Le face à face de Billy Bremner et Johan Cruyff en demi-finale doit être le clou du spectacle Leeds-Barcelone, chacun en est persuadé. Bien avant que ne commence la première manche à Elland Road, Billy le rouquin a déclaré que Cruyff possédait peut-être la classe mondiale mais qu'en tout état de cause, il n'aurait pas « le loisir de l'exprimer à Leeds. » Et Billy d'ajouter, vexant : « Cette équipe de Barcelone n'a vraiment rien de spécial. » Bremner et Cruyff vont se rencontrer en plusieurs occasions lors de 180 minutes de tempête et de feu. Mais Johan y mettra manifestement les formes, peu soucieux de provoquer le caractère volcanique de Bremner dont on sait qu'il se masse les chevilles au whisky et que cela lui monte parfois à la tête.
1/2 Finale aller
Elland Road, Leeds
9 avrril 1975
resumé
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L'objectif de Barcelone à Elland Road le 9 Avril est de limiter les dégâts et de ne pas encaisser plus d'un but d'écart. Cette tactique attentiste, à ce niveau-là, contient en elle-même bien des germes d'impuissance. Car Leeds n'est pas du bois dont on fait les sifflets de foire. Son équipe de pirates fait flotter en permanence le drapeau noir sur sa marmite : alors, attaquer un galion d'or dans un port espagnol entre tout à fait dans ses cordes. Le gros problème pour les Britanniques, croit-on, est celui de la surveillance de Cruyff. Mais les joueurs de Leeds, avec cette fierté superbe qui frise l'inconscience, ont décidé de nier son existence. « Personne ne marquera Cruyff spécialement mais chacun le prendra dans sa zone » annonce Bremner. C'est ce qui se passe et l'on voit ce spectacle rare : Johan Cruyff se promener en liberté sans son garde du corps habituel. Que la fête commence ! Sans tenir compte de l'adversaire, sans regretter les quatre matches de Cup d'Angleterre joués contre Ipswich, privé de Hunter et Lorimer, mais animé de cette volonté farouche qui renverse les montagnes, Leeds avance, superbe et généreux. Le ballon vole comme la bille d'acier sur les plots lumineux du « flipper » et, dès la dizième minute, Jordan le bondissant prolonge sa course sur Bremner. Le capitaine écossais, sans s'énerver, déclenche un tir croisé si violent et si précis que Sadurni ne peut que saluer le ballon au passage.
Leeds semble tenir la victoire qu'il mérite. Il domine, il joue bien, il se crée des occasions. Pourtant, à la 65e minute, sur un coup franc accordé pour faute de Reaney sur Heredia, Asensi égalise. Leeds, pétrifié, n'en croit pas ses yeux. Mais Leeds ne meurt jamais. Douze minutes avant la fin, Clarke lui a rendu l'avantage (2-1). Barcelone pavoise et se gargarise. Cruyff parle de « résultat idéal », Michels d'un « pied en finale ». Et pourtant, et pourtant, comme dit la chanson !
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