Monday, April 19, 2021

Ligue des Champions 1992 1993 Spartak Moscow Marseille Aller et Retour

 Au bout du Parc Loujniki, il y a le Stade Lénine, et dans les allées du Parc Loujniki il y a des files ininterrompues de jeunes gens et de jeunes filles, comme des processions de fourmis, qui avancent vers le Stade Lénine. Tout à l’heure, ils seront au moins cent mille à se serrer les uns contre les autres sur le béton de gradins largement ouverts vers le ciel. Les plus fortunés d’entre eux ont déboursé la somme de 1 5 roubles pour pouvoir s’offrir une place couverte. Dans cette Union soviétique qui craque de toutes parts, 15 roubles, c’est beaucoup. Plus d’une journée de salaire. Mais à Moscou, le Spartak a la cote, surtout auprès des jeunes. C’est une équipe rock n’roll avec des cheveux longs et pas forcément des idées courtes. Une équipe comme on les aime dans la capitale de la Russie quand on y rêve de jeans et de guitares électriques. Oleg Romantsev, son entraîneur, n’hésite pas à faire confiance à des gamins qui ont encore le teint pâle et boutonneux des ados qu’ils étaient hier. Vingt-quatre ans de moyenne d’âge pour cette équipe du Spartak de Moscou qui ne sait rien ou pas grand-chose de l’OM, qui vient de pousser le grand Milan hors du train à grande vitesse qui fonce vers la finale de la Coupe des Champions. En URSS, le championnat fait relâche, et les bambins de Romantsev sont partis en tournée, comme le Bolchoï, pour alimenter les caisses du club en se produisant sur les terrains synthétiques japonais face à des formations qui balbutient un mauvais football. Il faut bien vivre, non ?...  

Demi-finales Aller 

10 Avril 1991 

Stade Lenine 

 

517913_foot_016.jpg.09a9aa4c2f6f6dccde06df6450b0d2fc.jpg


VF

C1.1992.1993.Spartk.Mosc.Mars.twb22.mp4
2.0 Go
https://uptobox.com/4bj5f5aeie4n
https://uptostream.com/4bj5f5aeie4n

password nanar93

  

Mais ce n’est pas parce qu’il a joué pendant un mois en baskets que le Spartak se retrouve en chaussettes devant ses fans du Stade Lénine. A vingt ans, Dimitri Radchenko ne se pose pas de questions. Il joue comme avec ses copains entre les murs gris de la cité de béton où il a grandi. Il joue à l’inspiration, d’instinct, et il chevauche, crinière au vent, dans une défense marseillaise qui ne sait pas vraiment par quel bout le prendre. Il doit avoir du sang cosaque dans les veines. Et, Mozer absent, ni Basile Boli, ni Manu Amoros n’arrivent à lui mettre le grappin dessus. Alexander Mostovoï n’est pas beaucoup plus âgé que Radchenko et il paraît animé des mêmes intentions chevaleresques. Là où Gullit, Rijkard et d’autres ont échoué, les gamins de Romantsev ont bien l’intention de réussir. 
D’ailleurs, Dimitri Radchenko n’a même pas pris connaissance de l’épopée marseillaise et il s’en moque. Il y a quelques semaines encore, il était chez lui, à Leningrad, dans ce port fondé par Pierre le Grand qui a une furieuse envie de se refaire une virginité en reprenant le nom de Saint-Pétersbourg. Celui des tsars, de l’ancienne capitale de la Russie. Quand Radchenko prend son baluchon pour quitter l’embouchure de la Neva et son club des origines, le Zenith de Leningrad, il n’a aucune idée de ce qui l’attend. Il fait froid, c’est l’hiver, et on gèle à Moscou. Il joue à peine quelques heures avec sa nouvelle équipe et voilà qu’il se retrouve à Bernabeu, à Madrid, face à la légende du Real. Radchenko n’a jamais appris l’histoire du foot européen et il ne connaît aucun tabou. Comme ça, sans se poser de problème métaphysique, il plante deux buts au Real, assure la qualification du Spartak, et devient l’idole des jeunes de Moscou. Pour lui, ça n’a pas été beaucoup plus difficile que de jouer devant les juniors de Pskov ou de Vilnius. Il ne fait pas autre chose aujourd’hui. Il fait comme il sait, en donnant de grands coups d’épée dans la défense de l’OM avec ces jaillissements qui sont la caractéristique de son jeu d’attaque. Il déboule comme un lièvre levé du gîte et il fonce en faisant des zigzags sans que l’on puisse le rattraper. Déjà, après quelques minutes de jeu, il sait que, dans les rangs de Marseille, personne ne va aussi vite que lui. Il faudra un bon quart d’heure aux gaillards de Goethals pour réagir. Ils s’en remettront alors au bon vouloir de leur trio magique Papin-Pelé- Waddle, qui, une fois de plus, fera la différence. 25e minute, Chris Waddle caresse la balle sans passion, avec juste ce qu’il faut de sensualité. A droite, il y a Papin, à gauche, Pelé. Waddle choisit Pelé. Le petit Ghanéen remue le catogan qu’il prend soin d’ajuster comme une crête sur le sommet de son crâne. Une feinte de corps, aussi douce qu’une passe de rock, et le vieux Sergueï Bazulev se rend compte que ses trente-trois ans pèsent trop lourd quand il s’agit de suivre le rythme d’un Africain déchaîné. Il n’y a plus que Stanîlav Cherchesov, le gardien du Spartak, devant Abedi Pelé. Le tir astucieusement croisé de celui-ci donne à l’OM un avantage encore plus important sur le plan psychologique qu’arithmétique. 

