Monday, April 3, 2023

Coupe des Coupes 1989 1990 Monaco Sampdoria AR


L'apprentissage de la compétition à l'échelon de l'Europe ne se fait pas sans accroc. Monaco peut estimer que le coup bas de M. Kirschen fait partie de ces bleus à l'âme qui endurcissent et préparent l’avenir même s'ils sont vécus dans la douleur des grandes injustices. Néanmoins, personne ne peut considérer la qualification de la Sampdoria de Gènes pour la finale (surtout après la démonstration du match retour : 2-0) comme un événement qui ressortirait au chapitre des hold-up scandaleux de l’histoire du football. En douze minutes, Vierchowood d’une part, et Lombardo d’autre part, ont montré à l’A.S.M. tout ce qui sépare un élève doué mais anxieux et fébrile le jour de l'examen, d’une véritable bête à concours transcendée par l’excitation des grands événements. Une première occasion à la neuvième minute, un but : une seconde à la douzième minute, un deuxième but. A Louis II, les Monégasques n'ont pas eu, loin s'en faut, cette préoccupation essentielle de l’objectif à atteindre. En football, le réalisme est une qualité au moins aussi déterminante que la valeur technique. N'en déplaise à Arsène Wenger qui claironne jusqu’au bout que : « Sur l’ensemble des deux matches, Monaco avait les moyens de passer. Il nous a juste manqué quelque chose. De la réussite sûrement, du réalisme probablement. Les arbitres ne nous ont pas gâtés non plus. Dans des conditions normales, je persiste à croire que nous pouvions éliminer la Sampdoria. », n’en déplaise donc à Wenger, il n'y a pas de déshonneur à rester en cale sèche en rade de Gènes quand on fait l’effort de se souvenir que la Sampdoria compte depuis plus de deux ans parmi les formations les plus redoutables d'Europe. Non, il n'y a pas de honte à cela, surtout quand on vient de se sortir avec d'énormes difficultés du guêpier de Valladolid. 



Un Valladolid qui ne pèse pourtant pas bien lourd dans le football de son pays et qui n'a rien eu à montrer dans un quart de finale où les Monégasques n'ont dû qu'au génie de leur gardien Ettori de se retrouver en demi- finale à l'issue d'une séance de tirs au but qui a constitué le seul élément émotionnel d'un affrontement d'une pauvreté affligeante. Valladolid venant après le Dynamo Berlin écarté péniblement (0-0 à Monaco et 1-1 à Berlin), grâce à la valeur du but marqué à l’extérieur par l’Argentin Ramon Diaz sur un de ces coups francs dont il a le secret, il n'y a aucune honte, c'est vrai, à être tombé à Gènes... En fait, il n'y a guère qu'au premier tour, face aux Portugais de Belenenses, que le Monaco de Wenger a réellement dominé son sujet, en assénant ses quatre vérités (quatre buts sur les deux matches). C’était, en vérité, le premier pas dans une marche européenne qui ne s'est pas achevée en apothéose, mais qui contient malgré tout, sa part de satisfactions et d’encouragements. Car chacun se souvient de ces entrées en scène de l’A.S. Monaco qui s’achevaient de façon pitoyable par une sortie instantanée dès le premier tour. Au point que l’on avait fini par croire que l'équipe de la Principauté était maudite par la Coupe d'Europe. Non, elle ne l'est pas. Elle ne l’est plus. Elle a gagné le droit à la considération et au respect. Elle dispose d'une palette d'excellents joueurs qui peuvent lui donner des couleurs, notamment un certain Weah, solide, teigneux, puissant et rapide ; un attaquant de grande lignée du type déménageur qui devrait lui valoir d'autres satisfactions. Le jour où Monaco ne fera plus porter le poids de son avenir sur le dos d’un arbitre, évitant encore de s’en remettre trop facilement aux coups du hasard, elle sera devenue cette grande équipe européenne dont elle laisse deviner l’éclosion prochaine. Ferratge a beau tirer la langue sur sa copie européenne, comme un élève appliqué, la rigueur et la rudesse de Vierchowood le renvoient, lui et l’A.S. Monaco, à leurs chères études. 



