Wednesday, May 4, 2011

Primera Division 1992 1993 Real Madrid Seville

 A l'issue de longues négociations, Diego Armando Maradona est transféré du SSC Napoli au Sevilla Futbol Club. Un contrat d'un an, avec option sur une deuxième saison, et de 7,5 millions de dollars. Environ 38 MF. Sur le bord de la piscine de l'hôtel Andalousi Park, où il s'est retranché le 19 avec femme, filles, père, belle-mère, manager, avocat et toute la clique, Maradona fond en larmes. Il remercie la planète entière, Ferlaino compris ! « On m'a exposé comme le pire des criminels. Mais aujourd'hui le cauchemar est terminé. Je veux que ma famille redevienne fière de moi. » Et de promettre qu'un petit Maradona naîtra en Andalousie. Les voisins de la suite royale n° 113 passeront une nuit blanche. Champagne ! Dans l'après-midi du 27, Maradona ne tient plus en place. On lui administre un calmant. Il dormira une vingtaine d'heures. Son excitation n'est pas fortuite. Après quinze mois de pénitence, pour consommation de cocaïne, et trois autres mois d'abstinence, il effectue le lendemain son grand retour sur un terrain de football. Presentations officielles contre le Bayern de Lothar Matthaus. l'autre convalescent notoire. A l'occasion d'un des huit matches amicaux programmés dans le cadre de son transfert et destinés à éponger la lourde dette qu'il aurait contractée au pied du Vésuve. 

Business, business. Pénétrant sur la pelouse au son de « Mi Enfermedad » (« ma maladie) de Fabiana Cantilo, une artiste argentine arrêtée pour usage de stupéfiants, Maradona dédie la rencontre à Carlos Monzon et à un autre compatriote emprisonné pour tentative de viol. «Apologie du crime », plaide un avocat. « J'ai la rage au ventre. Je veux prouver que Maradona est toujours Maradona», lance... l'Alain Delon argentin. Séville l'emporte 3-1. Au petit trot, Maradona placera un joli coup-franc sur la barre. Il avait juré à son père, victime d'un infarctus, de rejouer. Pari tenu. Ce soir-là, Maradona et Matthaus fêteront l'événement. De longues heures accoudés au bar de l'hôtel. Le 3 octobre, l'Andalousi Park de Benacazon respire enlin. Maradona et son « cordon sanitaire » plient bagages. La femme de ménage et le gardien mis jour et nuit à la disposition du joueur soufflent un bon coup. « Le téléphone sonnait chaque minute, explique Dolores, la réceptionniste. C'était infernal ! » Le personnel garde le souvenir d'un garçon un peu naïf, sans méchanceté, jamais avare d'autographes, très souvent en courses à «El Corte Ingles», le célèbre magasin espagnol. Un rien frimeur aussi, comme le montre Dolores, imitant la démarche chaloupée d'Aido Maccione. Un personnage qui, selon Ruben Navedo, son psychanaliste, souffre d'un «déphasage entre la star et l'homme». Diego, Claudia, Dalma (5 ans) et Giannina (3 ans) partent s'établir sur les hauteurs de Séville. Résidence Simon Verde, dans la Villa Espartinas, louée un million de pesetas par mois (50.000 francs) au torero Espartaco, parti à Madrid. Chaque veille de match à domicile, l'Argentin revient depuis à l'Andalousi Park Où il partage désormais la chambre 206 avec son coéquipier Monchu. Impatient, l'artiste décide de débuter en championnat le 4 octobre. A Bilbao. Là où, huit ans plus tôt, en finale de la Copa del Rey, un attentat de Goicoechea mettait un terme à sa carrière barcelonaise. Défaite (1 -2) et petite blessure à la cheville. Décidément! 

