2h20 Europe & Pl Review
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En ce mercredi 25 mai, dans le vestiaire milanais du stade olympique Atatürk d’Istanbul, Paolo Maldini, Jaap Stam, André! Chevtchenko et leurs coéquipiers en sont presque à déjà déboucher le champagne. Écoutant à peine les conseils de prudence de leur entraîneur Carlo Ancelotti, les champions d’Italie sourient, se claquent dans les mains, osent même quelques plaisanteries. Tous s’imaginent brandir quarante-cinq minutes plus tard la « coupe aux grandes oreilles » sous une pluie de confettis rouges et noirs. Comme de tradition, la sono de l’enceinte devrait jouer We Are the Champions, et la nuit serait, au choix, douce ou enfiévrée avant le retour triomphal en Lombardie. Cette cinquantième finale de la Coupe d’Europe (devenue Ligue) des clubs champions n’est certes pas terminée, car il reste au moins quarante-cinq minutes à disputer. Mais les joueurs du Milan AC sombrent déjà dans une euphorie que personne ne peut décemment leur
reprocher. Quel grand expert ou simple amateur de football pourrait imaginer qu’en menant 3-0 à la mi-temps, les Milanais, sextuples vainqueurs de la Cl , ne vont pas remporter à Istanbul la septième victoire de leur si glorieuse histoire ?
Même dans le vestiaire de Liverpool, la résignation semble sur le point de définitivement l’emporter. Dès la première minute de jeu, le gardien polonais des Reds, Jerzy Dudek, était allé chercher le ballon au fond de ses filets. Sur un coup franc frappé du pied droit par Andrea Pirlo, Maldini, étrangement seul au point de penalty, avait coupé la trajectoire et ouvert le score. Lourds, mal placés, peu inspirés, les joueurs anglais semblaient incapables de réagir. Pire, peu avant la mi-temps, ils allaient encaisser deux nouveaux buts marqués par l’Argentin du Milan Hernan Crespo. Pas étonnant dès lors si, au repos, leur vestiaire ressemble à un tombeau. Ni sourires, ni claques dans les mains, que de la honte et de l’appréhension. Pourvu que cette finale de Cl, la première du club depuis vingt ans, ne tourne pas à une plus grosse correction... Et puis, Alex Miller, l’entraîneur adjoint du Liverpool Football Club, rentre dans le lugubre sanctuaire des Reds. Il raconte qu’en passant devant la porte des Milanais, il a entendu des rires et des cris de joie. « Vu le bruit qu’ils font, les Italiens sont persuadés d’avoir déjà gagné », lâche Miller à ses joueurs. Ces mots font mal aux oreilles de Steven Gerrard. Contrairement à son homologue milanais Maldini, le capitaine anglais ne s’imagine plus du tout en train de brandir le trophée à la fin du match. « Je me disais juste que j’allais beaucoup pleurer à la fin », raconta-t-il plus tard. Ces scènes de joie vexent Steven Gerrard. D’autres joueurs du LFC ont entendu ces propos et cessent eux aussi de regarder le bout de leurs crampons, d’autant que leur entraîneur, l’Espagnol Rafael Benitez, prend à son tour la parole : « On a préparé ce match pendant dix jours et vous ne faites pas les choses qu’on a décidées. Donc, je vais changer de système. Vous devez montrer plus de fierté. Relevez la tête. »
De l’extérieur du vestiaire parvient alors un grondement qui s’éclaircit peu à peu pour devenir le plus bouleversant des chants. Les joueurs du LFC ne relèvent plus seulement la tête, ils tendent aussi l’oreille. Dans les tribunes du stade Atatürk, leurs 40 000 supporters ont entonné à pleins poumons l’hymne du club. C’est un vieil air de cabaret, devenu un tube pop en 1963 grâce au groupe local Gerry and the Pacemakers. You’ll Never WalkAlone (Tu ne marcheras jamais seul) parle de combat jamais perdu, de fierté à préserver coûte que coûte. Son refrain poignant répète « Walk on ! Walk on ! », marcher, toujours marcher, la tête haute, même au milieu des pires intempéries.
Plus qu’un chant, c’est un rappel de toutes les valeurs qui constituent ce club hors du commun qu’est le Liverpool FC. Dix-huit fois champion d’Angleterre de 1901 à 1990, quatre fois vainqueur de la Cl (1977, 1978, 1981, 1984) avant le coup d’envoi de cette finale d’Istanbul. Aucune autre équipe britannique, pas même Manchester United, ne présente un tel palmarès. Et pourtant, depuis vingt ans, les supporters des Reds ont broyé plus de noir que de rouge. Cette interminable parenthèse s’explique par un drame. Le club béni des dieux du football est devenu maudit en une seule soirée de cauchemar. Le 29 mai 1985, au stade du Heysel, à Bruxelles, alors que Liverpool devait affronter les Italiens de la Juventus de Turin en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, ses supporters avaient déjà entonné à plusieurs reprises You’ll Never WalkAlone. Mais l’hymne de l’espoir avait retenti comme une marche funèbre. Une heure avant le coup d’envoi, des hooligans britanniques avaient chargé des supporters de la Juve massés dans le tristement célèbre bloc Z. S’en étaient suivies des scènes de bousculades et de panique. Trente-deux Italiens, quatre Belges, deux Français et un Irlandais étaient morts étouffés et piétinés.
