En atteignant le stade des demi-finales, Saint-Etienne aura réussi une tort belle carrière qui coïncidait avec le 2O anniversaire de la Coupe d'Europe. Se retrouver au Parc des Princes vingt ans après Reims était inespéré, même pas énvisagé au début de la compétition. Mais devant un Bayern au méticr consommé, qui n'est plus tout à fait ce qu'il était car il n'a pas remplacé Breitner, Saint-Etienne a montré ses limites : une insuffisance const ructive chez plusieurs joueurs que la meilleure combativité et la meilleure volonté ne peuvent compenser.
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9 avril 1975
Stade Geoffroy Guichard, St Etienne
Resumé
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Pour Saint-Etienne, le fait même de recevoir sur son terrain de Geoffroy-Guichard, le champion d'Europe en personne, est déjà une merveilleuse récompense. Les difficultés du Bayern à justifier son titre depuis quelques mois sont pour lui autant de graines d'espoir. « II nous faut deux buts d'avance avant d'aller à Munich » disent les plus optimistes. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Sur le terrain que la neige a rendu glissant, Saint-Etienne mène certes, des actions si prestes et si enjouées qu'elles démontent un moment les Bavarois. Mais la flamme stéphanoise recule rapidement devant l'assurance, l'ordonnancement parfait, l'aisance collective impressionnante du Bayern. La forteresse paraît imprenable et, de ses murailles lisses comme la glace, jaillissent parfois des flèches terrifiantes que les Stéphanois doivent esquiver avec force et adresse.
Tout le match-aller tient dans une bataille tactique déroutante pour les Stéphanois. Le Kaiser Beckenbauer est flanqué de deux gardes du corps au lieu d'un et le milieu de terrain est encombré de cinq joueurs allemands dont Hoeness et Muller. Le pauvre Piazza, chargé de surveiller le canonnier adverse en perd son latin. Devant ce bloc, Saint-Etienne ne trouve pas la faille et sa domination stérile en devient presque absurde. Quand un éclair jaillit de sa garde, une araignée noire nommée Sepp Maier prend le ballon dans sa toile. Le 0-0 se consomme presque sans amertume, avec l'admiration non dissimulée des Stéphanois pour le Bayern. « Ils sont champions d'Europe et cela se voit, dit Repellini. Une équipe sur le déclin, ça ? Laissez-moi rire. » Le Bayern est donc grand favori pour le match-retour. A vrai dire, sa victoire et sa qualification ne font aucun doute, Beckenbauer ne dit-il pas : « Nous avons fait le plus difficile à Saint-Etienne » ?
Celui que l'on surnomme « Kaiser Franz » parce que sa personnalité est rayonnante et son jeu impérial, croit de nouveau dans son Bayern. Il sent l'étincelle qui anime ses coéquipiers. Il sait que sur un match, et quel qu'en soit le déroulement, l'équipe bavaroise puisera dans son cœur et ses tripes les ressources techniques qui lui manqueront. Car le Bayern d'avril 1975 n'est pas celui d'avril 1974. Les 105 matches de la saison précédente, les dures batailles de la Coupe du Monde, les blessures, les doutes, le départ de Breitner ont radicalement modifié le visage de la grande formation. Comme le Bayern ne peut plus être le prince de l'élégance, il a décidé d'être le roi de l'efficacité.
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23 Avril 1975
Olympiastadion, München
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Le 23 avril 1975, au stade olympique de Munich, à peine le décor est-il planté (2e minute) que Piazza commet une faute sur Hoeness, que le coup franc tiré par celui-ci est détourné en corner par Bathenay, et qu'après ce corner, Beckenbauer s'empare du ballon, crochète Larqué après deux feintes admirables et marque sèchement d'un tir croisé. « Ce fut tout de suite comme un coup de tonnerre, le but à la fois admirable et désespérant de Beckenbauer. Admirable pour la pureté et le fini de son exécution ; mais désespérant par l'aisance dérisoire avec laquelle « Kaiser Franz » avait transpercé le fragile rideau de la ligne Maginot des Français, Une fois de plus, comme en finale de la Coupe du monde, dans ce même stade, et comme dans le récent Saint-Etienne-Chorzow, le match commençait avec un but. Et tout en était immédiatement changé. »
Est-ce le prélude à une déroute des champions de France ou seulement le coup de cymbale d'une symphonie qui restera inachevée, comme c'est souvent le cas avec ce Bayern claudiquant ? On ne sait. Les terribles coups de lame de Gerd Muller font des trouées dans les rangs stéphanois ; les ouvertures géniales de Beckenbauer sont autant d'offrandes à ses coéquipiers ; mais peu à peu, le football collectif et bien huilé des Stéphanois prend le dessus. La lumière devient verte, et l'incertitude rouge et blanche. Le Bayern ne dicte plus sa loi.
Voir ainsi les champions d'Europe recroquevillés dans leur stade comme des chiens perdus sans collier et les Stéphanois tisser tranquillement leur domination autour de la barricade adverse, est un bien étonnant et réconfortant spectacle. On rêve, tout simplement. Le vrai champion, c'est Saint-Etienne qui pratique un football classique, précis, varié et qui prend tous les risques, du premier défenseur au dernier attaquant. Trop de risques d'ailleurs car le Bayern est un vieux singe dont il faut craindre les grimaces, même quand il se tord de douleur. Après une heure de ce jeu-là, le contre jaillit de la forteresse allemande, asséné par l'arrière droit Durnberger qui élimine trois Stéphanois après une course époustouflante en diagonale. Son tir laisse Curkovic pantois et le ballon roule au fond des filets. 2-0, petits Français. Sepp Maier se charge du reste, diabolique bonhomme aux mains d'or. Ce n'est pas une humiliation loin de là, seulement une défaite et peut-être une leçon. « Un match de dupes où les Français firent tout, sauf l'essentiel, et dont ils sont sortis grandis, mais battus. » (L'Equipe). Le bilan stéphanois n'en reste pas moins très satisfaisant. Une demi-finale de Coupe d'Europe, on en avait perdu la saveur et presque jusqu'au souvenir. Au lieu des couronnes que réclament certains, ce sont des fleurs qu'il faut offrir à nos Stéphanois.
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