parc, en septembre 1978, rappelle Hidalgo, car nous pouvions prétendre à la phase finale, au même titre que les Tchécoslovaques. Cela dit, au cours de ce match contre les champions d’Europe, j’ai apprécié le comportement de nos joueurs. Ils ont su accorder parfaitement leurs qualités et leur fierté, et faire taire leurs intérêts personnels pour se mettre au service de la collectivité. » 
Zimako lui, est aux anges. Il pense à ses amis de Nouvelle-Calédonie. Il poursuit son rêve : «Jamais je n’aurais pensé que le football me donnerait autant, me ferait gagner autant d’argent. Je n’ai pas honte d’avouer que je ne portais pas de chaussures quand j’étais gosse, que je ne connaissais pas le goût du pain et que je travaillais douze heures par jour pour mille francs par mois. » Comment ne pas aimer le football quand, de surcroît, il vous offre tout chaud, tout grillé, un aussi beau conte de fée ? 

 

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