Flash back : 27 mai 1908, ambiance chapeau melon et nœud papillon. Quinze hommes se réunissent au café Concordia et fondent le Sporting d'Anderlecht. Le premier président s'appelle Charles Roos. On se cotise pour acheter un ballon et on arrose la naissance de ce club à caractère communal. Les joueurs du Sporting sont tous Anderlechtois et amoureux du jeu offensif. En six mois, le club a déjà inscrit cent buts. En deux ans, mille. En 1911, Théo Verbeeck devient président. Il le restera pendant quarante ans, de l'époque de l'amateurisme pur fruit et des places de tribune à douze centimes et demi, jusqu'à l'envol définitif d'Anderlecht, au lendemain de la seconde guerre mondiale. En 1947, c'est le premier des vingt titres de champion remportés par le club et en 1951, Albert Roosens arrive à la présidence. Ses idées novatrices vont faire du Sporting un club de pointe. La politique de Roosens est celle du semi-professionnalisme, des transferts et de la détection des jeunes. Anderlecht truste les titres et les meilleurs joueurs du pays. Sous le maillot mauve, les Jef Mermans, Jef Jurion, Paul Van Himst, Laurent Verbiest et autres Georges Heylens vont faire du Sporting le maître incontesté du football belge.
Sur le plan national, Anderlecht n'a alors plus rien à prouver. Constant Vanden Stock n'est pas encore «le Parrain», mais il connaît déjà parfaitement le club : il y est entré à l'âge de dix ans, a joué en équipe première dans les années trente avant de devenir sélectionneur national pendant dix ans. Son retour au club, en avril 1971, va entraîner l'adoption du professionnalisme et porter Anderlecht vers les sommets européens. Constant Vanden Stock, grand admirateur de l'ancien président du Real Madrid Santiago Bernabeu, est un «sell made man. plein de bon sens. Il est un gestionnaire avisé et il connaît parfaitement le football. En véritable pionnier, il va développer l'aspect commercial du club et l'associer efficacement à l'aspect sportif pour faire d'Anderlecht un modèle, aujourd'hui envié, jalousé ou imité. A Anderlecht, Constant Vanden Stock voit tout, écoute tout, sait tout, décide tout. Il est le maître. Il se porte aussi garant pour l'engagement des joueurs. Il veut les meilleurs, il les aura : Munaron, Cœck, François Van der Elst, Vercauteren, Scilo... Le recrutement s'élargit aux Pays-Bas et au Danemark et va conduire à Anderlecht des Rensenbrink, Haan, Arnesen, Morten Ol-sen ou autres Brylle. Les résultats internationaux ne tardent pas à suivre : de 1976 à 1984, Anderlecht joue cinq finales de Coupes d'Europe, en gagne trais (deux Coupes des coupes et une Coupe de l'UEFA) et remporte deux Super-coupes d'Europe (1976 et 1978). Les joueurs étrangers peuvent évoluer sous licence belge après cinq ans d'activité dans le pays, ce qui explique le développement de ces «filières», plus tard étendues à l'Afrique.
Les succès sportifs assurés, Constant Vanden Stock décide la modernisation du stade qui porte son nom. Mais le club ne reçoit aucune aide financière et son président est contre toute ingérance étrangère. Il ne tient pas à voir débarquer un joyeux mécène dévoreur d'espaces. Les travaux coûtent cher et il va falloir se débrouiller seul. «Le Parrain» a alors une idée de génie : il décide la construction de loges et de « business-seats » loués sur la base de trois ans (bail renouvelable) à des sociétés (voir encadré), attend d'encaisser à l'avance les deux-tiers des «loyers», puis donne le feu vert pour les travaux. Le succès est total et, une fois de plus, Anderlecht fait figure de précurseur. Le Sporting n'est plus un simple club de football, il est désormais une véritable entreprise. Une entreprise tellement solide qu'elle a résisté, il y a quatre ans, au scandale financier qui a secoué le football belge et dont quelques clubs (le Standard de Liège notamment) ne se sont pas encore remis. En 1984, une enquête financière démontre que la quasi-totalité des clubs de première division utilisent une «caisse noire». Anderlecht est dans le lot. On découvre un compte en Suisse, des dessous de table. Ça sent le roussi. Mais Vanden Stock assume. Le club prend en charge les redressements fiscaux de tous ses joueurs. Unique en Belgique. Constant Vanden Stock, quatrième président (en 81 ans !) d'Anderlecht, est le garant de l'honneur, de la stabilité et de la continuité d'un club sans cesse à la recherche de nouvelles idées. Ce personnage attachant, volontaire et courageux a redonné au Sporting une santé financière exemplaire malgré des moyens limités et quelques sérieux « pépins ». Anderlecht doit être le meilleur des meilleurs, «La concurrence est une bonne chose. Nous l'avons souvent connue par le passé et je suis toujours revenu. Et cette fois encore, je pense que je reviendrai. » Ainsi parla Constant Vanden Stock, dit «le Parrain».
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