Wednesday, April 20, 2011

Primera Division 1988 1989 "El Clasico" Barcelona Real Madrid

 De tous les clubs du monde, le F.C. Barcelone est probablement le plus difficile à diriger pour un entraîneur. Celui-ci est évidemment soumis à l'obligation de résultat mais il doit, en outre, offrir une équipe spectaculaire et ambitieuse, en toutes circonstances, quels que soient les aléas de blessures ou la couleur du temps. Kubala, Michels, Menotti, Venables et bien d'autres, dont notre vieille connaissance Salvador Artigas, ont été brûlés plus ou moins rapidement par le feu ardent de la Catalogne footballistique. Ils n'en ont gardé aucun regret, fiers d'avoir pu écrire, en passant, quelques pages de la Fabuleuse Histoire des azulgrana. Tous les autres sont des frustrés, y compris Sepp Piontek qui, pourtant, aura connu avec ses Dynamite Danois une aventure éblouissante : « Je paierais pour vivre une expérience avec le Barça. » La tradition du F.C. Barcelone repose sur plusieurs données immuables : son émanation populaire, traduite par l'existence de 108 000 socios (abonnés à vie ou presque) depuis que la capacité du Camp Nou a été portée à 120 000 places ; un stade de football prodigieux de beauté, d'architecture adaptée, de vision périphérique ; un attachement viscéral aux joueurs qui défendent le maillot contre le Real, la Castille, le monde entier ; un style de football qui, avant même de gagner, doit plaire. Le Barça vit du présent à travers son passé. Personne n'a oublié, à Barcelone, la mort soudaine et tragique de Benitez, dans les années soixante, ni la veillée de son corps dans le stade plein. Personne n'oubliera jamais les chevauchées du terrible chasseur Johan Neeskens qui, des années après, peut pointer son nez autour du Camp Nou en étant assuré d'y provoquer une émeute.

 Le technicien en chef doit donc intégrer tout cela et savoir se fondre dans la culture catalane, avec humilité et grandeur, ce qui pose un problème aux orgueilleux et aux timides. Terry Venables, Anglais venu du Royaume du haut avec son interprète et ses idées, y était assez bien parvenu en maniant la franchise et l'humour. Une certaine forme de complicité avait joué : il avait même divorcé de sa légitime parce que celle-ci préférait les brumes de la Tamise à la rôtissoire catalane, et sa fille fréquentait un pur Hidalgo. Mais Venables, à son corps défendant, avait commis la péché de malédiction européenne, un de plus, quand, à Séville, contre un Steaua Bucarest aux pieds de ciment et au gardien ailé (Ducadam), il avait perdu la finale de Coupe d'Europe des Clubs Champions aux penalties. Sans marquer un seul but en cent-vingt minutes de jeu. A Berne, en 1961, le Barça d'Orizaola avait perdu aussi mais, au moins, l'attaque mitrailleuse formée de Kubala, Kocsis, Evaristo, Suarez, Czibor avait marqué deux buts et tiré plusieurs fois sur les poteaux. Il avait fallu se séparer de Venables, champion d'Espagne 1985 pourtant. Son successeur n'avait pas fait mieux : sixième en championnat 87-88 à... vingt-trois points du Real. Mais, heureusement, vainqueur de la Coupe d'Espagne devant le Real Sociedad, aux forceps (1-0, but d'Alexanko). Depuis plusieurs mois, le président du Barça, M. Nunez, discutait avec Johan Cruyff qui, lassé par la politique stupide de ses dirigeants d'Ajax, leur avait flanqué sa démission. « Je préfère mourir avec mes idées que vivre avec celle des autres » leur avait-il lancé. A Nunez, il avait redit la même chose : pleins pouvoirs sur le plan technique, responsabilité du recrutement, contrat d'un an. Après, on verrait. Les négociations avaient été serrées, le président de droit divin admettant mal qu'un footballeur d'essence divine lui oppose son intransigeance absolue et sans concession d'aucune sorte. M. Nunez finit par vouloir voir. Il vit donc. Ancienne étoile d'un Barça historique, champion d'Espagne 1974, le grand Johan avait le crédit du peuple. Il l'eut encore un peu plus quand il réaffirma que, pour lui, même devenu entraîneur, « le football est un jeu d'attaque et un spectacle. Créer, c'est aller de l'avant. Je ne veux pas m'ennuyer sur mon banc car, si je m'ennuie, moi, les spectateurs s'ennuient forcément aussi ». 

Et ce que Johan avait fait avec Ajax (vainqueur de la Coupe des Coupes 1987), il le refit avec le Barça, modifiant radicalement l'effectif, les mentalités et la manière de jouer. Quand il sentit des réticences chez les anciens joueurs, il les écarta sans pitié. Il avait de quoi : il avait impulsé treize mouvements de joueurs à l'intersaison. Il exigea une adhésion totale à ses idées qui était de jouer avec trois défenseurs seulement (Alexanko faux libero, encadré de deux partenaires plus stoppeurs que latéraux), un deuxième rideau avancé de deux joueurs et un troisième rideau de deux joueurs destinés à appuyer directement les trois attaquants. A cinq, on peut déborder sur les ailes ! Cruyff insista généralement sur la relance immédiate, le rythme et la volonté permanente de création à partir d'une technique de geste, de dribble et de passe irréprochable. Il insista enfin sur la variété des mouvements - il n'a rien contre le dégagement du gardien sur l'avant-centre, si ce n'est pas systématique - sur la rapidité et sur la prise de risques. « Un footballeur doit oser ». Dans ce style rénové, le Barça de Cruyff fit remonter la moyenne de spectateurs au Camp Nou de 45 000 à 90 000 en championnat, ce qui amortissait aisément le contrat important du Hollandais volant et qui allait permettre, un peu plus tard, de conclure le transfert de la superstar Ronald Kœman sur une base de quarante cinq millions de francs pour P.S.V. Eindhoven. Surtout, le jeu du Barça redevint crédible avec, au terme de vingt et une journées de championnat d'Espagne, un écart d'un seul point avec le Real (futur champion) et un goal-average de 46-16, signe que l'équilibre était trouvé. En fin de parcours, l'écart grandira un peu en faveur du Real mais, entre-temps, ce que les Madrilènes n'auront pas réussi en Coupe d'Europe, écrasés et humiliés qu'ils furent par Milan A.C., les Barcelonais, eux, ne l'auront pas manqué en Coupe des Vainqueurs de Coupes.


Second Leg
1 April 1989
Nou Camp Barcelona
Referee : Ramos Marcos


Barcelona :  Zubizarreta; Serna, Alesanco, Aloisio, Eusebio S., Milla, Baquero, Roberto F.B.,  Romerito (Julio Alberto, min. 79), Julio Salinas, Beguiristain (Amor, min. 68).  (Entrenador: Johan Cruyff)
Real Madrid :  Buyo; Chendo, Gallego, Sanchís (Tendillo, min. 12), Esteban; Míchel, Schuster,  Martín Vázquez, Gordillo; Butragueño (Francisco Llorente, min. 89), Hugo Sánchez.  (Entrenador: Leo Beenhakker)



pass twb22
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