Friday, January 26, 2024

Barcelona Temporada 1983 1984

 Pendant que l'on pleurait sur un titre qui s'envolait une fois de plus de Catalogne, Maradona s'était remis au travail pour réapparaître le plus tôt possible sur les terrains. S'il avait fait confiance au chirurgien du club pour réduire la fracture et réparer les ligaments, Maradona lança un pavé dans la mare quand il s'en remit aux soins du docteur de la sélection argentine pour toute sa rééducation. On ne goûta pas du tout cette forme de désertion et les tribulations qui s'ensuivirent méritent d'être contées. C'est donc le docteur Oliva qui prit en charge le rétablissement de Maradona. Le docteur Oliva est Argentin, mais il officie actuellement en Europe, à Florence très précisément, où Daniel Passarella l'avait recommandé aux dirigeants florentins. Ce divorce à l'argentine n'ayant pas le don de plaire au président Nunez, qui voulait garder Maradona sous sa coupe, on assista alors à quelques transactions que seul le club catalan est susceptible de nous réserver. Les chirurgiens espagnols ayant prévu le retour de Maradona pour le début du mois de février, il fut convenu que, si le délai n'était pas tenu par le docteur Oliva, la Maradona and Company supporterait cinquante pour cent du manque à gagner, évalué à partir de la moyenne habituelle des recettes. « Banco », ont dit Maradona, son imprésario Cysterpiller et le docteur Oliva. Mais à une condition : si Maradona revient avant le début du mois de février, cinquante pour cent des recettes reviendront dans les caisses de la Maradona and Co. 

 C'est ainsi qu'un nouveau marché extravagant fut mis en place. Est-ce cette motivation ? Ou est-ce tout simplement l'envie de revenir le plus vite possible ? Toujours est-il que Maradona réalisa une rééducation exceptionnelle avec des résultats eux aussi surprenants. Le pari lancé par le docteur Oliva fut largement tenu et, à la surprise générale, le 3 janvier à 16 heures très précisément, c'est-à-dire avec un mois d'avance sur les prévisions les plus optimistes, Maradona fit son entrée dans le Nou Camp pour la séance d'entraînement traditionnelle. Mais la surprise ne s'arrêta pas là, puisque dès le lendemain, Menotti prenait la décision de titulariser Maradona pour le match du 8 janvier contre Séville. Incontestablement, dans le bras de fer qui opposait Maradona à Nunez depuis le mois de septembre, le joueur avait marqué le premier point. Il ne restait plus qu'à attendre le déroulement du match pour apprécier si cette rentrée n'était pas prématurée. Le coup était bien préparé ! Maradona fut sublime et une fois, au cours de chaque période, il fit la preuve que son pied gauche était toujours aussi meurtrier pour les gardiens. Buyo, le dernier rempart de Séville, passa une bien mauvaise après-midi. Maradona avait définitivement gagné le match contre Nunez. Il s'agissait de passer à l'application des engagements pris avant la rééducation de Maradona. Le président Nunez, mauvais perdant, n'a pas encore réglé ses dettes. Maradona et Cysterpiller attendent patiemment leur dû. Le docteur Oliva aussi, d'ailleurs. Lui qui, pendant les trois mois d'octobre, novembre et décembre, s'était dévoué sur la cheville de Maradona, se retrouve Gros-Jean comme devant. Les techniques les plus perfectionnées, les plus sophistiquées ont été utilisées pour précipiter la guérison de Diego. Bilan financier des trois mois de soins : quarante millions de centimes. 

