D’une manière générale, les habitués de la Coupe d’Europe préfèrent jouer le match-aller à l’extérieur, surtout dans les derniers tours qualificatifs, quand l’adversaire est de grande valeur. Saint- Etienne n’échappe pas à la régie et fait un peu la moue en apprenant qu’il devra d’abord recevoir P.S. V. Eindhoven avant d’aller en Hollande le 14 avril 1976. Mais Curkovic rassure ses coéquipiers : « En Coupe d’Europe, c’est presque iné¬ vitablement la meilleure équipe qui se qualifie, quel que soit l’ordre des matches.» P.S.V. Eindhoven n’est pas encore entré dans le club des Grands Européens, non plus que Saint-Etienne.
Mais sa remarquable saison européenne 1974-75 (demi-finaliste de la Coupe des Coupes, seulement battu par... Dynamo Kiev), le fait qu’il gagne régulièrement depuis 1974 un trophée national en dominant Feyenoord et Ajax, lui donnent une jeune mais estimable réputation. P.S.V., qui veut dire Philips Sport Veriniging (Association Sportive Philips) est également le représentant du football hollandais, de ce football hol¬ landais qui a collectionné les Coupes d’Europe avec Ajax et Feyenoord, et illuminé la Coupe du Monde avec Cruyff et ses diables orange. P.S.V. est dans la ligne du football total né dans ce plat pays d’hommes vaillants et indes¬ tructibles : un football d’athlètes sûrs d’eux-mémes, épris de liberté, de grands espaces et d’émotions nouvelles. Plus qu’Ajax encore dont le cadre était par¬ fois trop rigoureux, P.S.V. est une équipe tout entière axée vers l’attaque, avec une certaine noblesset.
L’un de ses joyaux est l’immense Suédois Ralf Edstroem, un attaquant long comme un jour sans pain (191 centimètres) dont la morphologie n’en fait pas une girafe empruntée. Edstroem possède en effet un buste long avec un centre de gravité assez bas. Etonnamment adroit balle au pied, dribbleur élégant, gauché mais efficace du pied droit, le grand Edstroem appartient au petit peloton des attaquants d’élite. On le craint pour son efficacité dans le jeu aérien (évidemment, avec cette taille) mais on oublie trop souvent qu’il a tous les atouts dans son jeu. Une semaine avant le premier affrontement, Garonnaire, Herbin, Larqué et Curkovic, s’en sont allés visionner P.S.V. dans son match de championnat contre Ajax. Ils pensaient être accueillis, sinon avec des fleurs, du moins avec les égards dus aux anciens hôtes de Kees Rijvers, l’actuel entraîneur du club hol¬ landais. Mais le Batave est de nature méfiante. Ses policiers ont la main leste. C’est pourquoi Garonnaire, cameraman obstiné malgré les ordres contraires, manque de se retrouver en prison. Herbin ne s’attarde pas sur la péripétie et porte son jugement : « Incontestablement, c’est une très belle équipe. Avec trois qualités principales : la solidité, la spontanéité et la vivacité ; le tout lié par une solidarité exemplaire entre les joueurs. Leur jeu n’est pas stéréotypé. Ils savent s’engager à fond et avoir à très haut régime la petite étincelle de la subtilité et de l’improvisation. Il m’a semblé que P.S.V. était avant tout une équipe qui joue pour marquer des buts, grâce à la possibilité qu’ont tous les joueurs, et je dis bien tous les joueurs, à se transformer en attaquants dés que le ballon a été récupéré. C’est le genre d’équipe type à marquer des buts à l’extérieur. On peut comparer son organisation de jeu à celle de Kiev, à cette nuance prés : il y a une participation plus totale des joueurs à l’action en cours. Maintenant, il est évident que cette équipe n’est pas invulnérable, même si ses points faibles sont rares : ainsi le bloc défensif me semble moins inabordable que celui de Kiev, certains joueurs m’ont paru un peu fébriles au moment de la prise de risques, son jeu essentielle¬ ment axé en profondeur va peut-être nous offrir des possibilités offensives, et enfin nous possédons une meilleure expérience internationale. »
31 mars 1976
Stade Geoffroy-Guichard
Ch.Lg.75.76.Stet.Eind.Twb22.avi
875.2 Mo
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Saint-Etienne, pour mieux se préparer, a demandé et obtenu l’aménagement de son calendrier en championnat. Ses matches contre Lyon et Valenciennes ont été reportés mais l’entraînement n’a pas baissé d’un ton, au contraire. C’est ainsi qu’un journaliste hollandais, après avoir vu Merchadier se faire fracturer accidentellement le nez au cours d’une séance musclée, s’est exclamé : « Mais ils s’entraînent comme des fanatiques ! » Le salut de l’A.S.S.E., le 31 mars 1976 à Geoffroy-Guichard, réside dans l’offensive afin d’acquérir le plus large avantage possible. Son équipe est celle du début de saison, contre les Rangers, c’est-à-dire l’équipe idéale sans Sarra- magna blessé à la cuisse. Quinze jours seulement séparent ce match aller contre P.S.V. de la folle soirée contre Kiev. Et l’on craint que les Stéphanois n’aient pas récupéré tout leur influx nerveux. Crainte vaine. Les champions de France jouent l’un des meilleurs matches de leur histoire, notamment une première mi-temps de très haut niveau grâce à leur milieu de terrain. Le trio Larqué-Bathenay-Synaeghel, abat un travail surhumain sur le plan physique dans le pressing de récupération, et trou¬ ve encore les ressources nécessaires pour déclencher des jaillissements offensifs répétés. En 45 minutes, Larqué manque à lui seul de faire la décision de manière définitive, Van Beveren accomplissant deux arrêts prodigieux sur sa ligne de but.
