C1 1978 1979 Nottingham Forest Grasshopers Zürich

 Le dernier quart de finale de cette edition oppose Nottingham Forest à Grasshopper Zurich, et cet affrontement a ceci de plaisant, outre la qualité des deux équipes, que le club suisse a été fondé par un Anglais, EJ. Westermann, en 1886. Cet homme devait être d'ailleurs neuf ans plus tard, le père spirituel et le premier président de l'Association suisse de football. Cette ascendance britannique a fait de Grasshopper (la sauterelle, en français) un club où l'on ne mange pas avec ses doigts, ni ne se mouche dans sa manche. Le G.C., ainsi qu'on abrège en Suisse, a toujours été considéré comme «un club de huppés, de bourgeois dominés et dirigés par la crème zurichoise des industriels et des banquiers». Ses joueurs ont toujours témoigné d'une distinction et d'une opulence que leur enviaient, et que leur envient encore, tous les autres clubs suisses. Sur le plan du jeu, Grasshopper a toujours été fidèle à un style anglo-saxon dans lequel la vigueur athlétique, la passe en profondeur, le jeu aérien, le réalisme en somme correspondent bien aux goûts des spectateurs alémaniques. L'une de ses plus belles périodes (5 titres et 6 coupes de Suisse en dix ans) a été impulsée par Karl Rappan, le père du verrou. Le Grasshopper de Johanssen, un entraîneur allemand, est fondu dans ce moule de l'efficacité collective. Les puristes romands, et ses deux meilleurs joueurs, Sul-ser et Ponte, le lui reprochent parfois, au point que Johanssen, non dénué d'humour, a attrapé son numéro 10 dans un coin pour lui dire : « Je te propose un pacte. Tu me critiqueras une semaine, et moi je te critiquerai la semaine suivante. Ainsi, les journalistes auront toujours de quoi écrire».