Personne ne veut payer, pas plus Maradona que le club. Une façon fort cavalière de remercier le bon Samaritain. Cette attitude est d'autant moins explicable, qu'à côté de ces mesquineries, de ces discussions de marchand de tapis, le président Nunez s'autorise à peu près toutes les fantaisies. Sa tactique est simple. Pour empêcher les clubs de recruter les meilleurs joueurs sur le marché, le F.C. Barcelone s'attache, à prix fort, leurs services. Même si ceux-ci doivent rester sur la touche. Dernier exemple en date, le renouvellement du contrat d'Enrique Moran, un attaquant international qui depuis deux ans n'a plus fait d'apparition dans l'équipe. Menotti était tout disposé à lui rendre sa liberté. Non seulement Muriez ne l'entendait pas ainsi, mais qui plus est, il a proposé une prolongation de contrat à un tarif défiant toute concurrence. Les paradoxes catalans ne s'arrêtent pas là. La direction même du club est soumise à des luttes d'influence. Le vice-président Gaspart, dont on peut légitimement penser qu'il œuvre dans l'intérêt du club, se livre, par presse interposée, à de vives attaques contre le F.C. Barcelone. Propriétaire du journal « Sport », ses colonnes reprennent régulièrement de volée, qui le président Nunez, qui l'entraîneur Menotti, qui les joueurs les plus en vue, Diego Maradona en tête. Une seule personne, actuellement, est susceptible de ramener un peu plus de discernement dans le club, c'est Luis César Menotti. Il a déjà réussi l'exploit, la saison dernière, de freiner la frénésie de recrutement des dirigeants catalans. Seuls deux jeunes du club-filiale ont rejoint les rangs du F.C. Barcelone. Seul Menotti, avec son prestige, son passé, sa crédibilité, est capable de résister aux tempêtes qui, ces dernières saisons, ont emporté Herrera, Rife ou Lattek. Il n'a pas choisi la solution de facilité, préférant se tromper avec ses idées plutôt qu'avec celles des autres. Mais Menotti est avant tout un entraîneur et il a engagé une autre croisade, pas facile à gagner, et qui voudrait que le F.C. Barcelone joue un football plus offensif, plus chatoyant, davantage basé sur la collectivité, faisant appel à la valeur technique et permettant l'obtention d'un fonds de jeu solide. Avec le numéro 10 dans le dos, Diego Armando Maradona a toute latitude pour jouer à sa guise. Il n'a pas de consignes particulières de son entraîneur et, à domicile, il a choisi d'être résolument l'avant-centre de l'équipe. 

Ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes, car les ballons qu'il reçoit manquent de précision, de justesse. Comme il ne peut être au four et au moulin, Menotti aurait aimé adjoindre à Maradona un véritable meneur de jeu. Ce n'est pas par hasard que depuis quelques semaines, il se murmure que Schuster est sur le départ. Il y aurait une place pour un nouvel étranger. Vous suivez mon raisonnement. Et comme Menotti connaît par cœur le football, il a pensé qu'une association Maradona... Platini serait de la meilleure veine. D'ailleurs, des contacts entre le club catalan et Platini auraient été établis. Des chiffres supérieurs à ceux proposés par la Juve auraient été avancés. Et le capitaine de l'équipe de France n'a pourtant pas donné suite à ces propositions. Certes, le Calcio est riche, mais peut-il vraiment s'aligner sur le club le plus riche du monde, qui n'a pas hésité à débourser sept milliards de centimes pour compter Maradona dans ses rangs ? Et bien que l'on reconnaisse au président Nunez beaucoup de défauts, il est une qualité que personne ne peut lui contester, celle d'être un remarquable gestionnaire. Même s'il est bien difficile de connaître les ressources du F.C. Barcelone, il ne faut pas être devin pour estimer que le club n'a jamais été aussi prospère. Alors, si ce n'est certainement pas Platini qui prendra la succession de Schuster, les recruteurs catalans ont couché des noms prestigieux : les Brésiliens Falcao et Zico, l'Anglais Robson, le Belge Vercauteren. La machine à pesetas est en route. Et tous ces efforts n'ont qu'un but : le titre de champion d'Espagne. Car, à choisir entre une victoire en Coupe d'Europe et un trophée national, ne soyez pas surpris, c'est le second qu'attendent avec impatience les 108000 socios du Barça.  


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