Saturday, May 22, 2021

C3 1992 1993 Auxerre Ajax Amsterdam


Quart de Finale Aller
3 mars 1993
Stade de l'Abbé-Deschamps

FR manque fin
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Y a-t-il quelque chose de commun entre l’Association de la jeunesse auxerroise, façon patronage de l’après-guerre, et l’armoire aux trophées de l’Ajax d’Amsterdam ? A priori, rien. Si ce n’est un goût profond, presque une vocation pour la formation. Pendant que l’Ajax, révélé par le talent de Johan Cruyff, continue de nourrir la crème du football européen de ses petites merveilles, l’AJA, plus modeste, se permet de boucler chaque année son budget en revendant dans l’Hexagone quelques-uns de ses jeunes talents les plus prometteurs. Mais cela, Louis Van Gaal, le terrible entraîneur de l’Ajax, l’ignore. En fait, il ne sait pratiquement rien d’Auxerre et il s’en moque. 


Son arrogance lui fait oublier que le Milan AC et Liverpool sont un jour tombés de haut à l’Abbé-Deschamps. Le but marqué d’entrée de jeu par Pettersson (3e minute) entretient cette suffisance qui déteint sur toute son équipe. Sûr de sa force, l’Ajax pense donner une leçon aux élèves bourguignons. Mais l’égalisation de Verlaat, faux frère d’Amsterdam (17e minute), met au jour le peu de clairvoyance des Hollandais dans le domaine défensif. Un dilettantisme évident à nouveau souligné à la 43e minute lorsque, sur coup franc, Corentin Martins enrobe sa balle de sucre  d’orge pour l’envoyer hors de portée de Menzo, sombre portier de nuit. Et il faudra le talent conjugué de Bergkamp et de Vink pour montrer deux minutes plus tard - juste avant le repos - ce que l’Ajax est capable de faire quand il ne se prend pas pour le roi du monde. À ce moment-là, Van Gaal en veut bien un peu à Menzo, qu’il traite de lourdaud, mais il n’a toujours aucun doute sur l’issue du match. Du côté d’Auxerre, Guy Roux a saisi bien vite le profit que l’AJA peut tirer du comportement prétentieux de ses adversaires. Il demande à ses hommes de leur sauter à la gorge, de les asphyxier, de jouer vite, de tourner. Tout ce qui faisait autrefois la force d’un Ajax tourbillonnant. Il a vu aussi, comme tout le monde, que le gardien du temple, Stanley Menzo, solide statue d’ébène, a enfilé ses chaussures de plomb et qu’il faut donc jouer avec lui comme la souris avec un gros matou. C’est ce que fait Pascal Vahirua, à dix minutes de la fin, en tarabiscotant une balle de l’angle du terrain qui envoie Menzo aux pâquerettes. Un peu plus tard, durant l’ultime minute de jeu, c’est au tour de Dutuel. Servi dans l’axe par Laslandes, il frappe de loin, avec lourdeur, pour souligner la faiblesse d’un Menzo aussi impuissant sur les quatre tentatives auxerroises, très différentes les unes des autres. 

Louis Van Gaal pique alors une colère monumentale. Pour lui, il n’y a qu’un seul responsable du fiasco de l’Abbé- Deschamps, c’est son gardien. Il ne prend même pas en compte la valeur de l’équipe d’Auxerre, sa capacité à gérer un match, l’addition d’une multitude de jolis talents, rien. Il en veut à Menzo et il l’envoie convoyer le matériel de l’équipe. Celui qui fut huit ans durant l’inamovible gardien de l’Ajax n’a plus en charge désormais que la garde de gros sacs de linge sale. Mais comme son remplaçant, le blondinet Edwin Van der Saar, ne vaut pas grand- chose, Menzo peut encore espérer. . .  Que peut-on attendre de cet excité de Van Gaal ? » laissent tomber, fatalistes, ceux qui estiment dans l’entourage de l’Ajax que l’entraîneur se trompe souvent de cible. « C’est lui qu’on devrait virer ! » entend-on parfois. On ne lui a jamais pardonné en effet la façon dont il s’est débarrassé, en octobre 1992, de Bryan Roy, la nouvelle perle noire de l’Ajax. 

Aujourd’hui on guette sa réaction, on attend un sursaut d’orgueil sur la pelouse légendaire du stade olympique d'Amsterdam, mais l’on ne verra rien venir, à l’exception d’une solide occupation du terrain avec un milieu de terrain puissant. Bergkamp est égal à lui-même, fin tacticien, organisateur subtil, mais il n’est pas toujours suivi dans ses intentions par le reste d’une équipe plus fruste techniquement. Comme la défense, par ailleurs, est loin de manifester la sérénité génératrice des bouleversements profonds, on assistera à une longue domination de la « divine » d’Amsterdam, sans trembler pour autant pour les Bleus d’Auxerre. Ajoutons au tableau que le gardien Edwin Van den Saar semble capable de leur offrir à tout instant un cadeau royal. Christophe Cocard a failli en profiter dès l’ouverture des débats. Sans cesse au bord de la rutpure, Van den Saar est le plus sûr complice des velléités auxerroises. Il suffit de le pousser à la faute. Mais il manquera toujours un petit quelque chose à Verlaat, Martins, Baticle, Cocard, Vahirua pour lui faire comprendre qu’au football il faut se servir de ses pieds, ce que le bon Edwin ignore visiblement. « Des pieds trop éloignés du cerveau », ironisera quelqu’un. 

Auxerre ne réussira pourtant pas à marquer et devra faire front à la vague des offensives néerlandaises. Quand, d’un coup de tête à la 60e minute, le défenseur Frank de Boer redonne l’espoir aux 50 000 spectateurs du stade olympique, il reste une demi-heure de jeu et l’Ajax n’a besoin que d’un but pour sauvegarder son statut de Grand d’Europe. Il s’emploie alors à rester fidèle à sa légende. Le jeu se crispe. Auxerre ne doit pas plier. Les attaquants, Cocard et Vahirua, sont lessivés. Ils ne portent plus le danger devant Van den Saar. Pour tenir, Martins use de sa technique, Dutuel de son abattage, Verlaat de son calme, Prunier de son courage, Goma de sa lucidité. La défense résiste devant un Bruno Martini héroïque qui sortira deux balles successives de Petterson et de Bergkamp en guise de conclusion. Auxerre s’est défait de son complexe,  

Cette courte défaite à Amsterdam correspond pour finir à un formidable triomphe, un exploit digne de la chronique fabuleuse signée cette saison par le football français. Comme l’écrit Christian Jaurena dans Libération : « La Bourgogne s’inscrit désormais sur la carte d’Europe autrement que par son vignoble. . . L’exploit est là, inaltérable et un peu légendaire si on aime les histoires des petits qui triomphent des grands. » Pour une fois, le talent et l’impertinence que l’on reconnaissait généralement aux Auxerrois ont su trouver un prolongement. À l’AJA, plus rien ne sera plus pareil. Fini « le patron » du père Bonnefoy, on se « shoote » à l’Euro !... 




















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