« Alors que notre équipe et nos supporters étaient adorés partout en Europe, du jour au lendemain, à cause d’une poignée de voyous, nous sommes devenus des pestiférés », se sou¬ vient amèrement Ronnie Whelan, l’ex-attaquant de Liverpool. Si, à l’issue d’un long procès de trois ans (d’octobre 1988 à octobre 1991), treize voyous des stades furent condamnés par la justice belge à des peines de plusieurs mois de prison ferme (qu’ils n’effectuèrent d’ailleurs jamais), le club de Liverpool fut, lui, interdit de compétition européenne pendant six ans. Pourtant, malgré cet infamant bannissement, les Reds restèrent les Reds pendant encore quelque temps sur la scène domestique. Le lendemain même de la finale perdue (0-1) du Heysel, Kenny Dalglish a été officiellement nommé entraîneur à la place du vieux Joe Fagan. Tout en restant joueur, Dalglish insuffle à son équipe un esprit de reconquête. Non seulement Liverpool ne sombre pas, mais les Reds profitent même de la saison 1985-1986 pour remporter le premier doublé championnat-Cup de leur histoire ! Loin de s’effondrer, les affluences au stade d’Anfield sont même les meilleures depuis cinq ans, avec une moyenne de 35 300 spectateurs par match. « Les fans se sentaient honteux et coupables, mais personne ne pouvait leur contester le droit de continuer à supporter leur équipe », analyse le sociologue local Rogan Taylor.
Lles Reds sont à nouveau champions. On pense alors que Liverpool est invulnérable, immortel. Et pourtant, ce dix- huitième et (à ce jour) dernier titre national marqua le début d’une vraie rupture. Les ondes de choc du Heysel puis de Hillsborough ont fini par lézarder la « maison rouge ». Le 22 février 1991, alors que son équipe pointe pourtant en tête du championnat, Kenny Dalglish décide de démissionner. L’entraîneur-joueur, qui vient de faire gagner trois titres de champion et deux Coupes d’Angleterre, est tout simplement allé au bout de ses forces physiques, et surtout mentales. Dans son autobiographie, parue en 1996, il raconte combien l’après-Hillsborough l’avait particulièrement traumatisé. « Je ne sais plus à combien de funérailles je me suis rendu. Marina [son épouse] et moi avons assisté à quatre enterrements le même jour. . . Ce furent des moments poignants et terriblement éprouvants. Je ne m’en suis pas rendu compte à l’époque, mais Hillsborough fut la raison essentielle pour laquelle j’ai quitté Liverpool. »
Pour remplacer Dalglish, les dirigeants font revenir au club un autre grand joueur écossais, Graeme Souness. Capitaine de l’équipe qui a remporté la dernière Coupe d’Europe du club, en 1984, à Rome, le moustachu est ensuite parti au club italien de la Sampdoria de Gênes. Après s’être formé au poste d’entraîneur à la tête des Glasgow Rangers, son retour à Anfield laisse espérer que le club continue d’avancer sans trahir ses valeurs. Le malentendu est complet, et l’échec patent. En un peu moins de trois ans (avril 1991, janvier 1994), le Liverpool de Souness ne remporte qu’un seul trophée, la Cup 1992. En championnat, les Reds touchent le fond en 1994 avec une pauvre place de huitième, à plus de 30 points du premier, les rivaux honnis de Manchester United.
Une nouvelle catastrophe renforça encore les liens entre l’équipe et ses supporters. Mais cette fois-ci, contrairement au Heysel, les Liverpudlians ne furent plus les coupables mais les victimes. Le 15 avril 1989, en demi-finale de la Cup (Coupe d’Angleterre), Liverpool doit affronter Nottingham Forest sur le terrain neutre d’Hillsborough, à Sheffield. Alors que le coup d’envoi a déjà été donné, 2 000 supporters des Reds attendent toujours de pouvoir pénétrer dans l’enceinte. La décision malheureuse d’un responsable de la police, qui décide d’ouvrir brusquement les grilles, provoque un raz de marée humain. Les retardataires compressent les fans qui s’entassaient déjà dans la partie basse de la tribune de Leppings Lane. Quatre-vingt-seize personnes trouvèrent la mort. Le LFC se relève encore, gagne cette Cup devenue maudite après avoir disposé en finale (3-2 après prolongations) de l’autre club de la ville, Everton.