 Le mercredi suivant, le premier faux-pas de La Corogne et le nul insensé d'Albacete au Barça (3-3) sont éclipsés par le premier but de l'idole. Ce penalty de la 51' minute devant Saragosse (1-0). Son premier match à Sanchez-Pizjuan. Tee-shirts, écharpes, briquets et porte-clés à son effigie s'arrachent devant le stade. « Los Biris », les aficionados du virage Nord, lui crient leur amour. Exubérant. - Diego con vos hasta la muerte ». Après un nul (1 -1 ) à l'Espanol et deux nouveaux matches « amicaux » en Argentine, contre Boca Juniors, Séville reçoit Cadix. Le derby andalou. Suivi par 40,000 spectateurs. Sept fois plus que l'an passé. Le coup médiatique de Luis Cuervas commence à rapporter. « La signature de Maradona est une sorte de carotte pour nos supporters. Mais pas une histoire de gros sous, affirme sans rougir le président du club. Mais tant mieux si ça le devient... » A la tête, avec ses trois frères, d'une société de distribution de jouets, Luis Cuervas pourrait prétendre, à l'instar d'un célèbre homme d'affaires, que «Maradona, c'est cadeau ». Malgré un salaire d'environ 20 millions de francs par an. Depuis la mi-septembre, 8.000 abonnements ont été enregistrés. Soit 7,5 millions de francs supplémentaires. Le nombre de socios s'élève aujourd'hui à 34.000. Un record, juste derrière ie Barca et le Real En battant Cadix 1-0, Séville se rapproche des premiers. Mais Carlos Bilardo, le nouvel entraîneur sévillan, demeure lucide. «Même si sa présence a tendance à sublimer ses partenaires, il nous manque encore trop de choses pour lutter avec les meilleurs. » Maradona se rapproche lui aussi de son niveau d'antan. Après une si longue absence, le numéro 10 n'a rien perdu de son football. Un pied gauche magique, des caviars  des « vaselinas » comme on dit ici -offerts à ses partenaires, des déviations de la poitrine millimétrées, une couverture de balle décourageante. Il n'a pas changé. Génial, râleur, comédien. A 79 kg (il a grimpé jusqu'à 90 kg), Maradona pèse pourtant moins sur le jeu de son équipe. Plus en pointe, plus collectif. Vite rubicond, le capitaine n'ignore pas que sa condition physique ne l'autorise plus à y aller seul. Problèmes de changement de rythme. Une première accélération, sans second coup de reins. « Dans ma tête je sais ce qu'il faut faire, mais mon corps me trahit», avoue-t-il à Msica « Je me sens meilleur de match en match. Mais il faut être patient, confiera-t-il plus tard. Me laisser travailler dans la tranquillité. Pour que je prenne soin de Maradona plus que jamais.» L'Argentin poursuit un entraînement très personnalisé. Durant son séjour à l'hôtel, il effectuait un footing quotidien en compagnie de Javier Valdecantos, son préparateur physique, sur les fairways du golf Las Minas, II en est devenu membre honoraire. A en croire une connaisseuse, «un golfeur phénoménal, d'une adresse et d'un calme extraordinaires ».

Mardi 27. A la Cite sportive, le lieu d'entrainement, où il n'apparaît pas très souvent. On piste une Mercedes ou une Ferrari Une Cio saumon déboule derrière les vestiaires. Au volant, Maradona. Bon dernier. Tour de terrain, il court en tête. A un photographe argentin : « Il paraît que je n'avance pas Alors pour une fois que je suis devant... tu m'enveras la photo ! ». Séance de tirs aux dix-huit mètres il se félicite d'une trajectoire, prie la Madame, hurte contre son pied gauche. Trouve l lucarne, lève les bras au ciel, embrasse le ballon, se signe, et quitte le terrain. Il n'a pas changé. Bilardo : « Il pense en une seconde ce qu'un footballeur normal met une minute à réaliser. Encore quelques mâches et il démontrera, je l'espère, qu'il est resté le meilleur. » Avec un physique encore précaire, ne doit-il pas sa place de titulaire indiscutable qu'à sa seule aura ? Réplique de l'entraîneur : « Pour qu'il se retrouve sur le barc. I faudrait qu'il soit sérieusement blessé, ou à l'article de la mort!» Soupçonnant une relation quasi-filiale entre les deux Argentins, un supporter de Séville confirme. « On préfère voir Maradona à 50 % de ses moyens qu'un autre joueur à 100 %.» De son côté, un socios du Bétis, le club rival, enrage et a rebaptisé l'ennemi séculaire « Sevilla Futbol Cocaîna ». « Quand |'ai engagé Bilardo j'ai aussitôt pensé à Maradona. explique Luis Cuervas. Il le connaît parfaitement, le suivait de très près. S'il travaille avec la volonté dont il a fait preuve pour s'en sortir, il redeviendra le numéro 1. J'en suis persuadé ». « Il sait tout faire, reconnaît, admirateur, le libéro Diego Rodriguez. Cest une star. Avec sa personnalité, son caractère ». Une star capricieuse, qui souffre d'avoir manqué de respect et en réclame aujourd'hui une double dose. 

 Capable d'exiger l'accord de Marcos Franchi, son manager,pour un aparté de trois minutes, puis, sans raison, de promettre la lune. Imprévisible, lorsqu'il annonce qu'il revêtira le maillot du Bayern Munich le 11 novembre pour un match amical lace à la Lazio.  Mais la FIFA, plus pointilleuse, lui refusera cette exhibition, ne s'agissant « ni d'un essai dans le cadre d'un transfert, ni d'un match de charité. » Et tant pis pour les 250000 francs qu'il aurait pu empocher sur ce match.. Ou quand il part une semaine dans une clinique barcelonaise Maradona tel qu'en lui-même: «Je ne permettrai à quiconque de me dire ce que j'ai à laire. » « Je suis comme un boxeur qu'on a privé de son titre et je reviens le chercher en Europe. » Diego Maradona est revenu. On s'en réjouit. A lui de prouver qu'il n'a pas replongé dans le football dans le seul but de se refaire une santé financière. Même s'il jure ne vouloir tromper personne. A lui de justifier les efforts consentis par la FIFA en se rachetant une discipline. D'éviter les excès qui l'ont déjà fait chuter. Maradona rêve de reporter le maillot national et de disputer le Mondial 94 Carlos Menem, le président argentin, en a lui aussi exprimé le souhait. Reste à convaincre Alfio Basile, le sélectionneur. Encore fragile; toujours immature. «El Pibe de Oro» ne peut plus prendre le risque de disjoncter une nouvelle fois. Il a su ressusciter Attention maintenant de ne pas rechuter. On ne sait Jamais...





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