 

1495633100927-Mostovoi-Spartak-de-Moscu.jpeg.e5fb9e5043bcddbfbdd9c25eebc823d7.jpeg


Car la jeune classe d’Oleg Romantsev ne sait pas comment réagir. Trop jeune, trop tendre, trop fragile moralement, elle encaisse en s’interrogeant. Et Igor Chalimov doit encore se dire qu’il faut s’en sortir à tout prix quand il se retrouve nez à nez avec Pascal Olmeta. Il a l’esprit tellement encombré d’interrogations qu’il rate complètement l’occasion qui se présente à lui. C’est le genre de ballon que les Marseillais mettent toujours au fond. La preuve, quatre minutes seulement après le premier but de Pelé, Waddle joue les sémaphores au milieu du terrain. Il regarde autour de lui, il flaire, il sent. Tout s’anime. Il aime ça. JPP maraude sur le flanc gauche. Comme ajustée par un tir de mortier, la balle de Waddle arrive dans ses pieds. Un contrôle et une frappe instantanée. Cherchesov est battu pour la deuxième fois en un peu moins d’une demi-heure. Ça ne lui était pas arrivé de la saison en Coupe d’Europe, pas plus devant le Real que devant Naples. Aussi Romantsev met un masque de cire sur son visage. Il boude. Bernard Tapie semble ravi. On le sent à la façon qu’il a de porter son regard sur les jeunes Moscovites qui brandissent sans exubérance un drapeau aux couleurs du McDonald ouvert depuis peu sur la place Pouchkine. Signe des temps. Gilbert Bécaud ne reconnaîtrait pas le café où il retrouvait Nathalie pour boire un chocolat. Il avait un joli nom, son guide. Mais, même ici, tout change... Demain, c’est Adidas, la firme reprise par Tapie, qui équipera l’équipe du Spartak. Aujourd’hui, c’est Tapie qui rend triste Nicolaï Starostine, le vénérable vieillard qui préside aux destinées du Spartak, et qui préfère suivre le naufrage de son Potemkine à lui depuis la tribune de presse. La délégation marseillaise est ravie. Son équipe lui fait plaisir même si Igor Chalimov ne se pose plus de questions maintenant pour placer une tête hors de portée d’Olmeta. 