Ce fossé entre les deux clubs du nord-ouest de l’Angleterre ne s’explique pas seulement par des raisons sportives. Le bannissement des clubs anglais des Coupes d’Europe pendant cinq ans (1985-1990) - sauf pour Liverpool, qui a écopé d’un an de plus - bouleverse aussi la donne économique. « D’un système relativement égalitaire, nous sommes passés à une formule élitiste. Privés des revenus des Coupes d’Europe, les plus grands clubs ont renégocié à leur unique avantage les plus gros contrats, en particulier avec la télévision », analyse le sociologue Rogan Taylor. Encore fortement influencé par la conception sociale et même socialiste du football qu’avait son entraîneur légendaire des sixties, Bill Shankly, lui-même fils de mineur, le Liverpool FC a du mal à prendre le virage « tout business » des années 1990.
Souness n’a pourtant aucun état d’âme. Il n’a jamais caché être parti en Italie uniquement pour des questions d’argent. Ouvertement supporter du Premier ministre Margaret Thatcher alors que le cœur de la ville a toujours battu très à gauche, celui que ses coéquipiers surnommaient « Champagne Charlie » tente de provoquer au sein du club une vraie révolution libérale. Mais ses choix sont catastrophiques. Il vend des joueurs historiques, comme Peter Beardsley, Steve McMahon ou Gary Gillespie, pour les remplacer à prix d’or par des soi-disant vedettes grassement payées (Wright, Saunders, Thomas...) et jamais intégrées.
Le mythique stade d’Anfield paie lui aussi un lourd tribut à la modernité. Les catastrophes du Heysel et d’Hillsborough ont persuadé les pouvoirs publics qu’il fallait raser toutes les terraces (gradins debout) du royaume afin de laisser place à des tribunes assises moins dangereuses, mais aussi plus aseptisées. Le 30 avril 1994, une défaite (1-0) contre Norwich scelle la mort du « Kop » tel qu’il chantait, vibrait, depuis le début du siècle. Le nouveau Kop, qui comprend seulement 12 000 places, toutes assises, ne supporte alors que rarement ses joueurs comme le faisait l’ancien, avec ses 28 000 fans serrés les uns contre les autres.
En un réflexe désespéré, Liverpool tente pourtant de se raccrocher à son passé. Avant même que les bulldozers ne s’attaquent au Kop, supporters et dirigeants ont eu la peau de Souness, qui dit de lui-même a posteriori qu’il était « la bonne personne au bon poste, mais pas au bon moment ». Pour le remplacer est promu manager un homme de l’ombre, Roy Evans. Au club depuis trente-cinq ans, comme joueur puis comme membre du staff technique, il a appris son métier au sein de la légendaire « boot room ». En fait, une simple pièce où étaient suspendues à des crochets les chaussures {boots en anglais) des joueurs, la « boot room » était devenue au fil des années Shankly le lieu où les adjoints du maître se rassemblaient et discutaient autour d’une bière. Elle fut rasée au début des années 1990, dans le cadre de la modernisation d’Anfield.
Mais la nostalgie du bon vieux temps incarnée par Evans ne suffit pas à redorer le blason du LFC. Le bilan du manager aux cheveux argentés n’est guère plus flatteur que celui de Souness, avec une seule Coupe de la ligue (1995) remportée en presque cinq ans (de janvier 1994 à novembre 1998). Admis de nouveau en Coupe d’Europe à partir de la saison 1991-1992, les quadruples vainqueurs de la Cl atteignent péniblement les demi-finales de la Coupe des coupes 1997, avant de subir un piteux 3-0 au Parc des Princes contre le PSG, leur pire défaite continentale en dix-huit ans. Les dirigeants comprennent enfin que leur club a besoin d’une vraie rupture. Elle s’effectue pourtant... en douceur. Engagé en juillet 1998, Gérard Houllier, l’ex-entraîneur du PSG et de l’équipe de France, doit cohabiter pendant quatre mois avec Roy Evans avant de s’imposer comme le seul et unique patron, devenant ainsi le premier Français à diriger le club depuis sa fondation, en 1892. La French révolution (« révolution française ») peut débuter. « Il fallait tout revoir, se souvient Houllier, le comportement et la mentalité des joueurs, le contenu des séances, la diététique, les soins... »
En plus de dessiner les plans du nouveau centre d’entraînement de Melwood, Houllier engage des étrangers solides, tel le défenseur central finlandais Sami Hyypiâ ou le milieu défensif allemand Dietmar Hamann, tout en s’appuyant sur des jeunes du cru très talentueux, au premier rang desquels Michael Owen, Jamie Carragher et Steven Gerrard. L’année 2001 marque l’apogée d’Houllier chez les Reds. En l’espace de six mois, ses joueurs remportent cinq coupes ! La Coupe de la ligue, la Cup, la Coupe de l’UEFA, le Charity Shield et la Supercoupe d’Europe.
