Monday, April 30, 2012

PL Money Time 2011 2012 : The Manchester Derby Manchester City Manchester United

30 April 2012
Etihad Stadium,
Manchester
  

La capitale incontestée du football anglais retient son souffle, prête à s'enflammer pour ses couleurs antagonistes. Le rouge pour United, le bleu pour City. La rivalité remonte à 131 années mais, une fois n'est pas coutume, les Citizens comptent seulement trois points de retard sur les Reds Devils à l'heure du dénouement.Cantonné traditionnellement au rôle de faire-valoir de son rival honni pour ses succès et son arrogance, City prendrait même en cas de victoire la tête du classement à la faveur d'une meilleure différence de buts. 

Une hypothèse inconcevable il y a trois semaines lorsque les hommes d'Alex Ferguson, avec huit points d'avance, filaient vers un 20e triomphe domestique avant de flancher. Un fol espoir pour les supporteurs de City habitués à cultiver avec autodérision leur triste réputation de «losers» impénitents jusqu'à la prise de contrôle du club par la famille régnante d'Abu Dhabi en 2008. À force d'investissements colossaux (1 milliard de dollars au total), Manchester City menace aujourd'hui la suprématie du Manchester United. Du coup, l'engouement autour de ce derby fatidique devient déraisonné à «Madchester». Les billets se vendent jusqu'à 1600 euros sur Internet (soit 17 € la minute de match). À ce prix, la défaite risque d'avoir un goût amer. Comme celle de Manchester United, humilié à Old Trafford (1-6) lors du match aller. «Le résultat le plus horrible de ma carrière», dixit Alex Ferguson. 

 Un choc pour le peuple rouge qui n'avait plus connu une telle désillusion dans le derby depuis 1974 quand son ancienne idole Denis Law devenu Citizen envoya son club de cœur en deuxième division en marquant sur une talonnade réflexe. À quelques exceptions près, notamment un cinglant 5-1 en 1989, son compatriote Ferguson, manager de Man Utd depuis vingt-cinq ans, n'a jamais eu à se soucier de la concurrence de Manchester City. Jusqu'à le rabaisser au rang de «voisin bruyant avec une mentalité de petit club». Pour le patriarche écossais (70 ans), le seul derby à prendre au sérieux était celui du nord de l'Angleterre contre Liverpool. 

Avant de revoir son jugement définitif en raison de la montée en puissance de Manchester City: «City est notre adversaire direct pour le titre. Cette équipe peut nous empêcher de continuer à gagner. Mais les joueurs seront parfaitement préparés à y répondre. Nous sommes en meilleure position que City qui doit s'imposer. Nous pouvons nous contenter d'un match nul.» Une manière de mettre la pression. Sur Roberto Mancini. Évitant d'entrer dans le «mind game» voulu par Ferguson, l'entraîneur italien de City répète à l'envi que le titre reste promis à United même si son équipe s'impose dans le derby. Un scénario du pire que certains supporteurs de City évoquent non sans humour en pronostiquant une contre-performance contre QPR, à la lutte pour sauver sa place dans l'élite, lors de la dernière journée du championnat. Signe de l'impossibilité de concevoir autre chose qu'une histoire de frustrations pour un club dont le dernier trophée remonte à la FA Cup en 2011.