 

91SpartakOMWaddle.thumb.jpg.f2648d1c1b6276934940af0db045fed0.jpg


C’est le moment ou jamais pour le Spartak de refaire son retard d’un but. Alors, on assiste au plus beau chahut enregistré cette saison devant l’OM. Ainsi que des lycéens turbulents, les partenaires de Radchenko se mettent à courir dans tous les sens. Un véritable tourbillon. Ça part de partout. Les Marseillais passent un sale quart d’heure. Dimitri Radchenko n’est pas le moins agité. Il est loin d’être au bout du rouleau. Remonté comme une mécanique dont on vient de changer la batterie, il démarre sans se lasser. A chacune de ses tentatives, le piège du hors-jeu se referme sur lui. Mais il recommence toujours, obstiné, acharné. Sans doute pense-t-il que les autres vont finir par faire une fausse manœuvre, une seule. Alors là, le coup sera bon à jouer. Mais les défenseurs marseillais, lucides et précis dans leur approche géométrique de la situation, ne lui permettront jamais de les prendre en défaut. Les teenagers du Stade Lénine remballent leurs espérances pour s’engouffrer en bon ordre dans la bouche du métro Sportivnaya. Ils n’ont même plus envie d’attendre la fin du match. Ils savent que les carottes sont déjà cuites. Le lendemain seulement, ils apprendront par la presse que Philippe Vercruysse, rentré sur le tard à la place de Jean Tigana, aura mis une grosse pincée de sel (88e) sur la blessure largement ouverte dans le flanc du Spartak. Pour eux, il n’y a désormais plus rien à espérer. En revanche, pour un OM triomphant (3-1), c’est à Moscou, en fait, que Bari est pris... Les joueurs de Goethals ont d’ores et déjà un pied en finale de la Coupe des Champions. Le Papet belge semble satisfait. Il met alors l’accent sur la valeur de son trio d’attaque, Papin-Pelé-Waddle. « Quand PPW tourne comme aujourd’hui, il n’y a rien à faire pour le contenir. » Oleg Romantsev le sait, lui aussi. Il est triste, amer, quand il regrette que ses hommes n’aient pas écouté ses recommandations. Il reconnaît que Chris Waddle est un sacré bonhomme, mais il déclare qu’il croit encore à la qualification de son équipe. A ce moment-là, il doit bien être le seul ! 

 

C1_1992_1993.Spartk_Mosc_Mars.twb22.mp4.thumb.jpg.fb907b4404e968f7ac621adcdca3a21b.jpg

 

Demi-finales Retour 

24 Avril 1991 

Stade Vélodrome 

 

Qui peut en douter encore ? La finale de Bari ne peut plus échapper à l’Olympique de Marseille. Le résultat de Moscou a, en effet, tué tout suspens. Il y a pourtant ce match à jouer contre les novices moscovites alors que, pendant toute la journée, des bandes de supporters hilares, déguisés en sacs poubelle, se sont répandus depuis le Pharo jusqu’à la Porte d’Aix pour célébrer la qualification. Sans même attendre le verdict du Stade Vélodrome. A quoi bon ? En trente-cinq ans de Coupe d’Europe on n’a jamais vu un demi-finaliste, vainqueur d’abord à l’extérieur par deux buts d’écart, être privé de la finale. Jamais. Hors de question que l’OM soit celui-là. 