Le manager français entre définitivement dans la légende du club lorsque, le 13 octobre de la même année, à la mi-temps d’un match de championnat contre Leeds, il est emmené à l'hôpital suite à un malaise cardiaque. Son retour sur le banc, cinq mois plus tard, est triomphal. Et pourtant, l’histoire d’amour entre l’ancien professeur d’anglais et le plus grand club britannique de tous les temps ne fut plus jamais aussi belle. Les supporters et la clique des anciens joueurs (Dalglish, Hansen, Lawrenson...) devenus consultants lui reprochent certains échecs retentissants au niveau du recrutement (El-Hadji Diouf, Bernard Diomède, Bruno Cheyrou. ..), un style de jeu trop défensif, et surtout cette incapacité à ramener enfin un dix-neuvième titre de champion d’Angleterre.
À la « révolution française » succède donc la Rafalution espagnole. En mai 2004, Gérard Houllier est en effet remplacé par Rafael Benitez, champion d’Espagne et vainqueur de la Coupe UEFA avec Valence. Débarqué sur les bords de la rivière Mersey avec des joueurs de son pays (Xabi Alonso, Luis Garcia), tout en récupérant le buteur français Djibril Cissé, qui avait été acheté par Houllier, le technicien ibère demande du temps pour faire ses preuves. Et le peuple rouge est prêt à le lui accorder. Toujours aussi inconstants en championnat (les Reds ont terminé la dernière saison seulement cinquièmes), les lointains successeurs de Dalglish, Souness ou Keegan retrouvent en Coupe d’Europe la folie des plus belles années du club.
En quarts de finale de la Ligue des champions, la confrontation contre la Juventus, vingt ans après la catastrophe du Heysel, sert à la fois de détonateur et de rédemption. Steven Gerrard et ses coéquipiers l’emportent 2-1 à l’aller avant de tenir héroïquement le 0-0 au match retour en Italie. Enfin réconciliés avec leur passé, les 40 000 supporters des Reds qui envahissent le stade Atatürk d’Istanbul, le 25 mai dernier, sont prêts à soutenir leur équipe jusqu’au bout. Après vingt ans de malheurs ponctués de trop rares bonheurs, plus rien ne saurait les décourager, pas même ce score de 3-0 à la mi-temps contre les Milanais. Alors, ceux qui ont été vilipendés au Heysel, pleurés à Hillsborough, et priés de s’asseoir dans « leur » Kop, n’en finissent pas de chanter qu’ils ne marcheront plus jamais seuls. En rentrant à nouveau sur le terrain, Gerrard, Dudek, Carragher et les autres Reds se mettent de nouveau à y croire. Il n’est bien sûr pas encore question de victoire (il ne faut pas rêver !), mais s’il était possible de marquer un ou deux buts sans en encaisser, l’honneur serait au moins sauvé. Et puis, neuf minutes seulement après la mi-temps, le Danois John Arne Riise adresse un centre du gauche dans la surface adverse. Gerrard s’élève devant Stam au point de penalty et place une tête décroisée qui achève sa course dans la lucarne des buts milanais. À peine le temps pour les Italiens d’engager et, cette fois-ci, c’est le Tchèque Vladimir Smicer qui, de 20 mètres, légèrement décalé sur la droite, décoche un tir tendu à ras de terre que ne peut contrôler Dida, le gardien brésilien du Milan. Cette finale bascule définitivement dans la folie lorsque les Reds inscrivent, grâce à un penalty de Xabi Alonso, leur troisième but en six minutes !
Remontés au score par ces diables venus de Liverpool, les Milanais n’ont plus du tout envie de sourire. Ils vont même pleurer à grosses larmes quand la séance des tirs au but tourne définitivement à l’avantage des punis de la première mi-temps. Dudek, le portier de Liverpool, se montre particulièrement héroïque. Son coéquipier, Jamie Carragher, né à Liverpool, lui demande de faire comme Bruce Grobbelaar vingt et un ans plus tôt à Rome, lorsque, déjà en finale de la Coupe d’Europe, le gardien zimbabwéen avait multiplié les pitreries pour déconcentrer les tireurs de penalty italiens. Alors, Dudek fait semblant de flageoler des jambes. Serginho manque le premier tir au but milanais, Pirlo le second, et Chevtchenko le cinquième. Côté Liverpool, Hamann, Cissé et Smicer ayant réussi le leur, le You’ll Never Walk Alone qui s’échappe une dernière fois du stade Atatürk est toujours aussi poignant, mais les larmes qu’il fait couler sur les joues sont toutes d’un bonheur sans retenue. Qu’il est bon de pleurer en ayant si chaud au cœur.
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