Finale
12 Juillet 1987
Monumental Buenos Aires
Sur quels critères juge-t-on une équipe de football ? Les résultats et la manière. Critiquer une équipe qui perd et joue mal est chose facile. Surtout quand elle ajoute à ces deux défauts un crime de lèse-football : la violence. Lors du Mundial 86, la sélection uruguayenne d'Omar Boiras avait révolté tout le monde. Poètes, réalistes, spectateurs, supporters, arbitres, et même son meilleur joueur, Enzo Francescoli. Du vitriol pour décrire sa violence et sa médiocrité. Boiras n'osait plus rentrer chez lui. Un an après, son successeur Roberto Fleitas est retourné à Montevideo sourire aux lèvres, tête haute, regard malicieux derrière ses lunettes. En brandissant la 9' « Copa America » remportée par la Céleste. Il a reçu des tapes dans le dos. Quand on dresse le bilan de la campagne uruguayenne dans cette « Copa America ». il est pourtant loin d'être brillant. Les entreprises de la sélection de Fleitas ont d'abord été facilitées par le règlement défaillant de l'épreuve. Champion en titre. l'Uruguay entrait en lice en demi-finale.12 Juillet 1987
Monumental Buenos Aires
L'autre raison qui nuance la portée et la valeur du succès uruguayen est la faiblesse des oppositions que cette équipe rencontra. Tout au long du tournoi, l'Argentine fut décevante. Elle n'avait plus grand-chose d'un champion du monde. Le Chili, en finale, était usé. Sans ressources physiques pour son jeu de contre. Malgré cela, l'Uruguay ne manifesta jamais de supériorité. Un zeste de chance, un autre d'opportunisme, deux petits matches, deux petits buts. Cela ne peut pas faire un grand titre. L'Uruguay a été sacré « Campéon » sans avoir rien montré qui ressemble vraiment au football. Jeu collectif pratiquement inexistant. Pauvreté créatrice affligeante. Niveau technique d'ensemble impossible à apprécier. Fleitas n'avait pas demandé à ses hommes de jouer. Mais de lutter. Les Uruguayens luttèrent donc. En « machos ». Sur toutes les balles. Sur tous les joueurs. Même quand les premières n'appartenaient pas aux seconds. Une vaste entreprise de destruction. Avec pratiquement tous les joueurs concernés. Et quelques sorties en contre. Menées par Francescoli, ou son ex-compère de River Plate Alzamendi. Après le but que ce dernier inscrivit en fin de première mi-temps, l'Uruguay ne songea plus qu'à bétonner, au sens le plus strict du terme, contre l'Argentine. Face à un Chili armé en finale des mêmes intentions négatives, l'Uruguay domina souvent. Il démontra alors une réelle incapacité à attaquer, à construire, à créer. Surtout après l'expulsion de Francescoli. Le seul joueur animé de bonnes intentions avait perdu la tête. Dans le visage du Chilien Toro. Francescoli était excédé. Par le traitement honteux qui lui était infligé, ainsi qu'à ses coéquipiers. Enzo venait d'être victime de l'ambiance « garra » voulue dans cette sélection, qui met les nerfs à fleur de peau.