Heureusement, l’excellent gardien hollandais s’est incliné à la 15e minute sur un remarquable coup franc de Jean- Michel Larqué tiré de vingt métrés. Ce coup franc sanctionnait très justement une faute de Deyckers sur Rocheteau, l’homme dont on prend les chevilles pour des enclumes.
Larqué s’est concentré longuement avant l’exécution du coup de pied de réparation. Puis Hervé s’est élancé pour une course de diversion et le tir a claqué comme un coup de cymbale : une frappe de balle exceptionnelle comme il n’y en a pas trois en France. Van Beveren, ainsi que Rudakov quinze jours plus tôt, découvre une spécialité typiquement stéphanoise : le coup franc à l’européenne du chef.
On croit à la multiplication des petits pains tant l’équipe stéphanoise joue bien, avec lucidité et ardeur. L’Equipe écrit : « Alors les Stéphanois habités par cette réussite et transportés par cette ferveur, se mirent à jouer comme jamais peut-être ils ne l’avaient fait. Ce que firent Rocheteau dans ses déhanchements inacessibles, Jean-Michel Larqué dans toute sa plénitude technique, Piazza dans ses jaillissements superbes.« Nous avons été trop bons en première mi-temps, moi en tête. Nous n’avions plus ensuite les ressources suffisantes pour abattre définitivement une aussi bonne équipe que P.S.V. »
Le public, injustement, a le sentiment d’un demi-échec et les Verts sortent du terrain dans un silence significatif. Cette remise en cause systématique de leur valeur et de leurs exploits exaspère les joueurs stéphanois : « On dirait que personne n’aime Saint-Etienne », bougonne Oswaldo Piazza. Robert Herbin a des phrases plus dures. Avant le match-retour, il déclare à France-Soir que, quoi qu’il arrive, « ses joueurs méritent le respect. » Et il explique pourquoi : « Certains considèrent comme miraculeuse la place occupée par l’A.S.S.E. dans le concert euro¬ péen. C’est leur droit mais je leur réponds que c’est par de tels raisonnements que le sport en général et le football en particulier sont constamment à la recherche de leur équilibre, de leur stabilité et de leur valeur dans le monde de la haute compétition... Saint-Etienne, demi-finaliste de la Coupe d’Europe pour la deuxième saison consécutive ment ce n’est pas le fait du hasard. N’avoir concédé qu’une seule défaite sur ses sept derniers matches européens est assez éloquent pour prétendre aujourd’hui que ce club a ouvert la voie du succès à tout le football français... 1 à 0, c’est peu mais ce sont tout de même les Stéphanois qui pour l’instant sont qualifiés... La Coupe d’Europe est dure et cruelle. Saint-Etienne a éprouvé dans le passé de terribles déceptions. Il est normal aujourd’hui que ce club récolte enfin le fruit de son travail. »
ce match est le 1/8 de 1976-77 ou la 1/2 de 1975-76 ?
ReplyDelete1/2 de 1975-76 voyons....
ReplyDeleteok, il y a marqué 1977 sur la video c'est pour ça j'étais pas né à l'époque ;)
ReplyDeletemerci pour ton partage, t'es un roi !
A voir la composition des équipes , c'est le 1/8 de 1976-77, but de Piazza . Merci pour le partage!
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