Les quatre «Grands» du football européen restant en lice, Liverpool, Bayern, Real et Inter font des supputations avant le tirage au sort des demi-finales. «T’as de beaux yeux, tu sais!», dit le séducteur à la belle qu’il préfère. «Ton jeu me convient bien», déclare le Real à Tinter. Bon prince, le sort se laisse faire. Bob Paisley, le patron de Liverpool, a reçu le nom du Bayern sans émotion. Il y a longtemps que, sur son cuir de rhinocéros, coulent les pluies de toutes les émotions ; longtemps qu’il accepte tout du football. «Tout, sauf la défaite, précisent ses joueurs. Pour éviter sa mauvaise humeur de vaincu, nous préférons mourir sur le terrain. » Jamais Liverpool, au cours de sa longue histoire, n’a connu autant de soucis que durant la saison 1980-81. «Deux titulaires à l’infirmerie, c’était un maximum chez nous. Mais, cette année, nous sommes montés régulièrement à trois, voire à cinq, avec les absences simultanées de Thompson, Ray Kennedy, McDermott, Dalglish et Souness. Pas étonnant que nous ne soyons que sixièmes en championnat» (coucou 2020 2021), constate Paisley.
Demie Finale Retour
22 avril 1981
Olympiastadion München
GERM repost dead link
C1.1980.1981;Bay.Liv..twb22.mp4
2.2 Go https://1fichier.com/?i5ge89ywtn0017k563df
Dans l’avion du retour du match aller à Liverpool, émoustillé peut-être par une ou deux coupes de champagne, Breitner retrouve d’instinct, devant les journalistes allemands, ses accents de matamore. «Je suis optimiste, leur dit-il. Car, au-delà de ce résultat 0-0, j’ai eu la confirmation que le jeu des Anglais manque d’intelligence. À ce point-là d’ailleurs, ce n’est plus un manque, c’est de l’invalidité. » La presse allemande se gargarise des bons mots de Paulo-la-Science, les reproduit dans ses journaux. Deux jours plus tard, Paisley s’étrangle en buvant son thé, moment de sa revue de presse. Il prend une paire de ciseaux, découpe deux ou trois articles et, une fois arrivé à Anfield Road, va les afficher dans le vestiaire des Reds. La préparation psychologique du match retour est faite. La définition tactique ne tarde pas, avec l’annonce du retour de Souness, lequel va s’occuper en priorité du bavard et tenter de le rayer de la carte du jeu. La rage froide des Anglais n’entame pas la confiance des Allemands. Cela fait quatre matches que Liverpool n’a pas marqué un but, alors que le Bayern vient de gagner deux fois en déplacement, à Bochum et àNuremberg. L’entraîneur Csernai, à moins que ce ne soit Breitner, décide de donner à Hoeness et Rummenigge le renfort d’un troisième attaquant, le vif- argent Del’Haye. C’est dire qu’on ne compte pas lésiner en route, du côté des Bavarois. Comme la défense de Liverpool ne peut compter ni sur Thompson (remplacé par Irwin), ni sur Alan Kennedy (remplacé par Money), on imagine un scénario... qui ne sera pas le bon. Le Bayern, en effet, semble immédiatement écrasé par l’ampleur de sa tâche : sans ressort, sans imagination, sans lucidité surtout, impuissant en attaque et fébrile en défense, il est mystifié par le milieu de terrain de Liverpool, le fameux quartette Lee-McDermott - R. Kennedy -Souness. On s’interroge sur les causes du déclin bavarois et on en conclut que si le Bayern excelle dans le jeu en contre, comme à Anfield Road, il est gêné aux entournures dès lors qu’il lui faut passer du 4-4-2 au 4-3-3.
Un homme contribue à semer le désarroi dans son équipe et dans le match. Il s’agit de Del’Haye dont les bourdonnements dans la zone de Rummenigge, côté droit, perturbent le bon ordonnancement du jeu et dont une brutalité - semelle sur la cheville d’annu - exnédie Dalglish sur la touche dès la huitième minute. Malgré cette agression non sanctionnée par l’arbitre, les joueurs de Liverpool ne perdent pas leur sang-froid. Ils calment le jeu, le dosent à leur convenance et ressemblent étrangement au Bayern du match-aller. Souness met Breitner sous le boisseau mais ne se contente pas de cela : il rayonne de talent dans tous les secteurs, dans toutes les expressions du football. Il n’est pas Écossais pour rien, Souness ! Alors, le Bayern doute tandis que Liverpool se permet d’être audacieux, à l’image de Gayle, le jeune et athlétique black qui a remplacé Dalglish. Puis, le temps passe. Hoeness échoue d’un rien (72e), après un débordement de Del’Haye. Liverpool attaque encore. Johnson, l’avant-centre anglais, tire la jambe depuis longtemps. Il s’est écarté un peu de l’axe central, cherchant le bon coup à négocier. À la 83e minute enfin, il réussit à démarquer Ray Kennedy dont le tir ne laisse aucune chance au gardien . Quatre-vingt mille Allemands mettent le drapeau en berne. Dans les sept dernières minutes, c’est la ruée du Bayern sur le but de Clemence, la libération des instincts refoulés. Par une curieuse loi de compensation, les acteurs offrent au public le concentré de spectacle qui eut empli les deux matches aller et retour. Rummenigge se jette comme un cannibale sur un centre et égalise à 1-1 (88e minute). Une poignée de secondes plus tard, il échoue de quelques millimètres sur Clémence, Liverpool est qualifié. Tête basse, le Ballon d’or européen Rummenigge rumine sa déception : «Nous avons commis un incroyable péché d’orgueil, avoue-t-il, avec ce 0-0 du match-aller qui nous a fait croire que le tour était joué.» Le lendemain, en arrivant devant son placard, au vestiaire, sous son nom, Breitner trouve un écriteau: «Paulo, l’homme qui parlait trop !»
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