Arsène Wenger a toujours l'air d’un étudiant en quête de nouveaux amphis... Acteur dans le Strasbourg de Gilbert Gress, il passait en toute logique pour l'intello de la troupe. L’intelligence lui dicta de préfé¬ rer le banc de l’entraîneur à celui des remplaçants et ce choix lui conféra une compétence où la finesse d’esprit et la psychologie assurent à jamais l'image du prof en rupture de... banc. Tout ça pour dire que Wenger comprit tout de suite que, s'il voulait faire carrière dans le football, il valait mieux pour lui renoncer au tableau d’honneur des étoiles de France Foot pour lui préférer le tableau noir des stratégies d’avant-match. C’est là un domaine où ses talents de pédagogue et son approche des choses du football lui confèrent plus de considération qu'il n'en aurait jamais eue en poursuivant une carrière plutôt revêche. Alors, quand on l’entend dire à l’issue de la demi-finale retour contre la Sampdoria de Gènes que tous les malheurs de Monaco passent par le seul problème de l'arbitrage, on se dit que ce brave Wenger pousse la démonstration un peu loin et qu'il ne peut pas croire vraiment ce qu'il raconte. « Sans accuser les arbitres d’être malhonnêtes, il y aura eu deux coups de pouce décisifs de leur part. Le premier à Monaco en sifflant un penalty, le second à Gènes en accordant un but entaché d'un hors jeu. Et nous nous sommes laissé déstabiliser par ces irrégularités. » Intelligent comme il est, Wenger ne peut pas y croire. Ce serait réduire la valeur de son équipe et le rôle de ses joueurs à bien peu de choses. Et tout le monde sait, cher Arsène, que grâce à vous, l’une et les autres méritent bien plus que ce piètre constat. Car l'équipe monégasque a démontré, surtout durant l’affrontement initial avec sa voisine italienne, qu’elle avait les capacités techniques pour aller encore plus avant dans la compétition. Une équipe à tous les sens du terme, c'est-à-dire mariant l'engagement physique, la détermination, la subtilité technique et une organisation irréprochable. Certes le bilan fait ressortir à ce moment-là un 2-2 qui laisse peu de chances aux Monégasques d'accrocher leur qualification dans l'antre génois. 

 

 

N'y a-t-il pas dans le renvoi dos à dos des deux sœurs de la Côte, le profil des deux équipes ? L'une, la française, joue bien à l’abri du rocher, se crée quelques belles occasions, n’en concrétise que deux (une superbe grâce à la tête de George Weah, la seconde, beaucoup plus hasardeuse et cède à la panique lorsqu'un arbitre (M. Kirschen) joue du sifflet comme d'un pistolet pour tirer une balle dans le dos des artistes monégasques. L'autre, l’italienne, sans doute moins inspirée techniquement et qui le sait, accepte de subir la pression adverse en colmatant les brèches, et s’empresse au fil du temps de venir occuper chaque pouce de terrain abandonné par l’adversaire au point de renverser complètement la vapeur à son avantage, en profitant de son métier, de sa science et de la manipulation mais aussi de sa valeur foncière pour exploiter chaque fai¬ blesse mise à jour dans le jeu de sa rivale. A l'évidence, le penalty accordé aux Italiens relève de l’injustice, mais Vialli joue bien le coup pour abuser l'homme en noir. En revanche, le second but génois, réussi trois minutes plus tard par le même Vialli sur un centre parfait de Mancini, ne relève pas, lui, de la supercherie. Bien sûr, Wenger plaide que la folle décision de l’arbitre a assommé ses hommes. On peut toujours lui répliquer qu’une équipe qui n'a pas la force morale de faire front aux coups du sort, ou bien à ceux des arbitres, n’a peut- être pas le droit, non plus, de gagner une finale de Coupe d'Europe. L'épisode du penalty imaginaire intervenant alors que l'affrontement s'apprête à vivre son dernier quart d'heure, on peut estimer que les Monégasques ont eu soixante-quinze minutes pour asseoir une supériorité qui leur aurait permis de se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise. 

 

 Demie Finale Aller
3 avril 1990
Stade Louis II


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Demie Finale Retour

18 avril 1990

Luigi Ferraris

 

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