Uli Hoeness, président au Bayern entre 2009 et 2011 a declaré: « Le problème à Van Gaal, c’est qu’il se prend non pas pour Dieu, mais pour le père de Dieu. Avant même que le monde n’existe, Louis van Gaal était déjà là. » Seule certitude à cette histoire : le natif d’Amsterdam a bien inventé un monde, son monde, en révolutionnant si bien l’Ajax au milieu des années 1990 qu’il est à ce jour le seul entraîneur européen que Marcelo Bielsa ait jamais cité en exemple. Extrait : « Le modèle étranger qui me plaît le plus est celui de l’Ajax de Louis van Gaal, c’est-à-dire une équipe flexible pour composer ses lignes en fonction des exigences de l’adversaire au moment de la récupération de la balle. J’ai calculé : l’Ajax récupérait en moyenne 37 passes vers l’arrière. Le supporter voit ça comme un refus de jouer, mais indéniablement, cette passe vers l’arrière, c’est le début d’une nouvelle attaque. » Dans un livre publié en 2011, Mi gente, mi futbol, Pep Guardiola y était aussi allé de son éloge. « Je suis resté bouche bée quand j’ai vu jouer l’Ajax de Van Gaal. La facilité à créer le jeu de derrière, la rapidité des joueurs de côtés et leur façon de passer le ballon. Dans les pieds à travers les espaces. Cet Ajax pouvait résoudre de manière totalement fantastique tous les un-contre-un qui peuvent exister dans un match. (...) L’Ajax de Van Gaal donnait des leçons de football à ceux qui connaissaient parfaitement le jeu. » Au fond, fallait-il s’attendre à autre chose de la part d’un homme qui, le jour où il a été choisi par le board amstellodamois, a félicité ses dirigeants d’avoir nommé « le meilleur entraîneur du monde » ? Louis van Gaal ne débarquait pas sans ambition : il voulait remettre l’Ajax sur son perchoir.
Il savait surtout comment le faire. Travailler sous les ordres de Van Gaal, c’était d’abord accepter de vivre dans l’ordre permanent. Pour expliquer ce caractère, il faut revenir à l’enfance du Pélican, qui a perdu son père, contremaître pour une compagnie de gaz, à l’âge de six ans après un arrêt cardiaque. Comprendre cette discipline, c’est aussi jeter un œil à l’organisation en vigueur dans un foyer où se croisent huit frères et sœurs. La mère Van Gaal impose à chacun une corvée définie. Pour Louis, ce sera peler les patates pour le dîner du soir. Et pour le boulot, ce sera footballeur, un taf qu’il va cumuler à des études d’éducation physique à Geuzenveld, Louis van Gaal ayant pour ambition parallèle de devenir professeur de sport. « C’est là que j’ai appris à comprendre ce qui motivait les gens. L’important là-bas n’était pas d’apprendre un exercice, mais de comprendre la psychologie sous-jacente, expliquera-t-il un jour. Tout ce que je sais, je le sais grâce à l’académie d’éducation physique. » Côté terrain, il va d’abord être barré par un certain Johan Cruyff à l’Ajax, avant de s’exiler au Royal Antwerp et de repartir avec une toute petite quarantaine de matchs dans les chaussettes quatre ans plus tard.
« Dans l’histoire, il n’y a finalement eu qu’une vraie révolution tactique et c’est l’Ajax qui l’a amenée lorsque le football a soudainement été pensé d’une façon collective et non plus individuelle. »Arrigo Sacchi Il trouvera finalement la lumière au Sparta Rotterdam, où il deviendra enfin quelqu’un dans le foot avant de doucement entamer sa mutation vers le coaching. Il y aura d’abord l’AZ, où il finira sa carrière de joueur et avant de devenir l’adjoint de Hans Eijkenbroek, puis l’Ajax. Deux institutions où Louis van Gaal imposera ses codes : amendes pour les retardataires, chaussures obligatoirement cirées, vouvoiement obligatoire, maillots rentrés dans le short, chaussettes relevées... « Ceux qui ont le maillot hors du short cherchent toujours à faire leur intéressant » , justifia le général à l'époque. À travers ces décisions, c’est la deuxième caractéristique du coach Van Gaal qui ressort : le foot est à ses yeux un sport qui se joue « avec les onze meilleurs joueurs et non le meilleur onze » .
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