Ligue des Champions 2004 2005 Juventus Liverpool Retour

 Quarts de finale
Match Retour 13 avril 2005
Stadio Olimpico Torino

 

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"Turin, 13 avril 2005 : ouverture de la chasse à l'Anglais." Plusieurs sites Internet, sur lesquels les franges extrêmes des supporteurs de la Juventus Turin ont l'habitude de communiquer, débordent de messages agressifs de ce genre, avant le quart de finale retour qui doit opposer le club italien à l'équipe de Liverpool, vainqueur à l'aller (2-1).

Des fanatiques déversent leur haine envers les supporteurs britanniques, héritiers, à leurs yeux, de ceux présents lors de la tragédie du Heysel, survenue à Bruxelles le 29 mai 1985 lors de la finale de la Coupe des champions, Juventus-Liverpool (1-0). Deux décennies n'ont pas suffi à effacer l'image du drame, des 39 morts, dont 32 Italiens, des 400 blessés, des corps martyrisés alignés devant le "secteur Z", dont le mur de séparation avec le terrain s'était écroulé sous la pression des tifosi, qui cherchaient à fuir les attaques des hooligans.

"Le Heysel ne s'oublie pas et ne se pardonne pas" ; "Ceux qui ont tué des enfants et des pères de famille au Heysel doivent payer" ; "Affilez les couteaux et préparez les matraques" : telles sont les incitations qui circulent dans le microcosme des ultras turinois à la veille du match retour des quarts de finale de Ligue des champions qui se dispute mercredi 13 avril, à Turin.

 

 

Les menaces d'une minorité marginale ? La police italienne pense que la rencontre est vraiment à "haut risque" pour l'ordre public. Sollicitée par le ministre de l'intérieur, Giuseppe Pisanu, la préfecture de Turin a mobilisé plus de 2 000 agents de police et carabiniers. Les autorités turinoises prennent très au sérieux le danger et craignent que, dans les heures précédant la rencontre, des guets-apens soient tendus en centre-ville aux supporteurs britanniques.

Lors du match aller, à Liverpool, mardi 5 avril, plusieurs dizaines de tifosi de la "Juve" avaient vivement affiché leur refus d'une pacification jugée "forcée". Ils avaient sifflé la minute de silence et tourné le dos, le doigt majeur levé, au public de Liverpool, qui arborait des cartons colorés formant une mosaïque composant le mot "amicizia" ("amitié").

Quelques heures plus tôt, à l'aéroport John-Lennon de Liverpool, des tifosi irascibles avaient insulté le comité d'accueil composé de Frank Roderick, maire de la ville, et du consul d'Italie, Nunzia Bertali. "Ce comportement gâche tous nos efforts, cela a été l'une des pires déceptions de ma carrière, a commenté amèrement l'entraîneur turinois, Fabio Capello. Vingt ans après, il n'existe pas de coupables et d'innocents."

 

 

Sergio Chiamparino, maire de Turin, a lancé un appel "aux supporteurs de la Juventus et de Liverpool pour que la partie soit une fête du sport et non une occasion d'affrontement, ou pis encore, de vengeance". La préoccupation a franchi les frontières : de nombreux supporteurs des "Reds" de Liverpool ont décidé de ne pas effectuer le déplacement dans le Piémont. Seuls 2 500 des 3 600 billets disponibles auraient été écoulés. Le club anglais a distribué à tous ses supporteurs un prospectus indiquant "les quartiers de Turin à éviter". L'administrateur délégué, Rick Parry, a envoyé une lettre personnalisée : "Vous êtes tous des ambassadeurs, évitez n'importe quel comportement provocateur, restez en groupe et ne vous aventurez pas dans les lieux isolés."

En Italie des mesures exceptionnelles ont été prises. Depuis lundi 11 mars au soir, des patrouilles de police surveillent la gare de Porta Nuova, l'aéroport Caselle et les sorties d'autoroute. Dès minuit, mardi, la vente de boissons alcoolisées devait être interdite à Turin et dans six communes de la périphérie. Les centaines de supporteurs anglais qui voyagent par leurs propres moyens sont les plus exposés. Les autres ont préféré l'offre du club, à 400 euros, incluant une "protection garantie". Le prix de la tranquillité.