Thursday, February 1, 2024
Primera Division 1988 1989 "El Clasico" Real Madrid Barcelona
De tous les clubs du monde, le F.C. Barcelone est probablement le plus difficile à diriger pour un entraîneur. Celui-ci est évidemment soumis à l'obligation de résultat mais il doit, en outre, offrir une équipe spectaculaire et ambitieuse, en toutes circonstances, quels que soient les aléas de blessures ou la couleur du temps. Kubala, Michels, Menotti, Venables et bien d'autres, dont notre vieille connaissance Salvador Artigas, ont été brûlés plus ou moins rapidement par le feu ardent de la Catalogne footballistique. Ils n'en ont gardé aucun regret, fiers d'avoir pu écrire, en passant, quelques pages de la Fabuleuse Histoire des azulgrana. Tous les autres sont des frustrés, y compris Sepp Piontek qui, pourtant, aura connu avec ses Dynamite Danois une aventure éblouissante : « Je paierais pour vivre une expérience avec le Barça. » La tradition du F.C. Barcelone repose sur plusieurs données immuables : son émanation populaire, traduite par l'existence de 108 000 socios (abonnés à vie ou presque) depuis que la capacité du Camp Nou a été portée à 120 000 places ; un stade de football prodigieux de beauté, d'architecture adaptée, de vision périphérique ; un attachement viscéral aux joueurs qui défendent le maillot contre le Real, la Castille, le monde entier ; un style de football qui, avant même de gagner, doit plaire. Le Barça vit du présent à travers son passé. Personne n'a oublié, à Barcelone, la mort soudaine et tragique de Benitez, dans les années soixante, ni la veillée de son corps dans le stade plein. Personne n'oubliera jamais les chevauchées du terrible chasseur Johan Neeskens qui, des années après, peut pointer son nez autour du Camp Nou en étant assuré d'y provoquer une émeute.