Groupe 6
13 octobre 1993
Parc des Princes
Un point, disions-nous. Un point, c’est tout ! Et puis, au bout, le rêve américain. Vegas et ses machines à sous. . . Los Angeles et ses lumières. Enfin, tout ce qui nourrit les pensées tricolores depuis des mois. D’autant qu’on n’a rien à craindre, à Paris surtout, de cette équipe d’Israël méchamment corrigée en Autriche (5-2), écrasée en Suède (5-0), laminée chez elle (battue 3-1 par la Suède, 2-0 par la Bulgarie, et 4-0 par la France), et dont les seuls titres de gloire sont d’avoir tenu en échec la Bulgarie (2-2 à Sofia) et la Finlande (0-0 à Helsinki). C’est sans doute cette assurance qui va jouer un sale tour à l’équipe de France. Une équipe de France qui se prend déjà pour ce qu’elle n’est pas, qui veut se glisser dans un smoking alors qu’elle n’est vraiment elle-même qu’en bleu de chauffe. Au lieu de retrousser ses manches pour se mettre au boulot, gorgée de certitudes, puant de suffisance, elle enfile trop tôt son habit de lumière.
Car, sous le déluge, les Israéliens jouent à plein la carte de l’offensive. Ils ont un culot à tout casser, ils osent. Atar, au milieu du terrain, tire des plans sur la comète, et, autour de lui, le ballon file de joueur en joueur. Et de son pied droit, à la 20e minute, il donne à Roden Harazi l’occasion de rentrer dans l’histoire d’Israël (1-0). L’équipe de France vient de basculer dans le néant. La pauvre a les fesses par terre ! Alors, on attend d’elle qu’elle se révolte,
elle devrait faire la méchante. Elle se contente de tourner en rond devant la cage de Ginzburg. Même lorsque, huit minutes plus tard, David Ginola permet à Sauzée d’ajuster le tir d’une frappe lourde, on prend conscience qu’elle ne peut pas miser sur son collectif. Il lui reste, heureusement, ses individualités. Sauzée d’abord, Ginola ensuite (39e), au bout d’un exploit personnel, lui donnent l’illusion de ne pas être ridicule. Elle se farde à bon marché pour esquisser quelques pas d’une danse qu’elle ne maîtrise pas vraiment. Elle avance à contretemps, presque à contre-coeur. Elle
tâtonne, se marche sur les orteils. Bref, elle n’est que l’ombre d’elle-même. . . On la sent fébrile, traqueuse. Comme si elle avait peur d’enlever le morceau, peur de gagner. Pourtant, c’est elle qui mène au score. Son adversaire n’étant pas irrésistible, elle pourrait se contenter d’assurer le résultat, en préservant l’essentiel. Mais elle se croit capable d’affirmer sa souveraineté et va commettre l’irréparable. «A 2-1, dira Gérard Houllier, nous avons cherché à tuer le match. . . Nous avons eu l’occasion de le faire à deux ou trois reprises, mais sans succès. A la fin, nous nous sommes fait surprendre. » Il reste une poignée de minutes à jouer, Israël, étonnée, rentre dans la défense française comme dans du beurre, et Berkovich s’en va en terre promise. 2-2 à sept minutes de la fin, la France est encore qualifiée. Une minute encore, c’est presque fini, le match semble dans la poche. C’était compter sans Atar, qui frappe comme un sourd sous la barre (2-3). Israël empoche la victoire. Et la France, idiote, devra attendre le 17 novembre au Parc pour jouer son avenir dans un match au finish contre la Bulgarie de Stoïchkov. Comme en 1977, contre les Bulgares de Kolev. Mais, cette fois, un match nul est suffisant pour traverser l’Atlantique. . .
WC.1994.Qualifs.Fran.Isr.twb22.mp4
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