11 May 1984
Parc des Princes,
Paris
Attendance 45 384
Referee : M. Vautrot
Parc des Princes,
Paris
Attendance 45 384
Referee : M. Vautrot
L'équipe messine est assurément, en ce mois de mai 1984, en total état de grâce. L'opinion publique la situe mal pourtant et la croit offerte en martyre du cirque au féroce appétit de l'A.S. Monaco. Tout ou presque plaide en fadeur de cette analyse, l'équipe monégasque ayant réussi une dizaine de matches de valeur internationale cette saison et l'équipe lorraine ayant été plus souvent à la peine qu'en réussite ; le potentiel technique de l'une n'ayant rien de comparable avec le niveau de l'autre ; neuf internationaux occupant le camp monégasque pour un seul dans le camp messin. Bref, le déséquilibre complet dans tous les domaines, celui de l'argent et de la prime de victoire n'étant évoqué que pour mémoire. Mais, de tout temps, la finale de la Coupe a pris en compte d'autres valeurs que celles du jeu proprement dit et répercuté, exacerbé, rédivers comme l'identité à une région plus ou moins traumatisée, la communion avec une petite collectivité de quinze hommes, la volonté d'aller au bout de soi-même, l'ambition, le défi, la fierté. Et tout ce que l'on ne devine pas qui peut habiter un sportif dans ses ressorts intimes.
Lucien Muller, Alsacien de naissance et par conséquent très proche des Lorrains, estime que « Metz est une équipe qui, comme toutes celles de l'Est, rassemble en elle la solidarité, le collectif et aussi un certain tempérament. » Mais surtout, ajoute-t-il, « on ne peut pas perdre de vue que Metz est en très belle forme actuellement. » Eric Pécout, ancien Monégasque de fraîche date puisqu'il était encore en Principauté un an plus tôt, veut voir les choses de façon réaliste : « II faut d'abord s'attendre à souffrir, dit-il, et surtout ne pas se dire qu'on va faire le jeu. On doit placer deux attaquants en pointe comme devant Nantes et jouer tous les bons coups. Notre organisation devra être claire d'entrée. Je ne vois pas quel intérêt nous aurions à nous bercer d'illusions. »
Des illusions, on commence par ne pas trop s'en faire dans le public, durant la première mi-temps. L'ambiance est chaleureuse certes, grâce aux spectateurs lorrains venus en masse. Mais le jeu est pauvre pour ce qu'on en attendait. Par leur pressing et leurs remontées hors-jeu, les Messins tuent dans l'œuf la plupart des initiatives monégasques. Et quand ils sont à la limite de la rupture, c'est les Monégasques eux-mêmes qui avalent l'œuf, leur milieu de terrain Bijotat-Genghini-Delamontagne s'emberlificotant dans de la technique molle de fête foraine, sans inspiration ni réelle création. Les Messins, très appliqués, très près les uns des autres, n'ont pas pu faire autrement que d'aligner Jean-Philippe Rohr lequel joue avec une jambe de bois et se trouve très limité dans son rayonnement. C'est pourquoi quand Thys se blesse à la 36° minute, aussitôt remplacé par Sonor, et que les Messins continuent à contrôler la situation avec leurs moyens et un cœur admirable, on s'interroge sur la réelle aptitude de Monaco à faire mieux que ce qu'il est en train de montrer. On se demande comment cette équipe, justement réputée pour bien jouer au ballon, peut se perdre en autant d'approximations, de chandelles et de passes perdues. On se prend à aimer cette équipe lorraine courbée sur son établi, langue tirée et qui fait de la « belle ouvrage » avec le bois qu'on lui donne.
