En quittant prématurément la Copa America, eliminée en demi-finale contre l'Uruguay, la sélection argentine a relancé le débat qui divisa les pro et les anti-Bilardo de 83 à 86. La victoire lors du Mundial — fêtée, et Bilardo avec, par des centaines de milliers de personnes dans les rues de Buenos Aires en juin 86 — n'a pas résisté à l'usure de trois défaites en matches amicaux (deux contre l'Italie en Europe, une face au Paraguay à domicile juste avant la Copa America) et à l'échec face à l'Uruguay. L'Argentine a déçu. Elle n'a pu battre un Pérou indigne de son passé et uniquement soucieux de détruire. Il fallut deux coups de pied arrêtés de Mara-dona (un penalty et un coup franc) pour donner à la victoire sur le faible Equateur des dimensions acceptables (3-0). Ce fut ensuite l'élimination face à la « Céleste », et pour finir la Bere-zina lors du match pour la troisième place contre la Colombie (1-2). Il ne restait alors dans les tribunes du Monumental de Buenos Aires que 3 000 des 80 000 spectateurs présents contre l'Uruguay.
Pour expliquer cette déconvenue des champions du monde, une première constatation s'impose : les absences conjuguées de trois joueurs fondamentaux, Enrique, Burruchaga et Valdano. Trois éléments qui. par leurs qualités techniques, ont sur le terrain un dialogue préférentiel avec Maradona. L'absence de Pumpido, suppléé par Islas. ne pouvait se faire sentir dans la manière de jouer. Heureusement, car après une fracture au bras, il fut victime d'un grave accident (doigt arraché nécessitant une greffe) lors de sa reprise de l'entraînement avec River Plate. Et il n'est pas encore sûr qu'il puisse rejouer. Pour remplacer ces trois joueurs d'importance, Bilardo a d'abord fait appel à Alfaro, Tapia et Percudani. Alfaro, qui joue à River, fut très décevant. Lutteur et fonceur, il est loin d'avoir la technique et le sens du jeu d'Enrique. Le gaucher de Boca, Tapia, était supposé être un bon technicien, capable de remplacer Burruchaga dans le rôle de partenaire privilégié de Maradona. Il déçut aussi, compliquant trop souvent ce qui devait être simple et perdant énormément de ballons. Percudani, enfin, n'afficha ni la présence, ni l'intelligence de jeu, ni la force de percussion de Valdano. Bilardo essaya ensuite de corriger le tir en remplaçant Alfaro par le jeune Caniggia. ailier rapide et virevoltant. Il fit jouer Hernan Diaz (Rosario Central) quand Batista écopa d'un match de suspension (pour avoir été exclu contre le Pérou). Sans amélioration notable. L'Argentine continua d'afficher la même pauvreté créatrice, la même maladresse dans le jeu collectif. La défense entière décevait, à l'exception de Ruggeri dans l'axe, avec des latéraux peu inspirés (Cuciuffo-Olarticoéchea) et un libéro très loin de son niveau du Mundial (Brown). Le milieu cafouillait, malgré la présence d'un Batista hyperactif. Et l'attaque se montrait laborieuse, malgré les coups de patte toujours géniaux et redoutables de Maradona.
Sans Burruchaga, Enrique ni Valdano. l'Argentine n'avait plus le fonds technique et créatif minimal imposé pour être autre chose qu'une formation ordinaire. Bilardo avait-il d'autres choix ? Oui. Titulariser d'entrée Caniggia, ce qui ne fut fait que face à l'Uruguay. Ne pas se priver de ce créateur exceptionnel qu'est Claudio Borghi (sacré meilleur joueur du mundialito à Milan, pendant la Copa America !). Convoquer Palma, milieu offensif du champion Rosario, écarté en raison de son âge paraît-il, alors qu'il a 29 ans, contre 31 à Alfaro. Il pouvait aussi rappeler Calderon (P.S.G.), Ramon Diaz (Fiorentina) ou Marcico (Toulouse) en attaque. Barbas (Lèche), catalogué lui comme un homme de Menotti. Menotti, référence suprême des anti-Bilardo. Le partisan du jeu offensif dont raffolent les Argentins (et qui créa un beau scandale en pleine «Copa America», en annonçant son départ pour l'Atletico Madrid). Bilardo a choisi différemment. Au brio, il a préféré le sérieux, comme d'habitude. Résultat : un stade à moitié vide contre le Pérou, le plein contre l'Uruguay (« ennemi » historique et coté), et à peine 3 000 spectateurs face à la Colombie (troisième place). Bilardo nous affirmait que le courant passait mieux avec le public argentin. Tout a fini par disjoncter. « Nous étions à 50 % de nos moyens du Mundial, plaide Bilardo. Sans grande préparation. Sans grande motivation. Les joueurs étaient beaucoup plus préoccupés par leurs nouveaux contrats ou transferts que par la concentration. En ce qui concerne les absents, je peux vous affirmer qu'il n'y a pas d'autres Burruchaga ou Enrique en Argentine... »
Et Maradona dans tout ça ? Le meilleur joueur du monde était loin de sa meilleure forme, au terme d'une saison italienne éprouvante. Il fut quand même le seul avec Batista à ne pas décevoir. Moins efficace qu'au Mexique, mais tout de même auteur de trois des cinq buts argentins (contre deux à Caniggia). Et toujours très intelligent dans le jeu. Aussi bien quand il tentait de donner le ton d'un football d'habileté, de subtilité, que lorsqu'il créait des dangers de but par des dernières passes précises et inspirées. Aussi bien quand il se transformait en ailier gauche virevoltant que lorsqu'il jouait face au but. Point d'orgue d'un récital inachevé mais parfois très brillant : un tir inattendu car à angle très fermé — contre le Pérou — qui heurta le montant des cages de Gonzales-Ganosa avant de rouler sur la ligne. Action-symbole de son génie, mais aussi de sa solitude. Celle d'un artiste dans un jeu qui n'est pas pensé pour les artistes. Il n'y a pas grand-chose à lui reprocher. Sur le terrain tout au moins. En dehors, on ne peut en dire autant. Maradona passa la Copa America à affirmer qu'il ne comprenait pas les raisons de la froideur du public argentin à l'égard de son équipe. Maradona est un joueur exceptionnel. Un artiste génial. Balle au pied, il porte haut le drapeau d'un football créatif, esthétique, technique. De manière beaucoup trop naturelle et convaincue pour qu'on le croit parfaitement sincère lorsque, micro à la bouche, il cautionne les idées de Bilardo. et comme pour bien enfoncer le clou, critique Menotti. Ce Maradona à deux faces si paradoxales nous semble plus guidé par la nécessité de réserve, la peur du scandale, ou l'opportunisme post-mondialiste du succès, que par l'intime conviction. Cet attachement à Bilardo résisterait-il à l'épreuve d'autres déconvenues ? On est curieux de le savoir. En attendant, on le préférerait silencieux plutôt que complice.
ESP repost dead link
Cpa.Am.1987.Ur.Arg.SemFin.Thewildbunch22.1Hlf.mkv
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thank you.i look for this match of old years.
ReplyDeletehi,Dear friend.Do you have argentina vs southkorea and argentina vs bulgaria of Mexico 86 matches by high quality?if you have,please share it for download.thanks of your attention to my plea.
ReplyDeleteWhat's up i am kavin, its my first occasion to commenting anywhere, when i read this piece of writing i thought i could also make comment due to this sensible post.
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