Et de son absence personnelle de goût pour ce football de combat : quand on n'est pas habitué à donner des coups, on n'accepte pas facilement l'idée d'en recevoir. Il quitta la finale après une demi-heure de jeu. Honteux, désespéré. La seule chance de spectacle disparaissait avec lui. Restait un jeu sans plus aucune perspective de beauté. Les rares fois où ils s'employèrent à attaquer ou contre-attaquer, les Uruguayens malmenèrent le ballon, la rationalité constructive, et notre patience. Il est difficile de s'extasier devant un football aussi peu créatif. Plus grave : il est difficile de croire qu'un tel jeu matérialise une quelconque progression. L'Uruguay 87 de Buenos Aires ressemblait comme un frère à l'Uruguay 86 de Mexico. Il manifestait le même état d'esprit agressif, dispensait avec la même générosité les actes d'anti-jeu. L'Uruguay de Fleitas était coulé dans le moule sécuritaire qui avait servi à Borras. Seuls trois joueurs, pourtant, étaient rescapés du Mundial. Francescoli, le solide défenseur central de River Plate (Argentine) Nelson Gutierrez, et le turbulent attaquant de River (aussi) Antonio Alza-mendi. Pour [e reste, que des nouvelles têtes. De l'expérimenté gardien de but Eduardo Pereyra (33 ans, Penarol Montevideo), au jeune ailier gauche décroché Ruben Sosa (21 ans, Saragosse/Espagne). Que dire des défenseurs Alfonso Dominguez (à droite). Obdulio Trasante (dans l'axe) ou José Luis Pintos Saldanha (à gauche)? Qu'ils savent se battre, selon la seule expression convenant à ce qu'ils nous ont montré. Que dire du jeune milieu de terrain José Baille Perdomo (22 ans), présenté comme l'une des figures montantes de la nouvelle génération? Qu'il sait aussi se battre.
Qu'il affiche la présence d'un Batista (Argentine). Que dire de Gustavo Cris-tian Matosas (20 ans) ? Qu'il s'y entend pour matraquer. Maradona en sait quelque chose. Que dire de Pablo Javier Bengoechea, annoncé comme la seule concession à un football plus créatif avec Francescoli et auteur du but en finale ? Qu'il n'a pas paru être le grand technicien promis. Mais qu'il se bat aussi. Que dire d'Alzamendi. déjà connu ? Qu'il est toujours aussi fonceur, mais affiche toujours aussi peu de lucidité. Que dire du remplaçant des dernières minutes José Enrique Pena, coureur à pied chauve de 24 ans? La réponse est contenue dans la question. L'Uruguay est champion d'Amsud pour la seconde fois consécutive. Champion de la destruction et de l'opportunisme. L'avenir de cette sélection à la moyenne d'âge relativement jeune est loin de paraître établi. Il paraît aussi sombre que l'état du football dans le pays, où stades vides et émigration permanente sont les deux caractéristiques principales. Loin d'annoncer des lendemains qui chantent, ce succès est sans doute ce qui pouvait arriver de pire au football uruguayen. Car il peut inciter à continuer dans la même voie d'un football négatif. Ce qu'un confrère sud-américain appelle « l'énigmatique sériosité » historique de ce jeu qui n'a de sud-américain que le nom...
Uruguay : Pereira - Domínguez, Gutiérrez, Trasante, Pintos Saldaña - Matosas, Perdomo (Red Card 88e), Bengoechea - Alzamendi (86' Peña), Francescoli (Red Card 27e), Sosa
Chile : Rojas - Reyes, Astengo (Red Card 88e), Gómez (Red Card 14e), Hormazábal - Pizarro, Mardones, Contreras, Puebla (19' Toro (63 m Rubio)) - Basay, Letelier
ESP repost dead link
Cpa.Am.1987.Final.Urug.Chil.Thewildbunch22.1Hlf.mkv
507.18 Mo https://1fichier.com/?qc32hwfmnxqg1az3cug2
Cpa.Am.1987.Final.Urug.Chil.Thewildbunch22.2Hlf.mkv
437.49 Mo https://1fichier.com/?9zzkn8mvea65yj34evj3
thank you for the fantastic upload.but i think the links are for copa america 79 paraguay-chile
ReplyDeleteYes...I'll post the good links that saturday morning, that 79 final was supposed to be for later...
ReplyDeletewhat about the links, finally tomorrow saturday morning? regards.
ReplyDeleteOk Done good links, the 79 will be soon before the end of the 2011 Copa.
ReplyDeletethank you so much!!
ReplyDeleteThanks so much TWB22 !!!
ReplyDelete