Des illusions, on commence par ne pas trop s'en faire dans le public, durant la première mi-temps. L'ambiance est chaleureuse certes, grâce aux spectateurs lorrains venus en masse. Mais le jeu est pauvre pour ce qu'on en attendait. Par leur pressing et leurs remontées hors-jeu, les Messins tuent dans l'œuf la plupart des initiatives monégasques. Et quand ils sont à la limite de la rupture, c'est les Monégasques eux-mêmes qui avalent l'œuf, leur milieu de terrain Bijotat-Genghini-Delamontagne s'emberlificotant dans de la technique molle de fête foraine, sans inspiration ni réelle création. Les Messins, très appliqués, très près les uns des autres, n'ont pas pu faire autrement que d'aligner Jean-Philippe Rohr lequel joue avec une jambe de bois et se trouve très limité dans son rayonnement. C'est pourquoi quand Thys se blesse à la 36° minute, aussitôt remplacé par Sonor, et que les Messins continuent à contrôler la situation avec leurs moyens et un cœur admirable, on s'interroge sur la réelle aptitude de Monaco à faire mieux que ce qu'il est en train de montrer. On se demande comment cette équipe, justement réputée pour bien jouer au ballon, peut se perdre en autant d'approximations, de chandelles et de passes perdues. On se prend à aimer cette équipe lorraine courbée sur son établi, langue tirée et qui fait de la « belle ouvrage » avec le bois qu'on lui donne.
Le salut, pour Monaco, peut toujours venir d'un exploit individuel de tel ou tel, du « tireur fou » par exemple. Bruno Bellone, après deux mois éblouissants, semble malheureusement un peu émoussé : ses mollets sifflent quand il dépasse le cinquante à l'heure et sa tête brinquebale dans les virages. A la 68° minute, B.B. déclenche un coup de canon mais Ettore, placé dans l'axe, pare l'obus de ses deux avants-bras. On se rappelle alors la tête rasante de Gen-ghini, sur un centre d'Amoros, en première mi-temps (42e) et l'on se dit que cela fait deux belles occasions manquées dans un match où elles sont plus rares que radis en Islande. L'ennui pour Monaco, indépendamment de son incapacité propre à fabriquer un jeu digne de ce nom, est la lente montée des Lorrains vers le poste de commande. Il y a un bon moment déjà que Jean-Paul Bernad, le capitaine lorrain, éclaire le débat de son intelligence et de son adresse. Pécout à sa gauche, Kurbos à sa droite et Hinschberger en pointe, il reçoit, distille et répartit tous les ballons en objets de consommation aisée. Un bain d'huile qui contraste avec le panier en vrac des Monégasques. Les Messins ont peut-être senti qu'ils devaient laisser mûrir les enfants du prince. Ils les emmènent donc en prolongation pour leur faire chanter la grand'Metz. A la 103e minute, servi par Bernad, Kurbos s'échappe à la limite du hors-jeu et recentre sur Bernad dont le tir est contré. Mais Hinsberger l'instituteur, le tombeur de Nantes, trouve la balle devant son pied droit et l'expédie chez Ettori. Les Messins, menant 1-0, se retrouvent alors dans la position qu'ils affectionnent, celle du tireur embusqué. Six minutes plus tard (109L'), Kurbos ajoute un deuxième but, d'un tir chirurgical entre Ettori et son poteau gauche. Pour la première fois de son histoire et quarante-six ans après sa première finale, le F.C. Metz gagne la Coupe de France. Bernad et ses coéquipiers s'avancent vers Kasperczak, lui offrent le trophée : « Tenez, c'est vous qui l'avez gagné. - Non, ce n'est pas moi, c'est vous tous qui avez été magnifiques. » Monaco lui, a tout perdu : le championnat, la Coupe, ses illusions. Où donc est-elle ma lumière ? se demande-t-il. Devant, répond Lucien Muller.
DEAD LINKS
REMIND ME
Metz : Ettore - Thys (Sonor, 36e), Colombo, Zappia, Barraja - Rohr (Cangini, 66e), Bracigliano, Bernad, Pécout - Kurbos, Hinschberger. Entr. : Kasperczak.
Monaco : Ettori - Puel, Le Roux, Simon. Amoros - Bijotat, Bravo, Genghini, Delamontagne - Krause, Bellone. Entr. : Muller.
Bonsoir twb22,
ReplyDeleteEt dire que c'est grâce à cette victoire que Metz va nous offrir, 4 mois plus tard, ce qui reste peut-être le plus grand exploit d'un club français en coupe d'europe au cours d'un match exceptionnel à Barcelone... malheureusement non diffusé (alors que la défaite à Metz l'avait été 2 semaines plus tôt...évidemment personne ne pouvait imaginer ce qui allait se passer).
Je crois que ce soir là on avait eu sur nos écrans Auxerre - Sporting...un sacré match aussi mais plus mal terminé malgré un grand Szarmach.
Jarobegusi.
Il faudrait des nouveaux liens pour ce match !!!!!
ReplyDeleteMerci.