Wednesday, April 11, 2012

"Mundialito", Copa De Oro 1980

Le football uruguayen, autrefois célèbre pour ses résultats, jette toutes ses forces dans l'organisation de la Copa de Oro, afin de resurgir des ténèbres où il végète depuis trop longtemps. Ses derniers revers internationaux, son incroyable absence du Mundial, en Argentine, ont fait disparaître des grandes compétitions par équipes nationales la célèbre formation au maillot bleu, la Céleste. II s'est avéré nécessaire de créer un événement qui permettrait enfin à l'Uruguay de rejoindre les grands du monde du football. Pour ce faire, rien de mieux que d'organiser à domicile un tournoi de grande qualité : les possibilités de triompher sont ainsi plus grandes et le public revient en masse dans les stades. Ce sont ces sentiments qui ont amené les dirigeants de la fédération à organiser ce tournoi avec la participation des nations ayant déjà remporté un titre de champion du Monde. La commémoration du cinquantième anniversaire du premier tournoi mondial de la F.I.F.A. (disputé à Montevideo) est donc le meilleur prétexte pour cette proposition, à l'image de ce qui fut entrepris pour le Mundial argentin. L'énorme ferveur que provoquent les manifestations sportives de ce genre, ainsi que l'occasion de montrer au monde un peuple uni et heureux, encourageant l'équipe nationale, est quelque chose que n'importe quel gouvernement ne laisse pas passer : c'est ainsi que la Copa de Oro est devenue « une affaire d'Etat ».

Voici quelle fut l'histoire de ce « Mundialito » (une petite Coupe du Monde), mot qui peut sembler péjoratif pour les organisateurs, mais qui renferme une vérité : il s'agit bien d'un petit Mundial. Tous ceux qui avaient pu douter de ses répercussions ont dû déchanter; chaque sélection prend ce tournoi très au sérieux. L'Eurovision, dont le bon vouloir permet de rentabiliser aujourd'hui bon nombre de rencontres sportives, ne s'est pas montrée très généreuse pour les droits de retransmission en direction de l'Europe. Cela ennuie beaucoup les organisateurs dont le budget s'élève à 3 250 000 dollars (plus de 14 000 000 F). La fédération paye à chaque équipe invitée 150 000 dollars de participation et le reste consiste en frais de séjour, voyages et surtout restructuration du stade historique de Centenario où se jouent toutes les rencontres. Les travaux (nouvelle pelouse, installation d'un tableau d'affichage électronique, transformation des projecteurs à 1 200 lux pour permettre à la télévision en couleurs d'opérer, et amélioration des conditions de travail pour la presse) ont été récemment visitées par des membres de la F.I.F.A., emmenés par le président du Comité organisateur du tournoi, Hermann Neuberger.

Le dirigeant allemand était accompagné dans son inspection par des représentants des pays participants. Ceux-ci s'étaient déplacés, alarmés par des rumeurs européennes faisant état de retard dans les travaux. Mais les visiteurs ont reçu la promesse formelle que tout serait en ordre le 30 décembre pour la rencontre inaugurale entre la Hollande et l'Uruguay. Avant de partir, M. Neuberger a tout de même laissé tomber une petite phrase aussitôt reprise par tous les quotidiens : « Que Dieu les aide... » Sur le plan national, le succès économique, ou la promotion du pays, ne passe que par la victoire uruguayenne ou, pour le moins, par l'accession à la finale.

Si la Céleste rate son tournoi, le risque existe de voir les spectateurs déserter les stades au lendemain de la Copa de Oro. Au vu des dernières rencontres de la sélection, la situation ne permet pas vraiment de se montrer optimiste. Au moins, reconnaissons que l'avantage de recevoir joue un grand rôle dans ce genre de tournoi et que l'Uruguay a hérité du groupe le plus facile avec l'Italie et la Hollande comme adversaires. Mais pas un seul Uruguayen ne misera tous ses pesos en faveur de la Céleste... A la différence des autres participants au Mundialito, les footballeurs Uruguayens qui jouent à l'étranger ne seront pas convoqués. Le goleador Morena, qui évolue à Valence, en Espagne, ne sera pas présent, de même que les « Argentins » Carrasco et Gimenez (demis) et Alzamendy (attaquant). La grande responsabilité sera entre les pieds du groupe formé par la base du champion sud-américain, le Nacional de Montevideo. La sélection désignée par le directeur technique Roque Maspoli sera composée de : R. Rodriguez, H. Mo-reira, H. De Léon, N. Agresta, E. De la Pena, A. Luzardo, W. Victorino et J.-C. Morales (Nacional) ; F. Alvez, V.-H. Diogo, W. Olivera, D. Caceres, N. Marcenaro, M. Falero, E. Vargas, V. Ramos et R. Paz (Penarol) ; C. Goyen (River Plate); J. Barrios et A. Krasouski (Wanderers); D. Révélez (Bella Vista); D. Martinez (Danubio) ; R. Meroni (Defensor); J.-C. Nunez (Fenix); J. Siviero (Sud America).

Beaucoup de problèmes affectent la sélection. Le premier fut la désignation de l'entraîneur Maspoli, dont le titre de gloire le plus récent date de 1966. A cette époque, il dirigeait Penarol, alors champion intercontinental. Il fut aussi question de savoir si les joueurs devaient être rémunérés par la fédération ou si celle-ci allait verser au club une somme forfaitaire dont une partie serait reversée aux sélectionnés. Le consentement accordé à Hugo De Léon (le meilleur joueur que l'Uruguay ait produit depuis la retraite de Luis Cubilla) de pouvoir émigrer au Brésil seulement à la fin de Mundialito va mettre le joueur de Nacional dans une situation difficile. Malgré tout, quelque trente mille touristes (pour la plupart Argentins, d'ailleurs) viendront en Uruguay. Beaucoup d'entre eux habiteront chez l'habitant. Mille deux cent cinquante journalistes (dont cinq cents Argentins) couvriront l'information. Et c'est aussi une certitude que le stade sera prêt , avec l'aide de Dieu qui entendra le vœu de M. Neuberger...



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Ce film met en avant les relations troubles entre le football et la politique, les médias et le business, à l’occasion du « Mundialito » organisé en Uruguay en 1980 pour célébrer les 50 ans de la 1ère édition de la Coupe du Monde de football. Avec les 6 vainqueurs précédents de la Coupe du Monde (Uruguay, Brésil, Argentine, Allemagne, Italie et Pays-Bas, qui remplace l’Angleterre), ce tournoi de prestige devait être l’occasion pour la junte militaire au pouvoir en Uruguay de célébrer sa victoire lors du référendum organisé en Uruguay quelques semaines avant cette compétition. L’histoire en a décidé autrement.




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