 

91SpartakOMWaddle.thumb.jpg.f2648d1c1b6276934940af0db045fed0.jpg


D’ailleurs, la jeune classe du Spartak ne se croit pas capable elle-même de bouleverser le cours des événements. Oleg Romantsev, au sortir du Stade Lénine à Moscou, avait promis le tonnerre de ses anges. Alors, à Marseille, on attend mais on ne voit rien venir. Pas la moindre tactique ambitieuse, pas le moindre soupçon d’initiative collective, pas de plan de bataille structuré. Rien. Surtout que Romantsev a décidé, pour la deuxième fois en quinze jours, de se priver de son cerveau, Vassili Kuldov, pour lui faire tenir le rôle contre nature de chien de garde de Jean- Pierre Papin. Sans cervelle, mais avec des jambes, les Spartakistes ne peuvent pas espérer faire dérailler le convoi olympien. Celui-ci fait son bonhomme de chemin, sans prendre de risques, d’une allure assurée, sereine. D’abord, il prend soin que tout fonctionne. Derrière, le système fait merveille. Les démarrages de Radchenko sont torpillés tantôt par Mozer, tantôt par Casoni, et les remontées d’Ivanov sont toujours étranglées par l’étau du milieu. A partir de là, il n’y a pas à se triturer les méninges, il faut laisser faire les artistes. Place donc au trio magique Papin-Pelé-Waddle, juste pour régaler le public. 

 

286c8.thumb.jpg.83505411f58101314e1264242b72e52f.jpg


Chris Waddle, sans l’obsession d’un résultat à assurer, sans contrainte, en toute liberté comme il sait si bien le faire, commence son festival. Superbe, du grand art. Avec lui, tout devient beau. Ses pieds tiennent le pinceau qui fait vivre un patchwork de peintures figuratives. On ne s’en lasse pas. Même si cela ne fait pas avancer le jack-pot. Pour ça, il y a les deux autres, plus réalistes, moins idéalistes. 33e minute, Papin se sert de sa poitrine, comme du mur dans une partie de squash, à l’intention d’Abedi Pelé. Version provençale du Chasseur blanc, Cœur noir de Clint Eastwood. Le petit Ghanéen se fend d’un sourire en Cinémascope après son tir du gauche qui enterre loin au tréfonds des ténèbres les dernières espérances moscovites. Comme là-bas, il y a quinze jours, c’est Pelé qui ouvre le bal des maudits et scelle définitivement l’histoire. Faux match mais vrais bruits, faux événement mais vrai triomphe, le Stade Vélodrome ne boude pas son bonheur. Son OM, tel un gros matou, a mis sa patte griffue sur la rencontre, et cela le comble. Il ne manque que des buts, une avalanche de buts... Qu’à cela ne tienne. Dès la reprise des débats — il serait indécent de parler d’hostilités dans ce contexte-ci  Chris Waddle entre en action. Cette fois, il empoigne les instruments de l’orfèvre pour ciseler un joyau de petite balle qui va rebondir sur le poteau avant que Basile Boli ne la pousse dans la cage de Cherchesov pour le deuxième but olympien de la soirée, le cinquième sur les deux matches. Il ne reste plus aux Soviétiques qu’à tuer le temps en faisant croire qu’ils ne sont pas seulement des blancs-becs immergés dans un noviciat pas encore achevé. Car, pour le reste, il y a belle lurette que même Igor Romantsev n’attend plus rien d’eux. 

 

VF Manque debut

C1.1992.1993.Mars.SpartkMosc.twb22_5.VOB
1.1 Go
https://uptobox.com/k83falzme1u0
C1.1992.1993.Mars.SpartkMosc.twb22_6.VOB
1.1 Go
https://uptobox.com/v8u3x1onuo4f
C1.1992.1993.Mars.SpartkMosc.twb22_7.VOB
1.1 Go
https://uptobox.com/9026m6siyprx
C1.1992.1993.Mars.SpartkMosc.twb22_8.VOB
11.0 Mo
https://uptobox.com/vr8ldpd22hzc
 

 

vlcsnap-2021-04-19-03h16m13s321.thumb.png.2041c50d8fbc566c8d80693b604d02a8.png

 

vlcsnap-2021-04-19-03h15m43s024.thumb.png.98353a37143dca6c39ed3ec27e9ede4c.png

 


No comments:

Post a Comment

NO LINKS ALLOWED