European Cup 1978 1979 Glasgow Rangers Fc Koln

Quarter Final Second Leg
22 March 1979
Ibrox Park Glasgow

 Brian Clough est exaucé. Non seulement son équipe n'est pas appelée à rencontrer les Rangers mais c'est Cologne, autre favori de l'épreuve, qui va subir le feu des Écossais en quart de finale, au mois de mars. Hennés Weisweiler, l'entraîneur du club allemand, n'en est pas particulièrement enchanté. C'est un vieux monsieur aux grosses lèvres lippues qui pourrait avoir confiance en soi : il a fait de Moenchengladbach, en son temps, l'une des deux meilleures équipes allemandes ; et il a recommencé avec Cologne en obtenant le doublé Coupe-Championnat 1978. Mais Cologne ne va pas très bien : son équipe est à dix points de Kaiserslautern en Bundesliga, et son attaque n'a marqué que 28 buts en vingt matches. Pour exprimer sa désillusion, Weisweiler a repris à son compte la boutade d'Einstein : «II était une fois des scarabées qui vivaient sur une boule. Ils ne le savaient pas. Moi je suis le scarabée qui s'en est aperçu. »

 Les «malheurs» de Cologne sont directement liés à la longue indisponibilité de son capitaine Flohe, blessé aux muscles adducteurs durant la Coupe du Monde. Beaucoup pensent que la carrière du numéro 10 tire à sa fin, mais Weisweiler n'en croit pas un mot : «Flohe est encore jeune. Il garde le même enthousiasme que par le passé pour le football. Cologne a besoin de lui pendant plusieurs saisons. » L'absence de Flohe a beaucoup nui au rendement de Dieter Muller, le canonnier de service chez les champions d'Allemagne. Elle a accentué la crise morale engendrée par la Coupe du Monde chez ce buteur fragile auquel on avait promis la succession de Gerd Muller et qui a touché du doigt ses limites internationales. Dieter Muller est pourtant un superbe footballeur, à la fois racé et percutant, vif, habile, doté d'une bonne frappe des deux pieds et d'un bon jeu de tête. Dans un jour faste, il est capable de faire oublier Gerd, Klaus Fischer et Dieter Hoeness réunis. Mais il est fatalement lié à son  environnement. Or cet environnement, s'il pèche par Flohe, pèche également par le Japonais Okudera, hors de forme, et par une dégénérescence sensible dujeu collectif. Bref, Cologne n'est plus tout à fait ce qu'il a été, et seul un ordinateur pourrait éventuellement en donner les raisons, à condition qu'il ait une âme.

Quand Cologne arrive à Glasgow, quinze jours apres le 1-0 favorable du math aller, il neige. Et le match doit être décalé de vingt-quatre heures, à la grande déception de quatre cents supporters allemands obligés de reprendre l'avion pour aller pointer au bureau ou à l'usine. Dira-t-on jamais assez la grandeur d'âme de ces coureurs de steppes ? Greig a encore dû renoncer à aligner Derek Johnstone, le 22 mars 1979. Weisweiler a récupéré Van Gool et fait entrer le jeune Strack (1,86 m, 76 kilos) en stoppeur à la place d'un attaquant habituel. Strack n'a pas le temps d'apprécier l'événement puisqu'il quitte le match, à la 20e minute, sur une civière. Les contacts sont sévères entre une équipe de Rangers qui ne se rue pourtant pas à l'assaut, et une équipe de Cologne qui garde son sang-froid. Greig a demandé aux supporters écossais d'être patients, de laisser faire le temps. Weisweiler a averti : « Que nous marquions un but, et les Rangers ne nous rejoindront jamais». Ce but allemand, après de bonnes occasions de part et d'autre, vient à la 48e minute par Dieter Muller, à la suite d'un coup-franc tiré par Konopka et dévié par Flohe. Les espérances écossaises meurent dans l'instant. L'entrée de Derek Johnstone, les vociférations de Greig ne peuvent plus rien changer : il faudrait trois buts aux Rangers pour se qualifier. Weisweiler est enfin détendu. Il étreint Dieter Muller, le sauveur revenu en forme au bon moment, et il murmure à celui-ci : «Grâce à toi, je vais peut-être réaliser mon rêve : gagner la Coupe d'Europe».

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